Opinions of Sunday, 27 March 2016

Auteur: Claude Abate et le Dr Roger Etoa

Comprendre la médiocratie gouvernante

Analyse socio-épidémiologique pour comprendre la médiocratie gouvernante au Cameroun et l’échec d’une prise de conscience collective. Claude Abate et le Dr Roger Etoa.

L’épidémiologie s’intéresse aux aspects quantitatifs de la morbidité et de la mortalité. Elle s’appuie sur des enquêtes. Pour les aspects gérontologiques, il existe deux grands types d’études : les études transversales et les études longitudinales.

Elles ont leurs avantages et inconvénients qu’il faut connaître avant d’interpréter les résultats.

La sociologie est une discipline issue des sciences sociales dont l’objectif principal est d’appréhender la dimension sociale des phénomènes. Cette discipline est, toutefois, loin d’être unifiée car elle est traversée par des écoles théoriques qui la construisent de manière diversifiée voire conflictuelle et utilisent différents types de méthodologie.

En effet, les sociologues peuvent mettre en œuvre des méthodologies quantitatives à travers les enquêtes par sondages, mais également des méthodologies qualitatives en utilisant des outils comme l’observation ethnographique ou les entretiens. Les techniques utilisées par la sociologie sont partagées avec d’autres disciplines des sciences sociales telles que l’ethnologie, l’anthropologie, la démographie, la science politique ou la psychologie.

Ayant étudié les deux disciplines, j’ai choisi de les mettre ensemble pour nous faire comprendre le drame qui se joue dans le milieu de la santé publique au Cameroun. Le drame ici c’est une succession de décès de nouveau-nés voire les mamans avec. La clameur populaire désigne le corps médical comme unique responsable. Le corps médical s’en défend avec en tête les ministres de la santé, de la communication et enfin certains médecins ici le Dr Roger Etoa en service à l’hôpital de district de Ngoumou, c’est aussi un spécialiste en santé publique.

Comprenons en premier les termes techniques qui sont utilisés ici :
La prématurité est la première cause de décès chez les nouveau-nés. Elle concerne chaque année au Cameroun environ 12 000 enfants (soit 15,6% des naissances de l’ensemble des naissances vivantes).

Naissance à terme

Un enfant né entre la 38ème semaine d’aménorrhée et la 42ème semaine est né à terme.

Bébé prématuré

On considère qu’un enfant est prématuré s’il naît à moins de 37 semaines d’aménorrhée révolue.

Seuil de vitalité

Le seuil de viabilité d’un prématuré se situe autour de 22 semaines d’aménorrhée.

Prématuré moyenne

La prématurité moyenne, la plus fréquente, se situe entre 33 semaines et 37 semaines d’aménorrhée.

Grande prématurité

La grande prématurité, concernant 7 000 enfants environ, se situe entre 27 et 33 semaines d’aménorrhée. Elle est responsable de 5% de séquelles neurologiques sévères et de 35% d’anomalies neurologiques développementales modérées ou mineures.

Très grande prématurité

La très grande prématurité concerne les enfants nés avant 27 semaines d’aménorrhée. La très grande prématurité (naissance avant 6 mois de grossesse) est associée à 4 fois plus de difficultés scolaires.

Augmentation du nombre de bébés prématurés

Le nombre de naissances d’enfants prématurés est en augmentation régulière. Cette augmentation s’explique notamment par la situation socio-économique des futures mamans, par le manque de suivi médical pendant la grossesse.

Le drame de l’hôpital central par les protagonistes :

Claude Abate ancien député suppléant du RDPC, présent dans l’entourage de madame le ministre des postes et télécommunication, potentiellement proche de l’époux du ministre pasteur – il signale avoir été appelé par un pasteur – dit avoir saisi le Premier ministre chef du gouvernement mais aussi le Président de la République.

« CFVS – LA VERSION DE LA FAMILLE (SCANDALE A L’HÔPITAL CENTRAL SUITE)

En attendant d’avoir la version officielle de l’hôpital Central et de saisir les plus hautes autorités, je vous livre en exclusivité la version de la famille que j’ai moi mm recueilli auprès des concernés et de leurs proches témoins des événements.

