Opinions of Sunday, 12 February 2023

Auteur: Arol Ketch

Crime : comment Kamga Djongoué Collins a été froidement assassiné

Kamga Djongoué Collins était l'un de ceux qui ont secoué le régime au début des années 90 Kamga Djongoué Collins était l'un de ceux qui ont secoué le régime au début des années 90

Après une journée plutôt normale ce dimanche 25 avril 1993, le jeune Collins rejoint la mini cité Le Belvédère, où il occupe la chambre F3.

Lorsqu’il va au lit ce soir-là, il est loin d’imaginer que cette nuit lui sera fatale. Alors qu’il dort à poings fermés, il est réveillé par une odeur suffocante et par des brûlures intenses. Il est environ 1 heure 30 minutes.

Il va aussitôt se lever et se diriger vers sa douche. Il va par la suite essayer sans succès d’ouvrir la porte de sa chambre. Ses cris de détresse ameutent le voisinage qui vient à son secours et casse la porte de sa chambre afin de lui porter assistance. Le jeune garçon est brûlé au second degré.

Le mercredi 28 avril 1993 à 14h, le jeune étudiant Njongoué Kamga Collins meurt des suites de ses blessures à l’hôpital général de Douala.

Les circonstances autour de sa mort demeurent non élucidées à ce jour.

Avant toute enquête préalable, les autorités universitaires et gouvernementales vont aussitôt accuser le “parlement”, une organisation estudiantine frondeuse que l’on dit proche de l’opposition en cette période de foisonnement politique au Cameroun des débuts des années 90.

Les membres du “parlement” sont immédiatement radiés des universités camerounaises comme si cela suivait un scénario prévu à l’avance.

L’empressement avec lequel le gouvernement et les autorités universitaires ont désigné les commanditaires avant même les résultats de l’enquête diligentée a surpris plus d’un.

Comme s’il s’agissait du signal attendu pour mettre en exécution un plan ficelé depuis belle lurette. L’administration soutient alors que c’est parce que Collins Djeugoué a payé ses droits universitaires qu’il a été tué par ses camarades du “parlement”.

Titus Edzoa, le ministre de l’Enseignement supérieur d’alors, décide en deux temps, d’exclure 35 étudiants des universités et grandes écoles du Cameroun (dans un premier temps 18 étudiants sont exclus le 28 avril 1993 et dans un second temps 17 étudiants autres seront exclus le 3 juin 1993).

Les 18 exclus du 28 avril 1993 : Ashu Théodore, Noula Jules, Kamga Hilaire, Pagop Sinclair, Djoudiou II Guy Maxim, Bekai Bolka Georges, Djadjou Jean Baptiste, Mpallo Joseph, Nanfack Oaul, Meupock Honoré, Ndiffo Njaje Serge, Tchoujang Jules, Djoufack Lucien, Nekam André, Nkeu Prosper, Tchoutezo Pierren Ndi Rodolph.

Les 17 exclus de 3 juin 1993 : Jean Bosco Tagne ; Corentin Talla, alias général Schwarzkopf ; Robert Waffo Wanto, alias Colin Powell ; Tédonzong Tchoutedzo ; Henri Claude Fofele ; Charles Nyam ; Nestor Noah, alias Samba ; Guillaume Tene K. Sop, alias Tarek Aziz ; Jean-Claude Um Mahop, alias Um Nyobé ; Appolinaire Leukeuneu ; Ange Tekam Guiadem; Fadimatou Nene, alias Winnie ; Théophile Ngantchouko Foussom, alias Malcom X ; Aaron Paul Ngomo, alias Fanon ; Alain Edgar Essomba Itolo ; Robert François Gildas Nkeck ; Claude Roger Youdom, alias Nasser.

Que s’est-il passé ? Qui a tué Kamga Djongoué Collins?

Je raconte cette histoire dans mon livre : rivière de sang.
Rivière de Sang : Enquêtes sur les morts non élucidées qui ont marqué le Cameroun