Opinions of Tuesday, 1 December 2015

Auteur: carmer.be

Communication présidentielle : Paul Biya, le Monde, mariage de raison

Le chef de l’Etat a publié hier une tribune dans les colonnes du journal français que le Mincom avait voué aux gémonies en mars dernier.

La tribune publiée par le chef de l’Etat hier dans les colonnes du journal Le Monde en marge de la Cop 21, a peut-être rappelé au ministre de la Communication (Mincom), Issa Tchiroma Bakary cette sagesse populaire qui recommande d’éviter de mettre son doigt entre l’arbre et l’écorce. Au cours d’un point de presse donné le 16 mars dernier dans les locaux de ses services, le Mincom avait indiqué que « le gouvernement camerounais dénonce la désinvolture et le manque de professionnalisme affichés par ce journal (Le Monde, Ndlr) à la réputation et à la notoriété jusque-là établies ». Une sortie au vitriol qui faisait suite à la publication trois jours plus tôt par notre confrère français, d’un article sur la santé du chef de l’Etat ainsi que celle de son épouse. Après les propos sentencieux du Mincom, l’avenir des relations entre Yaoundé et Le Monde semblait se dessiner en pointillés…jusqu’à hier.

Au-delà du message (nous y reviendrons), c’est surtout l’identité du messager qui interpelle. Si à la décharge du président de la République, les initiés de la communication politique s’accordent à dire que la cible justifie le choix de ce confrère, on ne peut s’empêcher de s’étonner du caractère rédhibitoire de la posture affichée  par le Mincom. D’autant qu’il est difficile d’imaginer que ce dernier ignorait qu’entre Etoudi et Le Monde (comme Jeune Afrique), il existe un mariage de raison et non d’amour. Le nombre de scènes de ménages et de réconciliations enregistrées dans ce couple témoigne à suffisance de cette réalité.

Mais qu’a donc dit Paul Biya dans les colonnes de Le Monde ? Le chef de l’Etat y a plaidé pour un accord contraignant sur le climat, doublé d’un financement effectif des pays industrialisés aux pays pauvres. « L’heure est à l’urgence. L’urgence climatique, a dit Paul Biya. La communauté internationale doit, à l’occasion de la conférence de Paris sur les changements climatiques, être au rendez-vous de l’Histoire et prendre des engagements à la hauteur des enjeux. Nous devons de concert enrayer les effets délétères du réchauffement climatique ».

Et d’ajouter : « Certes, le chemin a été long depuis Rio, en 1992. Nombre de conférences, à Kyoto, Bali, Copenhague, Cancun, Durban, Doha, Varsovie, Lima, ont jalonné ce parcours. Mais ces efforts n’ont pas été vains. Initialement affaire de spécialistes, le réchauffement climatique a ébranlé la conscience des nations, de leurs dirigeants et de leurs populations. La question est désormais posée : quelle planète allons-nous laisser aux générations futures ? », a lancé Paul Biya.  Le président de la République qui s’est par ailleurs exprimé hier devant 194 chefs d’Etat et de gouvernement réunis au Bourget, a rappelé la position du Cameroun  qui s’engage à réduire de 32% ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à  2035. En contrepartie, Yaoundé espère bénéficier d’un financement de la communauté internationale pour faire face à ses contraintes de développement.