Il s’agit d’une modeste famille habitant un petit studio de 9m2 avec une seule chambre au quartier au quartier carrière à Yaoundé: – Le mari, M. NKIMIH Alfred Anungho, 32 ans, CNI n°11588793 du 27 juillet 2013, électronicien de profession, originaire de Santa, départetement de la Mezam, Région du Nord-Ouest. – L’épouse dame NKIMIH née NCHI Honorine, 30 ans, CNI n°110435072 du 26 juillet 2010, enseignante de profession, originaire de Balikumbat

– Tous les deux déjà parents de 2 belles petites filles de 7 ans et 3 ans respectivement (en photo ci-dessous)

LES FAITS (tel que rapportés par le couple et la famille):

A 3 mois de grossesse Dame Nkimih se rend au Baptist Hospital de Etoug Ebe ds le cadre de ses visités prénatales. Au cours de cette visite, elle effectue sa première échographie. Sur la base de cette dernière, le médecin lui annonce qu’elle porte une grossesse de 3 enfants. L’hôpital lui fait aussi comprendre qu’au vu du cas délicat de sa grossesse (des triplés) et de la forte probabilité qu’elle accouche par césarienne, il vaut mieux qu’elle se fasse suivre par un médecin de l’hôpital central et qu’elle accouche mm la-bas car leur propre plateau technique est inadapté.

A 6 mois de grossesse, Dame Nkimih réussit à avoir le contact téléphonique d’un médecin en service à la maternité de l’hôpital central de Yaoundé par l’intermédiaire d’une de ses collègues (dame Nkimih est enseignante dans une petite école privée confessionnelle). Lundi 21 Mars dernier, elle appelle donc le médecin en question (elle n’a pas pu nous donner le nom de ce médecin car ne l’ayant pas retenu).

Cette dernière lui donne rendez-vous mardi 22 mars 2016 le lendemain à 13 h à l’hôpital central car dit-elle elle a cours en matinée au CHU. Ce mardi 22 mars au réveil dame Nkimih se sent très mal et de plus en plus mal à mesure que le temps passe. Mal à tel point qu’elle decide de rappeler plus tôt que prévu le médecin, lui fait part de son état de plus en plus inconfortable, le médecin lui demande donc de venir la retrouver au CHU.

Dame Nkimih dont le mari est en déplacement et sait que sa femme n’est pas prêt d’accoucher, se rend immédiatement au CHU en compagnie de sa petite sœur autour de 9h. Arrivée au CHU, elle est brièvement examinée par le médecin qui se rend effectivement compte qu’elle ne va pas du tout bien et mérite une prise en charge immédiate et urgente. Elle lui précise qu’elle va demander son internement ou un repos forcé d’une semaine au moins à l’hôpital au vu de son état de fatigue.

Seulement elle fait comprendre à dame Nkimih que n’ayant pas encore terminée son cours, elle ne peut partir avec elle mais que cependant elle va appeler son collègue sur place pour qu’elle s’occupe d’elle. Ce qu’elle fait. Elle appelle le Dr Fouedjio (le nom est confirmé sur le billet de sortie de l’hôpital ci-dessous en photo). Les 2 soeurs arrivent donc à la maternité de l’hôpital central et après avoir traîné pendant plus d’une heure, dame Nkimih est finalement reçu par le Dr Fouedjio, lequel après l’avoir examiné lui fait savoir que son col est déjà ouvert et qu’elle doit tout de suite accouché sans autre forme de procès. Il est un peu plus de 11h30.

Dame Nkimih s’inquiète car elle n’est pas prête matériellement (elle n’a mm pas une seule serviette avec elle) et sachant qu’elle est à seulement 6 mois de grossesse s’inquiète de la viabilité et de la prise en charge des enfants qu’elle porte en elle (jusque-là elle croit toujours porter des triplés). Le médecin lui fait savoir que ce n’est pas à elle de lui apprendre à faire son boulot. Il décide de la placer tout de suite en salle de travail pour l’accouchement.

Pendant ce temps la jeune sœur restée dehors subit déjà l’arnaque des infirmières de l’hopital qui lui soutirent déjà 15.000 FCFA sous prétexte des médicaments dont aura besoin sa soeur au moment de l’accouchement ainsi que d’autres petits sous. On fait aussi savoir que sa sœur devant donner naissance à des prématurés de 6 mois, les couveuses vont être indispensables pour leur survie mais que la maternité n’a pas de couveuses disponibles. Elles lui recommandent de se rendre à la Fondation Chantal BIYA pour voir s’il y a des couveuses disponibles.

