Opinions of Monday, 18 May 2015

Auteur: Luc Justin Kamguia

Contractualisation de 9000 instituteurs: Encore une affaire liste!

Il est devenu de plus en plus difficile de prétendre à la transparence, lors des concours ou des recrutements donnant accès à la fonction publique.

Après l’affaire de liste à l'Institut des relations internationales du Cameroun (Iric), c’est aujourd’hui le tour de la contractualisation à l’Education de base. On croyait pourtant que la leçon avait été retenue avec le scandale de l’Iric, qu’il était convenu d’appeler l’affaire de liste.

On croyait que les administratifs du système éducatif camerounais, ayant pris connaissance de cette ignominieuse situation, s’étaient profondément offusqués. Pour que pareille légèreté, ne fut que par sursaut d’orgueil, ne puisse se reproduire. Mais que non. « L’affaire Iric », qui semblait tant embarrassée, n’était qu’au bout du compte, le dévoilement du niveau de dégradation auquel la société a basculé.

Sinon d’où vient-il qu’un concours supposé privilégier les performances aux travers des mécanismes d’équilibre régional en vigueur, s’est finalement soldé par des tractations de mauvais goût. Démarche diplomatique, sans doute !

Qui s’est conclue par la publication de trois listes pour un seul concours. Au final, le concours d'entrée au cycle de Master professionnel en relation internationale filière Diplomatie au titre de l'année académique 2014/2015, a retenu 22 candidats admis au lieu de 15, le nombre des places fixé par les textes réglementaires.

Aujourd’hui, c’est le tour d’un autre scandale, cette fois-ci d’envergure nationale, au ministère de l’Education de base (Minedub). En effet, il y a un an le Minedub avec le soutien de ses partenaires, a lancé le deuxième programme de contractualisation de 9 000 instituteurs. L’opération qui s’étale sur trois ans, privilégiait, à cet effet le recrutement des maîtres des parents. Et les modalités étaient connues à l’avance.

Recensés en 2012 sur l’ensemble du territoire national, les maîtres des parents qui avaient fait 1, 2, 3, 4 voire 6 ans d’enseignement bénévole au sein des écoles publiques, voyaient en cette initiative la fin du calvaire.

Seulement, dans la dernière publication de la liste de contractualisation, bon nombre estiment avoir été floués. « Cette liste provoque tant de remous, parce qu’elle comporte beaucoup d’injustices et d’irrégularités. On se rend compte qu’il y a des gens qui ont été infiltrés dans la liste, pourtant ils n’ont pas été présélectionnés dans les listes affichées dans les inspections et ne sont pas des maitres des parents », explique, Charles Koung président du syndicat national des instituteurs contractuels et maîtres des parents.

D’où le courroux des instituteurs « injustement écartés ». Pour exprimer leur ras-le-bol, des manifestations ont été organisées dans les départements, puis dans les régions. Durant trois jours (de lundi à mercredi dernier), près d’une centaine d’instituteurs venant Littoral, du Centre et du Nord ont assiégé les locaux de la primature, afin que l’injustice soit réparée. Mais peine perdue.

Visiblement déterminés, ces derniers se sont brisés contre l’indifférence du personnel des services du premier ministère. Eux qui estimaient qu’en faisant le sit-in à cet endroit, ils parviendraient à leur faire entendre raison.

Quoiqu’il en soit, il est difficile de fermer les yeux devant cette autre affaire, qui n’est plus ni moins une forme de corruption flagrante. Dont les instances de lutte contre la corruption devraient s’en saisir. D’autant plus qu’il s’agit d’un secteur qui a pour mission de former des hommes de demain, capable de soutenir le développement du pays.

Des têtes bien faites et bien pleines, pour soutenir la dynamique d’émergence auquel le pays prétend. Ce qui ne peut être possible, avec des tripatouillages qui étreignent des enseignants qui ne demandent qu’à fonctionner dans un environnement transparent dénoué de frustrations.

Certes la question de l’emploi est devenue un réel problème social, mais faut-il pour autant sacrifier les générations futures pour des appétits égoïstes et mercantiles. Au bout du compte sur quelle valeur, a-t-on adossé le projet d’érection d’une « société exemplaire », tant pompeusement présenté par l’élite politique dominante ?