Opinions of Friday, 3 March 2017

Auteur: La famille Foncha

Crise anglophone: la famille FONCHA prend position

John Ngu Foncha John Ngu Foncha

L’impasse persistante sur le mouvement de grève initié par le syndicat des enseignants et les avocats dans les Régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest du Cameroun ; nonobstant le fait que quatre membres « accrédités » desdits syndicats aient signé un accord pour arrêter la grève, indique l’existence d’un problème sérieux, profondément enraciné et qui nécessite d’être adressé d’urgence afin que nos enfants retournent à l’école, que les avocats rentrent dans les tribunaux et que l’économie dans les deux Régions se remette sur les pieds. C’est un vent néfaste, et chaque journée de retard dans sa résolution est en train de nuire à l’image de la nation toute entière, et pas seulement des Anglophones.


La Pomme de Discorde


La pomme de discorde indiquée est la « Demande d’un retour à un système de gouvernement fédéral », base sur laquelle le Southern Cameroons et la République du Cameroun s’étaient mis d’accord en 1961 pour se retrouver ensemble. Voici le point crucial sur lequel la Famille Foncha se sent dans l’obligation de réitérer les principes que nous savons avoir guidé la vision du regretté Dr John Ngu Foncha. En tant que Architecte de la Réunification, il entreprit cette étape capitale au nom des peuples du Southern Cameroons qui, avant le plébiscite de 1961, lui avaient massivement donné leur soutien inconditionnel. Quand bien même il était le leader élu du Southern Cameroons, Dr John Ngu Foncha était un patriarche qui, prenait toujours le côté de la paix, de l’honnêteté, de l’unité, de la justice, de la liberté et de la démocratie ; et ce sont là les qualités qui l’ont guidé durant toute sa vie. En fin de compte, ces vertus se sont ancrées aussi bien dans sa vie privée que sa vie politique, en théorie et en pratique, par la devise : « La Vérité Triomphera ».


Qu’aurait fait le DR FONCHA ?


La question cruciale pour la majorité et dans notre esprit est de savoir ce que le regrette Dr John Ngu Foncha aurait fait dans les circonstances actuelles avec la grève et l’action civile des villes mortes, qui sont en train de causer un préjudice économique et social très sérieux aux populations des deux Régions. Plus remarquable encore est l’adhésion massive des populations à ces mesures initiées par les enseignants et les avocats, qui représentent « l’âme » profonde des peuples du Southern Cameroons. Ceci est une preuve indéniable que pour obtenir le changement pacifique auquel ils aspirent ardemment, ces peuples sont prêts à endurer ces difficultés même au prix du sacrifice de leur vie et de leurs biens. Quelle aurait été la réaction de notre Papa ?


La réponse du Gouvernement, et particulièrement l’usage d’une force disproportionnée, la détention arbitraire des leaders élus des syndicats, des groupes d’action civique, la coupure punitive des liaisons internet avec le monde extérieur, visant spécifiquement les Régions Anglophones, est entrain de causer d’énormes ravages sur l’économie, les secteurs des services. En outre, cette coupure sélective des liaisons internet par le gouvernement est équivalente à une punition collective d’une population paisible, un tel acte est inadmissible dans le monde civilisé d’aujourd’hui. Le regretté Dr John Ngu Foncha aurait à coup sûr vivement condamné de tels actes.


La Vérité Historique


En tant que Premier Ministre nouvellement élu du Southern Cameroons, encore sous tutelle Britannique, Dr John Ngu Foncha alla aux Nations Unies pour demander formellement l´indépendance de son territoire. Il était entendu que cela constituerait la première étape du processus de réunification, un chemin qui allait être bien long ; mais le Dr Foncha et ses militants en avaient conscience. Cependant, l’Autorité de Tutelle (l’Angleterre) et les Nations Unies refusèrent de prendre en compte l’option de l’indépendance avant la réunification, qu’il demandait, imposant plutôt ce qui est communément connu sous le nom des « Deux Alternatives » à savoir :

1. Voulez-vous obtenir votre indépendance, rattachée à la fédération indépendante du Nigeria ?

2. Voulez-vous obtenir votre indépendance, rattachée à la République du Cameroun indépendante ?

Face à ces choix imposés et questions biaisées, Dr John Ngu Foncha (et sa suite) insistèrent sur le fait que seule une fédération à deux états égaux, soutenue par une constitution qui préserve en permanence les intérêts de la minorité du Southern Cameroons, garantirait une réunification paisible et harmonieuse, comme ils l’avaient toujours rêvée.