Elle s’y rend immédiatement mais la fondation lui fait savoir qu’elle n’a qu’une seule éprouvette disponible à ce moment là. Elle demande si elle peut déjà réserver cette éprouvette. Elle revient vers les infirmières accoucheuses de l’hôpital central pour leur donner l’information et savoir si elle peut utiliser cette couveuse pour les triplés. Ces dernières lui disent non et lui recommandent plutôt d’aller à l’hôpital Bethesda (hopital du Full Gospel Church nouvelle route Bastos). La-bas rien. Elle revient leur rapporter la nouvelle, on lui dit d’aller voir du côté du CHU.

Au CHU rien. Elle revient on lui indique maintenant un centre de sante ou maternité à Ahala. Ne sachant pas où se trouve exactement le centre en question, elle abandonna (à ce niveau je n’ai pas pu retenir mes larmes car je n’arrive pas à comprendre comment c’est la famille qui devait se débrouiller autant pour trouver une couveuse). Je croyais faire un cauchemar en écoutant ces peripéties. A aucun moment d’après leurs dires, l’hôpital n’a tenté quoi que ce soit pour trouver des éprouvettes dans d’autres institutions hospitalières pr sauver ces enfants sachant pourtant très bien que la femme avait une grossesse multiplex et allait accoucher prématurément.

Pendant ce temps et dès 12h45 dame Nkimih se met à accoucher à l’intérieur. Et au lieu des triplés attendus, c’est 4 enfants qui sortent et mm un 5ème encore en formation déjà mort. D’après le bulletin de sortie signé du Dr Fouelefack Florent que nous avons pu nous procurer: le 1er bébé sorti était de sexe masculin pesant 570 g, le 2è sexe masculin 600 g, 3è sexe masculin 600 g, 4è sexe masculin 700 g et un 5è mort. Nulle part, je dis bien nulle part, AFIN QUE NUL N’EN IGNORE, il n’est mentionné que les 4 enfants étaient déjà morts au moment de leur naissance.

Dame Nkimih confirme d’ailleurs qu’elle voyait ses petits sortir bougeant et se remuant. Elle suppliait mm qu’on les trouve vite une couveuse pour les sauver car après leur naissance les enfants ont simplement été placés ds une sorte de récipient recouvert de plastique noire un moment dans la salle d’accouchement (exactement comme ds la photo publiée) et recouvert de serviettes. Puis elles sont sorties avec eux. Elle appela au secours le médecin qui lui fait savoir qu’il ne faut pas qu’elle dérange car lui il a fait ce qu’il a pu, il ne gère pas le reste.

A un moment la jeune sœur restée dehors (car toujours interdite d’entrée en maternité) s’est seulement vue remettre le « paquet » des bébés par les infirmières. Elle demande que je fais quoi avec les bébés, on lui dit « va la-bas avec eux et débrouilles toi pour les couveuses » (je vous assure qu’ici j’ai posé la question 1000 fois pr qu’on me confirme ces dires. Elle a confirmé 1000 fois. Pire à un moment une infirmière lui a mm dit: « si tu ne veux pas les prendre on va les redonner à ta sœur pour qu’elle les mange » (Non vous ne rêvez pas, vous avez bien lu et c’est EXACTEMENT ce qui m’a été reporté). Je lui ai demandé si elle est capable d’identifier ces 2 infirmières, elle m’a dit OUI.

Les enfants sont finalement morts à un moment dans ces va et vient abracadabrantesques et dignes d’un conte de vampires. La mère n’a revenu ses enfants que comme dans l’état de la photo publiée ds mon 1er post quand il a fallu qu’une de ses autres sœurs vienne récupérer ses enfants pour aller les enterrer (j’en pleure encore).

Dame Nkimih est restée hospitalisée de mardi 22 au Jeudi 24 Mars 2016 à 15h. Durant tout ce temps, aucune parole réconfortante du staff de l’hopital, aucun soutien ou accompagnement psychologique, aucune trace de Monsieur le Directeur de cet hôpital. Elle fait mm état des moqueries de certaines infirmières qui lui auraient surnommé « la princesse ratée » (d’après certaines indiscrétions il semblerait qu’une mère de quadruplés bénéficierait d’une prise en charge spécial de la 1ère dame pendant et après l’accouchement??? à vérifier).

