Il s'agit ici de la vraie théorie du bruit développée par les érudits de la science politique. Pas celle évoquée ces derniers temps par une certaine opinion jeune. De quoi est-il réellement question ?
Personne ne la vu venir. Lors de la conférence de presse tenue ce 26 juillet 2022 au palais de l'Unité à Yaoundé dans le cadre de la visite au Cameroun du président français, Emmanuel Macron, le sage patriarche d'Etoudi a encore fait montre d'un autre aperçu de son immense bagage politique. A la question de la joumaliste Amélie Tulet, mandatée à dessein par Rfi sur les intentions du président camerounais a envisager de se représenter ou alors de passer la main à un camarade de sa formation politique, le Rdpc, à l'issue de son mandat, le vieux sage bantou qui a bien lu l'auteur américain Robert Greene en applique à merveille les principes et y est allé de cœur joie. Il a ainsi sciemment feint de ne pas entendre la question. Ceci, afin d'obliger son interlocutrice à la répéter,
question de la déstabiliser et de se donner une marge pour répondre. Pour les initiés, c'est une stratégie connue des habitués de la rhétorique et du débat intellectuel. Ce qu'Eddy Spencer appelle la théorie du bruit. Quand on vous pose une question plus ou moins agaçante, faites semblant de ne l'avoir pas bien saisie, en épuisant votre interlocuteur a la répéter jusqu'à changer de question. De même quand votre adversaire envoie son larbin vous poser une question désobligeante qu'il est lui-même incapable de vous poser, faites semblant de ne pas suivre pour pousser cet « adversaire » à se dévoiler en
posant directement lui-même ladite question. De l'avis de certains observateurs avertis, c'est exactement ce qui s'est passé ce jour lors de la conférence de presse du 26 juillet dernier au palais de l'Unité.
Pour ces observateurs, le chef de l'Etat camerounais s'adressait en effet à Emmanuel Macron, le véritable auteur de la guestigoux qui sintéressent un tant soit peu à la politique extérieure de la France, notamment en ce qui concerne l'Afrique, Rfi en est tout simplement la caisse de résonnance. Les relations extérieures étant du champ des prérogatives du président français, la question posée par une journaliste de Rfi n'est rien d'autre que la question du chef de l'exécutif français en personne. Et qui mieux que le président Paul Biya, qui a déjà vu passer plusieurs présidents français le sait ?
Ce lecteur de Robert Greene « Power, les 48 lois du pouvoir » a encore fait bon usage des lois 3 et 4 de ce best-seller. En guise de rappel, la loi 3 indique : dissimulez vos intentions : la loi 4: dites-en toujours moins que nécessaire. « Alors, quel bonheur d'avoir un homme d'une telle intelligence parmi nous », s'exclame l'un de nos analystes. Pour lui, le président Paul Biya est à la fois la sagesse exprimée, la vigueur retenue et la culture oratoire.
Comme François Hollande en juillet 2015, Emmanuel Macron aura reçu sa petite dose d'enseignement. Pour que vive la théorie du bruit !