Opinions of Friday, 24 July 2015

Auteur: cameroon-tribune.cm

Corruption dans le monde des affaires, des habitudes tenaces

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Peut-on faire des affaires dans le but de gagner de l’argent tout en restant honnête et intègre ? Sans être naïfs, les observateurs se posent la question, en ayant à l’esprit le fait que dans le monde des opérateurs économiques, il y a plusieurs acteurs sans foi ni loi, motivés par le seul goût -effréné - du profit.

Par conséquent, ils ne lésinent sur aucun moyen pour se faire attribuer des contrats. Quand bien même ils savent que par rapport à leurs concurrents, ils n’ont ni la meilleure offre technique, ni la meilleure offre financière, encore moins l’expérience nécessaire pour exécuter la commande publique convoitée.

Alors, ils usent de pots-de-vin et autres dessous-de-table pour parvenir à leurs fins, avec bien sûr la complicité des agents publics véreux. C’est dire que dans le monde des affaires, la pratique de la corruption est bien ancrée. C’est une réalité qui crève les yeux, comme d’ailleurs dans d’autres secteurs d’activités au Cameroun.

Tel un cancer, la corruption ronge l’édifice économique en construction. Sinon, comment expliquer, pour ne prendre que, cet exemple, que des responsables des missions de contrôle ferment régulièrement les yeux et signent des procès-verbaux de réception des routes mal construites, qui se dégradent aussitôt que la saison des pluies commence ?

Les populations et les médias dénoncent régulièrement ces comportements répréhensibles, parce que le cahier de charges contenu dans le dossier d’appel d’offres a été délibérément violé. Mais, rien n’y fait. La volonté d’enrichissement des corrupteurs et des corrompus, qui se recrutent dans le secteur privé et le secteur public, est mille fois plus forte que l’intérêt général.

Face à cette situation, la Commission nationale anti-corruption (Conac) ne baisse pas les bras. Le 15 juillet dernier à son siège à Yaoundé, elle a décidé de donner un coup de pied dans la fourmilière, en signant, d’une part, une convention de collaboration avec l’Agence de régulation des marchés publics (Armp), gendarme du système des marchés publics, et, d’autre part, un protocole d’accord de coopération avec la Business coalition against corruption (Bcac).

La collaboration entre la Conac et l’Armp ambitionne, d’après Dieudonné Massi Gams, le président de la Conac, de permettre « à ces deux institutions de conjuguer leurs efforts pour combattre efficacement la corruption, les infractions assimilées et les multiples fraudes dont elles se nourrissent pour persister ou s’épanouir ». Bien plus, cette opération les amènera « à échanger et à exploiter les informations en leur possession, le but étant d’assainir le processus de la commande publique à toutes les étapes et à protéger les deniers publics ».

Quant au partenariat scellé entre la Conac et la Bcac, elle vise à faire émerger une conscience anti-corruption, en vulgarisant une culture anti-corruption, en vue de donner naissance à une société d’intégrité ; contribuer à l’amélioration de la formulation, de la mise en œuvre et du suivi-évaluation des stratégies de lutte contre la corruption ; améliorer la perception de ce fléau dans le monde des affaires, à travers des ateliers d’information et d’imprégnation utiles à l’éradication de cette gangrène.

Une attention particulière sera portée sur les pratiques telles que la fraude, la contrefaçon, l’incivisme fiscal, l’arnaque des opérateurs économiques par les administrations publiques, etc. La Bcac devra promouvoir parmi ses membres, non seulement le leadership économique, mais aussi le leadership de l’honnêteté et de l’intégrité dans le monde des affaires. Seulement, ce n’est pas la première fois que des actions sont initiées au Cameroun pour moraliser les protagonistes du monde des affaires. Et les réalités du terrain ne donnent pas l’impression que la mayonnaise est en train de prendre.

Comme pour tenter d’expliquer cette situation, le président de la Conac affirme que « la lutte contre la corruption est un chemin très long, escarpé, difficile et semé d’embûches de toutes sortes, un chemin où les tigres et les mouches sont en embuscade ». Il se dit conscient du fait que dans l’exécution du partenariat récemment engagé, il y aura certainement des moments de doute et de découragement.