Opinions of Tuesday, 17 January 2017

Auteur: fr.allafrica.com

Crise de Bamenda et de Buea: difficile compromis!

Impasse dans la zone anglophone Impasse dans la zone anglophone

Malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics, l'ordre est loin de revenir dans les deux régions anglophones du pays. Les salles de classes sont restées fermées et les négociations se poursuivent.

Les évènements macabres de Bamenda dans le Nord-ouest et de Buea dans le Sud-ouest sont de nature à faire disparaître la quiétude dans une nation qui a toujours été jusque-là considérée comme model, un ilot de paix en Afrique centrale et partant dans tout le continent. Au départ de la crise, l'on a vite fait de brandir aux yeux du monde, un malaise des avocats de la zone anglophone qui faisaient part d'un chapelet des revendications. Puis les enseignants sont entrés dans la danse, décriant leurs statuts et un certain nombre de mécanismes relatifs au sous système éducatif anglophone, paralysant ainsi l'éducation dans ces régions. Mais la stupéfaction fut invraisemblable lorsque la crise des avocats et des enseignants est récupérée par l'ensemble des populations qui, se jetant dans l'amalgame vont rejoindre le mouvement.

C'est l'entrée en scène des sécessionnistes qui en font un peu trop, portant atteinte aux emblèmes nationaux. Par simple ignorance, ils ont manifesté pour la plupart, la volonté de se séparer du système francophone, ou le retour au fédéralisme. La réalité étant pourtant sans équivoque, « le Cameroun est un et indivisible », comme l'a si bien rappelé le chef de l'Etat, en réponse à cette récupération de nature de plonger notre pays dans le cahot, au propre comme au figuré.

Cependant, dans cette situation navrante, où les récupérations sont une évidence, l'on ne saurait jeter l'anathème sur l'Etat du Cameroun de n'avoir pas tenté d'extraire le ver du fruit. Des commissions ont été mise en place par la plus haute autorité de l'Etat pour la sortie de crise. Mais des négociations jusqu'ici sont vaines, malgré les solutions proposées aux problèmes des avocats et enseignants.

On est en droit de se demander concrètement les raisons inavouées de ces manifestations, tant il est vrai que malgré tout, le calme et loin d'être acquis. Les enfants qui ne demandent qu'à fréquenter sont coincés à la maison. Certains parents vivant dans les régions francophones, de peur des représailles, ont dû rapatrier leurs progénitures. Et de plus en plus, l'on coure vers une année blanche pour ces enfants du sous-système anglophone. Mais nous ne sommes pas encore là. L'Unesco vient d'accorder au Cameroun tout ce mois de Janvier pour prendre sa décision

Rôle controversé de l'élite anglophone

Toutefois, ce que l'on déplore dans cette affaire, c'est le jeu trouble des élites et la manipulation exacerbée par des ennemis de la paix, tapis dans l'ombre, qui font tout pour voir sombrer le Cameroun. Sinon, comment expliquer que pendant que les tentions sont vives dans une ville de Bamenda rouge de colère contre le régime d'Etoudi, que l'on se permette d'organiser un meeting politique du Rdpc ?

Cette maladresse a en tout cas failli emporter le Ministre chargé des missions à la présidence de la République, Paul Atanga Nji, élite de la Mezam. Il serait mort gratuitement, à force de vouloir montrer à Paul Biya que malgré tout, il a le contrôle de Bamenda et que Bamenda se porte bien. Une volonté de saupoudrer le malaise des populations qui ne demandaient qu'à se faire écouter par qui de droit.

Toutefois, D'aucuns accuseront Paul Biya d'être le responsable des souffrances des camerounais. Mais pourtant, il faut voir ailleurs. Nos élites sont à la base de tout. Démagogues, ils sont. Avares ils sont. Hypocrites ils sont. Ils présentent à leur patron l'image d'un Cameroun qui se porte très bien. L'image d'un Cameroun où tout le monde mange à sa faim. Or la réalité en est toute autre chose. A moins de penser que le Cameroun ne se limite qu'à Yaoundé. C'est sans doute le lieu de saluer les sorties souvent musclées du sultan, Sa majesté Ibrahim Mbombo Njoya, qui a souvent attiré l'attention sur des vrais problèmes de la nation.

Pour avoir eu le privilège d'aller dans les périphéries, nous pouvons dire sans ambages que le camerounais souffre énormément, contrairement à ce que laissent croire nos élites au président, parce qu'ils veulent garder l'estime du faiseur des rois. Comment comprendre aussi qu'en période de crise où les revendications et les plaintes sont légions, certains individus recrutés parmi les plus nantis de la République, bénéficiant d'une certaine largesse du régime d'Etoudi, brillent par des motions de soutien et de déférence au président de la République ?

Tout cela n'est qu'une diversion qui empêche de se pencher sur les questions sociales, les questions de développement du Cameroun. Pour ces élites, cadres du pouvoir central, c'est la chasse aux intérêts égoïstes qui passe avant l'intérêt de la nation. Ce qui traduit dans le fond ce manque d'amour pour la patrie qui devrait être un élément essentiel pour le développement social, culturel et économique de notre pays. Cela devrait s'arrêter, non pas par les casses, mais par un dialogue constructif et pertinent. C'est peut-être le lieu d'inviter certains citoyens à la raison. Pour la plupart, ils sont originaires de ces deux régions en crise, mais ne sont pas installés à Bamenda ou à Buea.

Ils se trouvent dans la partie francophone du Cameroun. Ce qui veut dire que leurs enfants vont régulièrement à l'école. Mais ils sont au centre de la manipulation de nos frères de Bamenda et de Buea via les réseaux sociaux. Des instigations à la rébellion qui traduisent un réel manque d'éducation de la part de nos concitoyens.

Quoiqu'on dise, dans un Etat, force revient toujours à la loi, cette loi qui donne certaines prérogatives à la plus haute autorité de l'Etat de prendre des mesures qui s'imposent en temps de crise pour que règne la paix. A quoi bon de pousser ceux dont on dit défendre la cause de se lancer dans le bras de fer avec l'Etat ?