Opinions of Thursday, 13 October 2016

Auteur: Camer.be

Comment le Cameroun vend son pétrole

Une raffinerie de pétrole Une raffinerie de pétrole

Les cargaisons de pétrole brut du pays sont commercialisées par la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) qui a la charge de la valorisation des ressources nationales en hydrocarbures. Le Jour décrit ce processus en 5 points.

La production du brut La SNH travaille en association avec des compagnies pétrolières internationales, dans l’exploration et la production du brut. Diverses compagnies internationales de premier plan sont mises à contribution, dont Glencore, EurOil (filiale de Bowleven), Noble Energy, Dana Petroleum, Addax Petroleum (filiale de Sinopec), Woodside, Yan Chang, Perenco et Gaz du Cameroun (filiale de Victoria Oil & Gas).L’essentiel de la production/exploration se fait dans le bassin du Rio Del Rey qui borde l’est de la péninsule de Bakassi.

La production pétrolière au Cameroun estimée à 12,3 millions de barils au 30 avril 2016 connaît une perceptible hausse de 19,42% à la même période il y a un an. Mais le prix du baril a fortement chuté pour finalement se stabiliser au-dessus de 50 dollars. Les recettes issues des ventes sont transférées au Trésor public après déduction des charges de production. Ces transferts à eux seuls (hors impôts et dividendes) s’établissent à près de 5000 milliards Fcfa pour la décennie 2006-2015.

La sélection des clients La SNH commercialise sur le marché international mais également auprès de la Société Nationale de Raffinage, (Sonara) la part de la production nationale de pétrole brut revenant à l’Etat. A noter que la Sonara raffine le brut pour ensuite le revendre sur le marché national et international (pour une infime partie). « Toute société désireuse d’acheter du brut à la SNH est astreinte à un agrément préalable », indique Simon Paley, le directeur commercial de la société dans le N 50 de SNH infos.

Dans le détail, ces entreprises partenaires doivent justifier d’une expérience dans le négoce du brut pour se voir octroyer un agrément. « Il convient de souligner que l’agrément n’ouvre pas automatiquement la voie à la conclusion d’un contrat à terme avec la SNH », ajoute M. Paley. Les sociétés agrées sont d’abord consultées lors d’un appel d’offres lancé par la SNH. Cette étape permet d’évaluer leurs performances en matière de négoce de brut camerounais. Ce n’est qu’après cette étape que des contrats à terme sont signés pour une durée d’un an éventuellement renouvelable.

Les principaux clients de la SNH à l’international sont Glencore International AG, Cepsa Trading, Adria Trade AG, Addax Energy S.A., Shell Western Supply and Trading Ltd, Repsol Trading et Unipe. Comment se répartissent les cargaisons Le contrat à terme signé par la SNH avec chacun de ses clients fixe pour chaque type de pétrole brut, le nombre de cargaisons allouées et les conditions générales de vente qui intègrent les modalités financières (les prix) et les clauses de règlement des litiges.

Quand la cargaison est nommée au client, celui-ci dispose de de 48h pour l’accepter ou la refuser. S’il se désiste, la SNH recherche un autre client pour placer son brut. Comment sont fixés les prix Conformément à la loi n° 99/013 du 22 décembre 1999, le pétrole de référence pour la vente des bruts camerounais est le Brent. « C’est un brut léger issu du mélange de dix-neuf champs pétrolifères situés en Mer du Nord et coté à la bourse du pétrole de Londres », détaille Simon Paley.

Pour vendre son brut, la SNH fait d’abord la moyenne d’au moins 5 cotations du Brent daté. Elle y rajoute un différentiel négocié entre l’entreprise et l’acheteur pour chaque cargaison. Ce différentiel est déterminé à travers trois paramètres. Il y a d’abord la qualité qui s’établit sur la base de la différence entre le Brent qui est le brut de référence et le brut camerounais. Coté camerounais, cette qualité est elle-même variable. Quand il s’agit du Lokélé (brut lourd) et du Kolé (brut moyen), la tendance est plutôt à la décote par rapport au Brent. Le prix est donc en deçà. La donne est différente quand le pays vend l’Ebomé (brut léger) qui induit une surcote (prix au-dessus) par rapport au Brent.

Le deuxième paramètre concerne le transport à partir des terminaux de chargement et le troisième fait référence à la conjoncture au moment de la transaction. Il s’agit ici de jauger la demande d’un type de brut sur le marché au moment où se fait le deal. Notons aussi que le Cameroun fait du Free on Board, ce qui dans le jargon signifie que le pays transfère à l’acheteur la responsabilité de la cargaison ainsi que tous les frais, notamment de transport et d’assurance.

Comment se déroulent les enlèvements Une fois vendu, le brut camerounais doit être enlevé par l’acheteur. Une procédure usuelle est en place. « L’opérateur transporte par bateau ou par hélicoptère sur le site des opérations, l’équipe de chargement composée d’un représentant du terminal, d’un représentant du chargeur, d’un représentant du ministère e chargé des Mines, d’un représentant de la Douane, d’un pilote représentant le Port Autonome de Douala (PAD), d’un inspecteur pétrolier pour le compte du client et d’un inspecteur pétrolier pour le compte du chargeur », renseigne encore M. Paley.

S’en suivent des opérations de vérifications et d’inspections qui elles-mêmes précèdent le chargement qui dure environ 36 heures. Une fois le pompage du brut dans les citernes terminé, l’heure et la date sont consignées. Une analyse est ensuite effectuée sur le brut enlevé pour en déterminer les caractéristiques. Passée cette autre étape, L’équipe de chargement peut signer divers documents qui permettront à la SNH d’encaisser son dû.