Opinions of Wednesday, 23 February 2022

Auteur: www.camerounweb.com

Dérives morales : la jeunesse estudiantine camerounaise en perte de repères

Jeunesse camerounaise dans la dérive Jeunesse camerounaise dans la dérive

C’est le constat fait au cours d’un voyage dans les minibus de transport entre Yaoundé et Soa.
« Tout est frelaté », ainsi peut se résumer ce rapportage. Une pieuse et vénérable dame assise à mes côtés dans le car de transport d’une quinzaine de places aura souffert tout le martyr des débordements ou mieux du trop-plein de la dégénérescence des mœurs au sein de la population jeune. Cette sexagénaire accomplie rentrait de toute évidence de la ville de Yaoundé où elle a fait ses achats si j’en juge par la quantité des bagages qu’elle avait. Madame Monique, appelons là ainsi pour faire simple, était visiblement excédée par le comportement peu orthodoxe des étudiants dans notre car. Précisément, une étudiante habillée en pantalon jeans nous offrait tout son postérieur dénudée, sur lequel le tatouage d'un gros serpent achevait de traduire tout le cynisme du tableau qui nous était livré, de bonne heure. Lassée par ce spectacle nauséabond, la pauvre dame a craqué: « Il n’y a plus rien ». Je l'observais pour en apprendre davantage. De sa bouche, elle conduisit mes regards là où je m'étais interdit de regarder. Je secouai la tête déçu pour lui signifier que nous partagions les mêmes peines. C'est à ce moment que la jeune dame se retourna, je ne sais ce qui l'y incita, et nous toisa copieusement, la vieille dame et moi. A la fin elle lâcha: « vous voulez encore admirer? Alors ne vous gênez pas! »
Elle se leva, tel un félin, et tira son pantalon, livrant tout dans toute la rudesse des temps. Un étudiant assis à mes côtés pâma d'aise et sirota à son endroit: « je valide ». De ses yeux de panthère, elle se retourna et siffla à notre endroit: « Et vous, vous dites quoi? » J'étais choqué, interdit et gardais le silence par peur de jeter l'huile sur le feu par quelque maladresse de propos. La vénérable dame flingua à l’endroit de l’hautaine étudiante: «tout est frelaté ». Au moment où cette dernière cherchait dans son répertoire en déroute le mot le plus vénéneux, la dame poignarda: « je me demande si tu t'es douchée ce matin, car tu pues la sueur d'homme d'une nuit ».
L'étudiante se leva prestement, bousculant au passage son voisin qui jeta la mandarine et les épluchures. Elle se tourna pour en découdre avec la grand-mère. Je me dressai et lui intimai de s'abstenir parce que si nous avons supporté sa piteuse nudité et le cocktail de parfum fait de mandarine, et autres, il était hors de question qu'elle lève le petit doigt sur la dame. Elle se rassit hystérique, inconsolable.
Le jeune étudiant assis sous mon coude crut bon d'entrer en scène. Je le lui rappelai à brûle pourpoint qu'il est un étudiant « frelaté » parce que sa moralité et son civisme étaient endommagés par son mauvais style de vie. Il nous surprit par son excitation et la dame le ramena juste à l'ordre en le traitant de « drogué cupide ». Je pensais que la matinée avait cessé de nous abreuver de ses émotions sur la route de Soa que la fille assise à la cabine du car, près du conducteur déchira le silence de sa voix de stentor: « S’il se drogue ou s'il se tape les mecs, où est ton pet là-dedans, vieille sorcière? »
La dame me regarda et se contenta de dire: « mon fils tu as suivi, elle a dit que ce garçon a un mari! » « Non, rectifiai-je. Des maris! » Elle marqua une pause et expira profondément, comme si elle expurgeait le souffle démoniaque. « Pourquoi Dieu permet de telles choses, hein? » Certains passagers se mirent à rire comme si Mme Monique avait dit une énormité. Curieux ! Celle qui avait le postérieur au vent se retourna, de ses ongles rouges crochues, des paupières et cils « travaillés », et proclama avec une autorité certaine vers la dame: « Dieu attend que tu meurs. Que tu meurs, vieille sorcière... » J'étais arrivé à destination, sevré de la suite de l'histoire. Je suis sorti de ce car avec un mot fort: frelaté. Maintenant s’il est dit, s’il est vrai qu’une part importante est frelatée dans le milieu estudiantin, fer de lance de notre société, que nous reste-t-il donc? « Tout est frelaté », est-ce une nouvelle devise pour la sombre espérance dans notre pays? N'est-il pas grand temps que les autorités mettent un bémol au libertinage, liberticide de nos enfants? N’est-il pas temps que les autorités universitaires donnent un tour de vis dans les libertés vestimentaires et autres au sein de nos campus universitaires ? Qui fera le Cameroun de demain? Des hommes et des femmes à la moralité douteuse ou compromise? Des hommes et des femmes prêts à se renier pour des lentilles? De quoi sera fait ce pays demain? Il urge pour tous de s'inquiéter, car le glas sonne. Le tocsin de notre pays en pleine évanescence.