La crise anglophone prend une forme menaçante en octobre 2016, avec les avocats d’expression anglaise qui désertent les prétoires et colonisent la rue. La faute d’après eux, au gouvernement qui reste sourd à leurs revendications. La plus importante étant l’absence d’une version en Anglais de la loi Ohada. Le gouvernement est représenté ici par le ministre d’Etat, ministre de la Justice, garde des Sceaux qui au début de la crise, faisait partie de ceux qui ont nié l’existence d’un problème anglophone. Une partie de l’opinion reproche à Laurent Esso, principal négociateur avec les « robes noires », de n’avoir pas cerné le problème comme il faut et de n’avoir pas su apaiser les esprits durant les négociations.
En novembre 2016, à l’occasion d’une conférence de presse, Laurent Esso est aux côtés du ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary. Alors que de simples revendications corporatistes prennent la tournure de revendications sociopolitiques qui embrasent très vite les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les deux hommes rejettent presqu’en chœur l’idée d’un « problème anglophone ».
« Est-ce qu’il faut vraiment que la culture des autres, les langues des autres, nous empêchent d’être Camerounais, de trouver nous-mêmes notre propre voie. (…) Trouvons la voie qui nous permette d’être Camerounais. Pas francophone, ni anglophone, ni germanophone. Soyons Camerounais et posons les problèmes des Camerounais ». Tel est le plaidoyer du garde des Sceaux.
La rue continue malheureusement de gronder et les tentatives du ministre de la Justice de rattraper le coup vont rester vaines. La présentation en mars 2017 des mesures prises par le gouvernement pour désamorcer la crise ne portera pas les fruits escomptés. Envoyé en mission d’explication à l’étranger, le message de Laurent Esso sera brouillé en Belgique par des manifestants appelant désormais à la sécession.