Le chiffon rouge du Fédéralisme


Le point de vue du regretté Dr John Ngu Foncha sur cette question cruciale du fédéralisme était que ce dernier représentait la forme d’administration la plus acceptable et la plus réaliste pour le Cameroun réunifié en 1961, il n’a avait jamais hésité sur cette question et c’était irréfutable dans son esprit jusque dans son dernier soupir en Avril 1999. Les embuscades du 20 Mai 1972 et 1984 étaient anticonstitutionnelles, et, tel qu’il les avait caractérisées dans une correspondance adressée à l´Organisation de Nations Unies en 1994, ces évènements étaient « …l’abrogation totale de tous les termes de l’unification, convenus d’accord parties, et avec l’Assemblée Générale des Nations Unies… »


Le dénigrement répété des partisans du fédéralisme par les membres du gouvernement est non seulement regrettable, mais absolument alarmant dès lors que de hauts responsables du gouvernement situent le « fédéralisme » au même pied d’égalité que la « sécession », un lien qui n’a jamais traversé l’esprit du regretté Dr John Ngu Foncha et comme l’attestent à travers ses multiples memoranda et lettres. Lui, ainsi que les populations qu’il avait dirigées étaient démocrates et fédéralistes jusque à la moelle de leurs os.


Affaire à suivre


L’appel grandissant à la Sécession lancé par certains compatriotes, ne traduit en réalité que leur exaspération face à l’arrogance et au complexe de supériorité affiché par certains membres du gouvernement. Dans un pays qui n’a de cesse de rappeler son attachement à l’ETAT de DROIT, en toute honnêteté, La responsabilité de la situation actuelle ne saurait en aucun cas incomber à l’ « anonyme » l’homme. L’élite anglophone gouvernante porte une responsabilité majeure dans ce délitement, car, bien au fait de la vérité des faits historiques et de la réalité du terrain, mais choisit délibérément de la terre… De grâce, ce double langage doit cesser !


Le Dr John Ngu Foncha avait régulièrement indiqué dans ses toutes ses déclarations que seul le « fédéralisme comme option », reflétait les espoirs véritables, les aspirations et les désirs des peuples du Southern Cameroons ; la plus remarquable de ces déclarations étant la «Déclaration de Retrait du Comite Consultatif Constitutionnel », qui rafraichit les mémoires et met le concept dans sa propre perspective. Dans ledit document, il fit état de l’omission flagrante de toute mention du « fédéralisme comme option » dans la constitution proposée et qui était soumise par le Président de la République au comité consultatif, malgré les multiples efforts et les références au fédéralisme de la part de plusieurs Camerounais dans des conférences telles : la Tripartite I et II à Yaoundé, les « Larges Débats », et mieux encore la « All Anglophone Conférence » entre les années 1991 et 1994.

La résistance acharnée du peuple, qu’on a laissé tomber à maintes reprises par le passé, peut être comprise dans ce contexte. Ce sont des actes comme ceux-ci qui heurtent les masses et les poussent à l’extrémisme, conscients du fait qu’ils n’ont l’écoute de personne. La République Fédérale du Cameroun ne devrait jamais être considérée comme un leurre passager que l’on peut utiliser et lâcher à tout moment par ceux qui ont le pouvoir et l’autorité, comme bon leur semble.

Dr John Ngu Foncha, dans les dernières années de sa vie, avait pressenti l’appel grandissant actuel pour la sécession. Ainsi, il adressa plusieurs correspondances aux Nations Unies et au Président Paul Biya, dans une tentative de contribuer et guider au retour vers une forme de fédéralisme qui permettrait une réunification harmonieuse des territoires du Cameroun, ce qui nous a toujours manqué au pays. C’est un fait indéniable que l’intransigeance indélogeable du Président de la République et de l’administration sur cet important problème de fédéralisme a contribué à l’évolution de sa position et au désir de renégocier les termes de la réunification.


Notre Vision : le dialogue n’est pas une faiblesse


Le fédéralisme, ayant à sa base une constitution solide était la voie choisie par le Dr John Ngu Foncha pour atteindre les objectifs d’un Cameroun paisible, prospère et uni. L’impasse actuelle n’est pas un bon présage pour une telle vision. Le déni d’un problème visible et pressant, « prétendre que tout va bien », faire ou insinuer des affirmations gratuites et incorrectes, l’intransigeance des membres du gouvernement ; tout cela ne peut que servir à radicaliser les populations du Southern Cameroons et les emmener vers la quête de auto-détermination.


Nous croyons, comme notre Papa, que le dialogue est la voie sûre vers une paix et une réconciliation durables. Le dialogue ne peut pas avancer fructueusement sans la liberté, et la liberté n’est assurée que lorsqu’il y a pardon sincère et justice.


La libération inconditionnelle des leaders civiques, des étudiants et de tous ceux jusqu’à présent détenus dans le cadre de cette crise, la démilitarisation des Régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest, la dénonciation des actes d’abus des droits civiques des citoyens et la restauration des liaisons internet dans ces territoires sont des gestes qui relèvent des prérogatives du gouvernement. Au gouvernement de la République à prendre ses responsabilités. Voilà ce qui constitue les premiers pas dans le processus de restauration d’un dialogue sincère, étant donné que le pardon n’est pas une faiblesse, mais plutôt une démonstration de courage, un attribut que nous souhaitons tous pour notre gouvernement. Voici ce pour quoi Dr John Ngu Foncha a combattu, ne compromettant jamais ses valeurs d’intégrité, d’honnêteté, de justice et du maintien de la paix. « La Vérité Triomphera » a été et demeure une forte devise que nous (sa famille) préserverons à jamais.