Opinions of Tuesday, 11 August 2015

Auteur: René Amougou

Curiosités: «Centres spéciaux d’état-civil»

C’est soit dans les endroits officiellement reconnus ou dans des maisons closes que le statut de « Camerounais » est tripatouillé et bidouillé.

En 1999, le chef de 2e degré et officier du centre spécial d’état-civil de Ndabito’o (arrondissement de Mfou, département de la Mefouet- Afamba) avait été placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Yaoundé. Le dignitaire traditionnel avait «fabriqué» un acte de naissance au profit d’un sexagénaire centrafricain.

Ce dernier, raconte-ton, envisageait une évacuation sanitaire aux Etats-Unis. Lors d’une perquisition à la chefferie, la chance avait souri aux enquêteurs. Ils étaient tombés sur un registre d’actes de naissance conforme à ceux utilisés au lendemain de l’indépendance du Cameroun.

A l’aide de ces documents, le chef de Ndabito’o «vendait» la nationalité camerounaise à prix d’amis: cinquante mille francs CFA. En 2011, à Bonamoussadi, dans la zone estudiantine de Yaoundé I, la police a démantelé un réseau de faussaires. Six au total, ils étaient spécialisés dans la confection d’actes de naissance.

La bande officiait dans une maison discrète. Y affluaient: les fonctionnaires aux portes de la retraite, les ressortissants étrangers, les étudiants, les chercheurs d’emplois et les demandeurs d’asile. Le créneau était porteur. Selon les éléments de l’enquête, un acte de naissance s’obtenait contre la somme de trois cents mille francs CFA.

Au cours d’une interview qu’il a accordée à Intégration en octobre 2014, Bilia Akaou, le préfet du Mayo-Sava (Extrême- nord du Cameroun), avait mis à nu la triche de certains hommes politiques. «Des pièces d’identité camerounaises ont été retrouvées entre les mains de ressortissants nigérians dans les villes de Kolofata, Limani et Amchidé.

Il faut reconnaitre que c’était dans un cadre purement politique que certaines élites locales ont fait des non-Camerounais des citoyens du Cameroun. Cela est déplorable et ne nous facilitent pas la tâche actuellement », déplorait l’administrateur civil.