Le père, sieur NKIMIH revenu en catastrophe de sa mission le mercredi soir tenta en vain de rencontrer le Directeur de l’hôpital pour comprendre pkoi on n’a pas pu sauver ses enfants, ne put le faire car il était bloqué. Il se rendit mm ds les services sociaux croyant avoir une oreille plus attentive, on lui fit plutôt savoir labas qu’il doit mm s’estimer heureux que sa femme elle aussi ne soit pas passer. Le pauvre n’eut d’autre choix que de rentrer chez lui abattu avec sa femme non sans être acquitté en plus au préalable de divers frais officiels de l’hôpital (33.000 F au total).

Tu perds tes 4 enfants et tu dois encore payer 33.000 F pour faire sortir ta femme. Ils sont rentrés désespérés chez eux à la carrière et l’affaire serait peut être passée comme une lettre à la poste si un proche de la famille pasteur d’église ne les avait recommandé de m’appeler après l’avoir fait lui mm.

Bref voila la version détaillée de la famille que moi mm j’ai recueilli et recoupé sur place. J’ai immédiatement saisi et contacté le Ministre de la santé Publique qui a immédiatement demandé un rapport et des explications détaillées du Directeur de l’hôpital sur ce cas. Rapport attendu sous les 48 heures. La version de l’hôpital vous sera aussi donnée. Nous l’attendons de pied ferme. Je sais que les responsables de l’hôpital me lisent.

Je leur conseille de dire la vérité, rien que la vérité et toute la vérité (nous avons gardé quelques cartouches au cas où ils essaient de tromper les autorités et l’opinion nationale). A toutes fins utiles j’ai également touché le PM et le Président de la République. Aucune faute ne sera épargnée ds cette affaire et ces hôpitaux de plus en plus inhumains ds notre pays et ce personnel sans coeur, y en a vraiment ras le bol. Affaire à suivre donc et vous aurez le A1 dès que disponible. Je vous prie de rester calmes et sereins pour nous permettre d’agir avec efficacité et sans politisation excessive ou récupération politicienne. Le temps de la politique viendra. GARDONS EGALEMENT DE RÉAGIR PAR PURE ÉMOTION mm si cela est difficile à la lecture de tout ceci.

« Seigneur Jésus en ce vendredi saint pardonne vraiment ce corps médical et daignes toi mm apaiser nos cœurs de cette colère et indignation qui boue en nous. Écartes les méchants de nos hôpitaux et donne force et courage à nos dirigeants de sanctionner les fautifs à quelque niveau qu’ils soient. Confonds toi mm ceux qui tenteront de cacher la vérité. Réconfortes toi mm la famille Nkimih et donnes leur ta paix qui surpasse toute paix durant cette épreuve difficile. Amen » »

Le récit par le docteur Roger Etoa, médecin à Ngoumou et spécialiste de la santé publique.

« AFFAIRE DES BEBES NKIMIH: NON A LA DÉSINFORMATION…

Chaque semaine maintenant a son « scandale » dans nos hôpitaux. Le dernier en date est « l’assassinat » présumé de quadruplés par des médecins (encore eux) de l’Hôpital Central de Yaoundé qui aurait eu lieu ce jour. Ce qui est très étonnant est que même des personnes qui se distinguainet souvent par leur prudence et leur tempérance se sont versés dans le populisme et la désinformation. C’est à la mode. C’est dans l’air du temps. Pour etre « branché » ou taxé « d’intelligent » il faut insulter les médecins et le système de santé camerounais et les traiter de tous les maux. C’est extrêmement dangereux de diviser une societé comme c’est le cas en ce moment.


QUE S’EST-IL RÉELLEMENT PASSE AVEC LES ENFANTS NKIMIH?

Dès le début de la publication du scandale, j’ai décidé au nom du REMEDIC (Réseau des Médecins de District du Cameroun), l’organisation que je dirige de me rapprocher de la bonne information. J’ai eu les 02 gynécologues en poste au moment des faits. Je ne citerai pas leurs noms pour des raisons de confidentialité. Voici leur version des faits:

1) Dame NKIMIH est effectivement arrivé ce matin en consultation prénatale. Elle se plaignait de douleurs pelviennes.

2) A l’examen clinique, le gynécologue constate que le col utérin de cette femmes est ouvert et complètement dilaté

3) L’age calculé de la grossesse en ce moment est de 20 semaines (il faut noter qu’une grossesse à terme compte 40 semaines)

4) Le diagnostic du gynécologue tombe: C’est un AVORTEMENT TARDIF INÉVITABLE!

