Opinions of Saturday, 5 March 2016

Auteur: Monica NKODO

Décalage entre formation et emploi

Les Instituts privés d’enseignement supérieur (IPES) ne proposent pas toujours des formations aux métiers de l’heure, se retrouvant en général avec des spécialités classiques.

Une impression de déjà vu. Au parcours de l’édition 2014 du répertoire des institutions privées publié par le ministère de l’Enseignement supérieur, le constat est frappant. Certaines formations apparaissent de manière récurrente. Dans la région du Centre notamment. Management, marketing, banque, assurances, finance et comptabilité, secrétariat et bureautique, informatique, commerce international, communication, gestion... Les étudiants en quête d’apprentissage dans ces différentes disciplines ont l’embarras du choix. Seul hic, de nombreuses formations sont déjà proposées par les universités d’Etat.

D’un point de vue positif, leur récurrence peut venir pallier les effectifs pléthoriques dans les amphithéâtres du secteur public, mais d’un autre côté, il serait assez étrange de se retrouver avec des centaines, voire des milliers de comptables ou de banquiers sans savoir dans quelles entreprises leur trouver un emploi.

Au Cameroun, l’heure est aux projets structurants. Barrages hydro-électriques et port en eau profonde sont en construction. Des grands chantiers spécifiques, qui demandent une main d’œuvre tout aussi particulière. Par exemple, le barrage de Lom Pangar, dans la région de l’Est, comme nous l’explique une source introduite dans ce projet, demande des métiers précis à trois niveaux. A Lom Pangar, les métiers foisonnent, que ce soit pour le barrage en lui-même ou son aspect hydro-électro-mécanique. Pour l’usine de pied et la ligne de transport ; ou encore pour le côté social et environnemental. « L’ouvrage d’art et la construction de la digue par exemple, nécessitent des ingénieurs du génie civil, mais aussi des conducteurs d’engins, des soudeurs, des ingénieurs hydro-électro-mécaniciens, etc. Pour les deux autres volets, particulièrement celui du social et de l’environnement, il faut des ingénieurs en agronomie, en halieutique, des eaux et forêts, entre autres », révèle notre source. Sans oublier les topographes, les pétrochimistes, les spécialistes du terrassement et du domaine maritime et portuaire œuvrant dans plusieurs projets structurants.

Des experts que les sociétés exploitantes disent avoir du mal à recruter tant ils ne courent pas les rues. Car ces formations sont peu visibles dans le tableau des Instituts privés d’enseignement supérieur (IPES), du fait « du manque de spécialistes-formateurs et du coût élevé de ce type de formations », justifient certains dirigeants d’IPES. Quelques-uns de ces établissements se démarquent tout de même en proposant des spécialités dans les secteurs sollicités. Pour ce qui est de l’agriculture, par exemple, on peut citer le Centre international des études polytechniques d’Obala qui a ouvert une faculté d’agronomie, ou encore l’Institut d’agriculture et de gestion (ISAG) qui forme aux métiers d’entrepreneur ou d’agent de développement agropastoral.