Le Cameroun reste confronté à une crise humanitaire complexe dans quatre régions : l’Adamaoua, l’Est, le Nord et l’Extrême-Nord. Le nombre de personnes nécessitant une aide humanitaire est de 3,3 millions, dont 327 000 réfugiés et 306 000 Camerounais dont 242 000 déplacés internes. Le plan de réponse humanitaire 2018 lancé jeudi dernier à Yaoundé cible 1,3 million de personnes et nécessite ainsi près de 305 millions de dollars US, soit environ 179 milliards de F pour sa mise en œuvre.
La priorité étant de sauver des vies, répondre aux besoins essentiels en matière de protection, de santé, d’abris, d’éducation, d’eau, d’hygiène et assainissement, puis de santé des populations les plus vulnérables. Déjà confronté aux difficultés quotidiennes liées à sa charge dans un contexte économique difficile, le gouvernement camerounais dispose-t-il des 179 milliards de F requis ? On peut répondre par la négative sans risque de se tromper, tant les sollicitations sont nombreuses et les ressources financières insuffisantes.
Dès lors se pose la question de savoir si le Cameroun doit supporter tout seul la lourde facture de son hospitalité ? Assurément non, dans la mesure où non seulement il n’est pas à l’origine des conflits qui entraînent d’importants mouvements de personnes vers son territoire. En plus, le pays fait œuvre humanitaire en continuant d’accueillir des personnes en détresse. Alors que dans le même temps, en Europe et en Amérique, certaines Nations investissent des sommes faramineuses pour construire à leurs frontières des murs barbelés anti-migrants.
C’est dire que la solidarité internationale doit se mobiliser pour aider le Cameroun à faire face aux besoins humanitaires qui viennent d’être exprimés. Il est indéniable que les 10 millions de dollars US (un peu plus de 5 milliards de F) annoncés par les Nations unies sont loin d’atteindre le montant total à mobiliser. Dans ce contexte, les pays riches devraient se montrer un peu plus généreux, en mettant la main à la poche pour que le plan de réponse humanitaire 2018 puisse être exécuté.
C’est un devoir moral, si on veut éviter d’aggraver une crise humanitaire déjà suffisamment préoccupante. Sinon, les réfugiés abandonnés ici à leur triste sort risquent de prendre un chemin plus long, celui de la traversée du désert et de la Méditerranée, direction l’Europe, à la recherche d’une vie meilleure. De ce point de vue, financer le plan lancé la semaine dernière par le Cameroun c’est également, en quelque sorte, limiter le périmètre d’une autre crise potentiellement tentaculaire.