5) La seule solution est de l’admettre en salle de travail pour l’expulsion du contenu uterin

6) Âpres l’expulsion, on dénombre pas 04 fœtus, mais 05! Ce sont des quintuplés!

7) Les poids de ces fœtus oscillent entre 300 et 450 grammes avec APGAR=0 (c’est à dire avec une vitalité et une viabilité quasi-nulle)


8) L’Hôpital central a une maternité, mais le centre d’excellence de prise en charge des prématurés est la Fondation chantal biya située à un jeu de pierre de la maternité centrale.

9) En attendant de trouver une place dans une couveuse, les prématurés sont généralement placés sous une lampe radiante (chauffante) pour qu’ils gardent la bonne température. C’est ce qui est fait, tout en tentant des gestes désespérés de réanimation.

10) les parents trouvent une couveuse à la fondation, mais les enfants sont déclarés morts.

11) Il est noter qu’a moins de 500 grammes les chances de survie de prématurés sont quasi-nulles. C’est à partir de 600 grammes qu’on commence à enregistrer des taux de survie de 10%

12) Tout cela a très bien été expliquée à la femme et les médecins sont surpris d’apprendre qu’il y a eu une telle répercussion de cette affaire sur les réseaux sociaux. Est ce la transmission entre le mari et la femme qui n’a pas bien marché? Le mari a t-il été tenté de se victimiser en raison de l’antimédicalisme ambiant?? Personne n’en sait rien. Actuellement la police et les renseignement généraux ont envahi la maternité centrale et les médecins vivent dans un inconfort psychologique qui sera probablement préjudiciable à la bonne marche de leur travail.

Voici leur version des faits. Les autres ont le droit d’avoir la leur. Seule la justice doit nous départager si on considère qu’on est dans un état de droit. Mais on n’a plus le temps; Tout le monde est devenu procureur ou juge sur facebook. A ce rythme j’ai très peur pour l’avenir de mon pays… Peace! »

3 – Analyse

Ces deux textes décrivent le même drame avec cependant quelques nuances qui ne modifient en rien le parcours tragique de cette famille. En effet, l’on peut noter que la première échographie signale à la maman qu’elle porte des triplés. Il lui est conseillé dès le troisième mois de prendre attache avec l’hôpital central. Ce qu’elle ne va faire qu’au bout de trois autres mois c’est-à-dire au 6ème mois fatal ! Elle vit à la Carrière c’est-à-dire à moins de 12km de l’Hôpital Central, à 250 Fr de taxi donc 500 Fr en aller/retour.

Elle a appelé alors que les contractions avaient commencées. « Cette dernière lui donne rendez vous mardi 22 mars 2016 le lendemain à 13 h à l’hôpital central car dit-elle elle a cours en matinée au CHU. Ce mardi 22 mars au réveil dame Nkimih se sent très mal et de plus en plus mal à mesure que le temps passe. Mal à tel point qu’elle decide de rappeler plus tôt que prévu le médecin, lui fait part de son état de plus en plus inconfortable, le médecin lui demande donc de venir la retrouver au CHU. Dame Nkimih dont le mari est en déplacement et sait que sa femme n’est pas prêt d’accoucher, se rend immédiatement au CHU en compagnie de sa petite sœur autour de 9h. » (récit Claude Abate).

Après un détour au CHU pour une consultation qui ne semble que verbale elle est dirigée vers l’hôpital central – un coup de fil y est passé afin qu’elle soit prise en charge. Elle arrive dans cet autre établissement hospitalier distant l’un de l’autre d’environ 9km. Elle effectue ce trajet probablement en taxi, elle est accompagnée par sa belle-sœur ou sa sœur (le récit de Claude Abate n’est pas clair à ce niveau.)

Si la première échographie signale trois fœtus il y en aura finalement 5. Le docteur Fouedjio au moment où il accueille Dame Nkimih ignore dont qu’il a affaire à une grossesse de quintuplé. Quand elle arrive, « 2) A l’examen clinique, le gynécologue constate que le col utérin de cette femmes est ouvert et complètement dilaté

3) L’age calculé de la grossesse en ce moment est de 20 semaines (il faut noter qu’une grossesse à terme compte 40 semaines) (récit du docteur Roger Etoa).

