Quelques jours après la libération de la sénatrice Mundi dans la nuit du 30 au 31 mai 2022 dans l’arrondissement de Batibo, localité d’Ashong, les bandes armées séparatistes ont réagi en frappant le poste de la gendarmerie de Njitapon, à l’Ouest du pays.
Les séparatistes reprennent le poil de la bête dans le conflit en cours dans les deux régions anglophones du pays. C’est le lieu de le dire ! Ils frappent et leurs communicateurs indiquent qu’il s’agit de « représailles » ! C’est une posture insolente qui révèle une volonté affirmée de montée en puissance des sécessionnistes. En l’espace quelques jours, ils ont saccagé le poste de la gendarmerie à Njitapon dans le Noun. Officiellement, cinq gendarmes ont été tués dans l’attaque. Ils viennent ainsi frapper dans une région francophone comme si c’était une réplique du berger à la bergère. En effet, la libération de Régina Mundi avec en prime une dizaine de séparatistes neutralisés et trois autres capturés, a loin d’affaiblir psychologiquement ces derniers comme on l’aurait pensé, donné dirait-on, un regain d’énergie pour s’attaquer un peu plus aux symboles de l’Etat. C’est à s’interroger réellement sur les ressorts de cette motivation soudaine. Le gouverneur de la région de l’Ouest en visite sur les lieux du drame, tout ému, n’a pas manqué de critiquer le comportement de la population au moment de l’attaque. On apprend de ce fait que les « Amba boys » (appellation des sécessionnistes), ont pris tout leur temps pour accomplir leur basse besogne. Les moyens roulants de la gendarmerie ont été incendiés. Dans leur entreprise, ils ont usé des moyens forts comme les lances roquettes, semant la psychose de nuit au sein de la population. Augustine Awa Fonka a appelé la population à se constituer en groupes de vigilance pour défendre les villages. De quelle crise ou de quel conflit parle-t-on encore ? Vous avez dit anglophone ? Si tel est le cas, il déborde scandaleusement dans la partie francophone du pays. Ce coup a plongé par ailleurs la population des régions limitrophes des régions anglophones dans la stupeur. Nos sources indiquent que le coup dans le Noun ruine les nerfs des populations aussi bien dans le Mbamboutos que dans la Menoua. Pour mémoire, il faut indiquer qu’il s’agit de la troisième attaque des sécessionnistes dans le Noun. Après l’assaut de Bangourain en janvier 2020 où des armes avaient été emportées, il y a aussi l’attaque de 2018 où ils avaient tué une personne et incendié de nombreuses maisons.
Le deuxième fait qui interroge réellement l’intention qui anime cette guerre est l’incendie de l’hôpital de Mamfé dans la nuit du 8 au 9 juin dernier. On se souvient que cela était déjà arrivé aussi à Kumba où l’hôpital avait été entièrement consumé dans les flammes. Avec ce regain de violence, les sécessionnistes sont-ils entrés dans une dynamique de narguer l’Armée pour la précipiter dans une volonté de conflit accru ? Comment comprendre l’incendie de l’hôpital ? Une autre ligne rouge franchie comme si une intelligence interpellait les faiseurs de la paix dans le monde à s’intéresser de plus près à ce qui se passe ici ? Difficile à dire ! Quand on a fini de passer l’hôpital au brasier, où ira-t-on quand on sera malade ? Tous ces actes explicitent une seule chose : très peu de gens veulent de l’accalmie sur le terrain des affrontements. Des balles dans les ailes de la paix qu’on croyait définitivement en plein dans les airs. On dirait que les vrais acteurs de cette crise narguent l’Etat.