Opinions of Friday, 13 November 2015

Auteur: Mamouda Labaran

Comment le G18 infiltre le RDPC

Rétention des cartes d’électeurs, comités fictifs, achat des voix, certains pontes du régime préparent sournoisement l’après-Biya, en faisant main-basse sur son parti.

Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) pourrait sortir en mille morceaux des opérations de renouvellement des bureaux de ses organes de base, lancées le 1er août et censées prendre fin le 10 décembre prochain. Dans le Mfoundi, la Lékié, le Ndé, le Wouri, la Mifi, la Bénoué, le Diamaré, la Mezam, le Fako, Le Lom et Djerem, l’Océan, la Mvila, la Vina, le Dja et Lobo, pour ne citer que ces cas, le parti au pouvoir est sens dessus dessous. La raison? Des candidatures concurrentes émergent dans un contexte de placement à tête chercheuse des cartes d’électeur.

Selon nos informations, des ministres en fonction, des directeurs généraux de sociétés d’Etat et des richissimes hommes d’affaires en complicité avec certains présidents de section sortants font un usage querellé des cartes d’électeur retirées au secrétariat général du comité central du Rdpc. «Ces cartes étaient censées être mises à la disposition des militants. Sur le terrain, on voit des vertes et des pas mûres. Une main puissante régente le placement de ces cartes», regrette un militant du Rdpc.

A ce grief s’ajoute le boom des cellules de base et des sous-sections fictives. Un cocktail explosif qui risque d’avoir raison de l’unité du Rdpc. Car, d’autres forces s’organisent, a appris La Météo, pour obtenir une distribution transparente des cartes d’électeur. A défaut, empêcher coûte que coûte la tenue des opérations de renouvellement des bureaux.

Contrôle de l’électorat Sans carte d’électeurs, il est impossible pour un militant de voter. Plus difficile encore, s’il n’est pas à jour de ses cotisations. L’opacité autour du placement vise à empêcher des militants ’’de l’autre camp’’ de participer au scrutin. Informé de ces pratiques anti-démocratique, le secrétaire général du comité central du Rdpc, Jean Kuété, ne semble pas en prendre toute la mesure. Par conséquent, la tension est à couper au couteau dans les différents états-majors. Ceux qui sont chargés de la distribution des cartes le font au faciès. Les commissions électorales, chargées de veiller à la régularité des scrutins au niveau de la cellule, de la sous-section et de la section sont tantôt accusées de mollesse, tantôt de parti pris. Le feu couve. Les langues se délient.

Pour des politologues avertis, la succession de Paul Biya, 83 ans ou presque, se joue déjà au sein du Rdpc. Cependant, le président national du parti de la flamme et président de la République pourrait avoir une botte secrète. Désillusion en vue chez ceux qui confisquent à des fins de positionnement les cartes d’électeur ? Qui vivra verra…