Il faut noter ici que le docteur Etoa se trompe car une grossesse à terme est comprise entre 38 et 42 semaines et non 40 – c’est important pour la suite.

Le poids des fœtus communiqués par le Dr Fouedjio est différent de celui communiqué par le Dr Roger Etoa. Nous prenons donc pour vrai que le poids des nourrissons est de 600 gramme pour deux et 700 g pour un et 570 g pour un autre. Un est mort-né.

Ces 4 bébés naissent vivants, une ordonnance est faites pour acheter du lait, mais en contexte camerounais ils ont peu de chance de survivre.

1 – La grossesse est à risque

2 – Dame Nkimih aurait dû être suivie régulièrement dès la découverte par la première échographie qu’elle porte des triplés.

3 – elle aurait dû être hospitalisée dès le 6ème mois (ici c’est une convention universelle qui l’exige).

4 Au Cameroun les chances de mener une telle portée à terme est de 2 pour 1000. Le hasard n’est pas une science.

5 – Au Cameroun les médecins sont habitués à suivre une femme et un bébé, dans certains cas une femme et deux bébés on fait alors porter à la maman une ceinture qui surveille les battements de cœur du fœtus. Absence totale dans le cas qui nous intéresse ici.

6 – à la naissance des enfants, nous découvrons qu’il manque un corridor entre la maternité de l’hôpital central et le service de néonatalogie de la Fondation Chantal Biya. D’où l’incapacité à prendre en charge les nouveaux nés.

7 – Il manque de spécialiste dans ce cas, en effet ce n’est pas n’importe quel obstétricien qui peut suivre une grossesse dite de « high risk pregnancy » c’est 6 ans d’étude après avoir obtenu le diplôme d’obstétricien qui est une spécialisation de 5 ans déjà soit donc 11 ans d’études après avoir obtenu son diplôme de médecin.

8 – il nous est difficile d’accorder scientifiquement du crédit au bulletin de sortie que présente monsieur Claude Abate.

billet1

Ce document présente une patiente âgée de 19 ans en lieu et place de 30 ans comme signalé.

Conclusion :

L’hôpital Central de Yaoundé, 80 ans doit reprendre vie notamment en devenant un hôpital de référence, ce qui signifie que tous les médecins du public doivent y être rattachés. Le chef de service de gynécologie devrait pouvoir coordonner les hôpitaux de district environnant. Il faut étendre la maternité principale, créer un corridor entre la Fondation Chantal Biya et la maternité car dans les faits la fondation ne devrait pas exister à cet endroit et le drame de la famille Nkimih devrait venir mettre un terme à ce folklore.

Il y a urgence de créer un réseau d’hôpitaux et donc de médecins qui peuvent interagir car dans le cas qui nous concerne pas une seule fois, on a vu intervenir une ambulance qui aurait dû prendre en charge la patiente dès le CHU. Nous pouvons avec raison nous interroger sur le pourquoi elle n’a pas été admise directement au CHU car le cours dispensé était moins important que de prendre en charge cette dame.

C’est ainsi qu’on pratique la médecine. Pour mieux me faire comprendre tous les médecins de district autour de l’hôpital central de Yaoundé doivent pouvoir y prendre des gardes, les délégués de la santé dans les régions doivent pouvoir avoir la connaissance technique de leurs effectifs. Ce qui permettrait en cas de nécessité ou d’urgence de pouvoir déplacer un gynécologue à tel ou tel endroit. La médecine moderne ce n’est pas le patient qui va vers le praticien mais le contraire dans la mesure où nous n’avons point d’équipement, pas d’ambulance, pas de route, les médecins devraient pouvoir être sur les routes. Voilà pourquoi nous pensons que le système de santé au Cameroun a failli, il est passé à côté des objectifs que l’Afrique s’est fixée au congrès de Bamako 1987 et 2016.

Le Cameroun a prostitué les médecins, en prostituant les médecins il a prostitué la médecine et assassiné la santé. Nous pouvons encore inverser la tendance en reconnaissant nos limites et en nous mettant au travail. Voilà pourquoi nous avons appelé à des états généraux de la santé publique au Cameroun et avons donné une feuille de route au président de la République. Le MCPSD est disposé à y apporter toute son expertise pour la réussite de ces états généraux pour sauver la médecine et la santé dans notre pays.