Samuel Eto’o relance le débat sur l’avenir de l’entraineur de l’équipe nationale en adressant une lettre de rappel à l’ordre au ministre des sports Mouelle Kombi. Dans cette tribune, l’analyste politique David Eboutou commente les méthodes de Samuel Eto’o.

Depuis l'arrivée de Samuel ETO'O à la tête de l'instance faîtière du football camerounais, il se dégage beaucoup de volonté de sa part, que l'on peut voir à travers les jalons d'un management peu à peu moderne qui se mettent progressivement en place.

Le nouveau Président de la FECAFOOT est partout à la fois. Il semble ne plus avoir de vie ou même le temps de s'occuper de ses propres activités. Tout ce qui se ramène à ses activités se décline désormais autour de la FECAFOOT. C'est cela la preuve même de sa grande passion pour ce sport dont il est si amoureux.

En remportant il y'a quelques mois l'élection à la présidence de la FECAFOOT, certains ont émis des réserves et marqué une nette césure entre le brillant et talentueux footballeur et le manager qui n'avait malheureusement pas encore fait ses preuves sur ce champ. Ce que l'on peut néanmoins dire depuis qu'il a placé son pied sur l'étrier, c'est qu'il s'en sort plutôt bien.

Mener une gestion administrative à travers un management rigoureux dans une institution aussi sensible dans notre pays demande beaucoup d'énergies et surtout de volonté. Il y faut également beaucoup de tact. Pour le cas échéant, nul ne doute de cette collusion souvent dénoncée entre la FECAFOOT et le Ministère des Sports qui en sont souvent arrivés à se confondre de prérogatives. Une posture qui a souvent substitué aux yeux des camerounais, le MINSEP à la FECAFOOT du point de vue des missions dévolues à chacune de ses institutions. Le fond étant que le politique a toujours voulu s'arroger des victoires de tout ce qui est susceptible de drainer des passions populaires à l'instar du football, d'où sa mainmise permanente sur la gestion de son instance faîtière .
ETO'O qui a certainement longtemps observé cette façon de faire qui ne rencontre pas l'orthodoxie managériale dans ce milieu veut en découdre avec cette pratique. Il n'a pas hésité à saisir par écrit le Ministre des Sports,au lendemain de sa sortie à l'émission Actualités Hebdo où il affirmait sans ambages que le coach CONCEÇAO restera en place, pour lui rappeler que la gestion administrative, sportive et technique de l'équipe nationale relève de la FECAFOOT .

Seulement, on pourrait opposer à notre goleador cette disposition de l'article 9 de la convention pris en vertu du décret N. 2014/384 du 26 septembre 2014 portant organisation et fonctionnement des sélections nationales de football qui précise que :

"Les membres des structures de l'encadrement des sélections de football sont recrutés, sur la base d'un contrat signé avec le Président de la fédération camerounaise de football, après avis obligatoire du Ministre chargé des sports, soit sur la mise à disposition par l'État"

Cela augure à l'évidence des relations tendues dans un proche avenir...
Dans un pays où il y règne un hypercentralisme outrancier qui consacre un présidentialisme très fort, il va falloir à ETO'O fils de surfer avec tact sur les sentiers compulsifs de la réhabilitation de notre football, s'il veut réussir sa mission à la tête de la FECAFOOT. Il est évident que son extrême popularité n'est pas perçu d'un bon œil. Ses gestes et ses discours sont lorgnés par quelques securocrates qui veulent désormais voir clair dans les réelles intentions et ambitions du " petit " à long terme ...