Opinions of Monday, 11 May 2015

Auteur: Jean Francis Belibi

Coopération décentralisée : Ce que nos communes gagnent

Le processus de décentralisation est en cours au Cameroun depuis le 1er janvier 2010. Mais il faut dire que le mouvement communal n’a pas attendu cette échéance pour se mettre en branle.

C’est la raison pour laquelle de nombreuses collectivités territoriales décentralisées de notre pays ont engagé des relations avec des communes d’autres pays, avec plus ou moins de bonheur.

S’agissant de ce concept, il convient peut-être de dire que la coopération décentralisée est un mode de coopération comprenant toutes les relations d’amitié, de jumelage ou de partenariat nouées entre les collectivités locales d’un pays et les collectivités, équivalentes ou non, d’autres pays.

Dans ce cas, la coopération décentralisée doit se concrétiser par une convention entre autorités locales. Par extension, on y inclut différentes formes d’assistance ou d’échanges d’expériences avec des structures publiques locales étrangères. L’une des formes la plus connue de la coopération décentralisée au Cameroun est le jumelage.

La coopération décentralisée représente une forme de coopération plus horizontale, que la coopération gouvernementale et la coopération multilatérale, soumises à des critiques de la part d’acteurs non-gouvernementaux. Mais au Cameroun, le processus est très bien encadré.

En effet, un décret du Premier ministre, chef du gouvernement, signé le 26 avril 2011, fixe les modalités de la coopération décentralisée. Pour le gouvernement camerounais, la coopération décentralisée s’entend « comme toute relation de partenariat entre deux ou plusieurs collectivités territoriales ou leurs regroupements, en vue de réaliser des objectifs communs. »

Dans ce cas, la coopération décentralisée peut s’opérer entre les communes camerounaises ou leurs groupements d’une part ou celles-ci et les collectivités territoriales étrangères d’autre part.

Pour les autorités camerounaises, la coopération décentralisée a pour objectifs de promouvoir les échanges d’expériences et de savoir-faire entre les collectivités territoriales ; contribuer au rayonnement extérieur du modèle camerounais de décentralisation ; satisfaire les besoins essentiels et les priorités exprimées par les populations camerounaises, et impulser et soutenir la dynamique du développement économique, social, sanitaire, éducatif, culturel et sportif au niveau local et régional.

On a encore en mémoire le déplacement en France d’une délégation de femmes-maires d’une vingtaine de communes camerounaises, sous la conduite du Réseau des femmes maires du Cameroun que dirige Célestine Ketcha Courtès, maire de la Commune de Bangangté dans la région de l’Ouest.

A l’invitation de Mme Anne Hidalgo, maire de Paris, elles ont pris part le 17 avril dernier, à la rencontre des maires africains et la Fondation que dirige l’ancien ministre français Jean Louis Borloo qui s’engage à mobiliser environ 13 000 milliards de FCFA en dix ans pour produire de l’électricité sur le continent africain.

Un véritable pont d’or pour Haoua Tizi, maire de la commune de Mayo-Oulo dans la région du Nord pour qui « l’absence d’électricité facilite les incursions de la secte islamiste Boko Haram ». Sa consoeur de Ngoyla, dans la région de l’Est ne dit pas autre chose lorsqu’elle affirme que « l’absence d’électricité est un danger pour les communes frontalières ».

Dans le cadre de la coopération décentralisée, les populations de la Commune de Yaoundé VI ont encore en mémoire le spectacle du tristement célèbre « Carrefour caca ». Grâce à la coopération avec la ville d’Erstein, en Basse-Normandie en France, une solution définitive a pu être trouvée à ce problème.

On peut également parler du cas de Bangangté avec la Commune de Fouesnant en France. Cette dernière ayant notamment apporté en 2013 un appui en matériel didactique pour les établissements scolaires de la commune de la région de l’Ouest en 2013. Mais l’on a également des cas de coopération décentralisée entre des communes locales, comme c’est le cas pour la ville de Buea avec celle de Ngoulemakong.

Comme nous l’avons précisé plus haut, ce processus est parfaitement encadré au Cameroun par le décret du PM du 26 avril 2011. Celui-ci impose aux communes qui s’y engagent de bien préciser l’objet de la relation de partenariat envisagée, les objectifs poursuivis par les parties, les modalités de mise en œuvre des actions à mener, l’échéancier des relations envisagées, le montant prévisionnel des engagements de chaque partie, les modalités de contrôle, d’évaluation et de suivi des projets…

Mais l’on a souvent remarqué que tout ne se passe pas toujours comme prévu. C’est la raison pour laquelle les collectivités territoriales camerounaises qui s’engagent dans ce processus doivent toujours recueillir l’aval du ministre chargé de l’Administration territoriale et de la Décentralisation qui doit y apporter sa caution, dès lors que les intérêts du Cameroun ne sont pas engagés.