Opinions of Wednesday, 30 March 2016

Auteur: camer.be

Comprendre l'indignation des Camerounais

Ils semblent sensibles sur des questions telles que les problèmes d'eau, des scandales dans les hôpitaux.

Nous sommes au coeur de la ville de Yaoundé, la capitale politique du Cameroun. Kah Walla, leader d’un parti politique et activiste bien connue de la scène publique au Cameroun mobilise quelques personnes. Il est un peu plus de 8h.

Le boulevard Jean Paul II est encore désert. La nouvelle passe de bouche à oreilles. Le peuple sort pour rejoindre l'activiste.

Des pancartes sortent de nulle part. On peut y lire des messages simples dans le ton, mais révélateurs d'un mal être, d'un besoin urgent, mais banal à la fois : l'eau. « Nous voulons de l'eau potable dans nos quartiers et villages », « une journée mondiale sans eau n'a pas de sens », « nous disons, non ! Laissez la Constitution tranquille. Donnez de l'eau ». « Nous voulons de l'eau potable dans nos quartiers et villages.

Nous sommes fatigués des maladies hydriques, arrêtez vos slogans, donnez­nous de l'eau », sont quelques messages visibles. Kah Walla est rejoint par d’autres identités de la scène politique. Alice Sadjo, présidente de l’AFP arrive. Le groupe commence sa marche, des gobelets vides entre les mains quémandant l'eau. La démarche séduit les passants. Ils rejoignent les marcheurs.

Patricia Ndam Njoya, député de l'Und, non moins membre de la commission des lois constitutionnelle et porte parole de son parti à l’Assemblée nationale. Arrive aussi. Elle veut marcher et elle a justement marché les gobelets en main. Il s'agit donc d'un collectif à qui on a donné le coquet nom de « le Cameroun veut l'eau ».

C’était un évènement a priori simple, porté par des hommes et des femmes appartenant à des classes sociales différentes, et de diverses chapelles politiques. Le problème soulevé concerne tout le monde. Y compris les parlementaires. L’indignation était donc générale. Il fallait juste ce déclic pour que chacun se sente concerné. Même les forces de l'ordre et de sécurité ont été prises à dépourvu. Tellement la marche était spontanée.

C'est dire en substance que lorsqu'il s'agit d'un problème social, les Camerounais sont plus sensibles. Les politiques ont beau disserté sur la nécessité ou non de relire la Constitution, le bas peuple s'enfiche de ce débat élitiste. Il est plus sensible aux questions basiques.

Et il vient de le démontrer lorsque Monique Koumateke, du nom de cette femme décédée dans des conditions troubles, puis éventrée par un de ses proches dans l’enceinte d’un hôpital de référence à Douala, la capitale économique du Cameroun. L'alerte a été donnée sur les réseaux sociaux. Puis tout s’emballe. Les internautes réagissent de partout.

Des réactions souvent virulentes,exigeants même la démission du directeur de l’hôpital et celle du ministre de la Santé publique, qualifié de tous les noms d’oiseaux ont circulé. Le gouvernement s'en mêle avec une communication mal structurée, faite des injures et une phraséologie bien connue.

Ici, on parle toujours des apprentis sorciers qui tirent les ficelles dans l’ombre. Vrai ou faux ? Difficile de le dire. Toujours est­il que des politiques ont pris le problème à bras le corps.

Le leader de l’opposition, John Fru Ndi s'est déplacé personnellement pour rencontrer cette famille qui vit en réalité dans un taudis. Les partis politiques comme le Mrc, l'Ufp, l’Upc etc ont publié des communiqués pour s'indigner de ce que les uns et les autres ont vite fait d’appeler « négligence médicale ».