Opinions of Tuesday, 6 March 2018

Auteur: camer.be

Dauphinat: Paul Biya brouille toutes les pistes

Le limogeage de Mebe Ngo’o  prouvent que le chef de l’Etat demeure le seul maître du jeu Le limogeage de Mebe Ngo’o prouvent que le chef de l’Etat demeure le seul maître du jeu

Au plus fort du débat sur l’échec de la décentralisation, face à l’enlisement de la crise sociopolitique dans la zone anglophone du Cameroun et près d’un mois après l’enlèvement dans le Nord-Ouest du sous-préfet de Batibo (département de la Momo), événement sur lequel ne s’est jamais prononcé René Emmanuel Sadi, le limogeage de ce haut commis du très régalien ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et sa nomination à un poste de ministre sans portefeuille, apparaissent dans l’opinion comme un cinglant désaveu de la part du chef de l’Etat.

Et de ce point de vue, les portes de la succession à Paul Biya lui seraient désormais définitivement fermées. Cette grille de lecture des plus logiques prend en compte le fait qu’il n’aura plus la mainmise sur la territoriale, dans laquelle il avait tissé un puissant réseau, à travers la nomination de ses proches à des postes clés. Les observateurs les plus avertis pensent toutefois qu’en rappelant à ses côtés « le diplomate au verbe policé et à la mise soignée », le président de la République viserait non seulement à le protéger de ses adversaires, mais aussi et surtout à mieux le préparer pour le pouvoir loin des caméras et des regards indiscrets.

Du temps où il était secrétaire général du comité central du RDPC, le fils de Yoko était déjà fortement soupçonné de se positionner clairement comme le dauphin de Paul Biya. De son côté, Edgard Alain Mebe Ngo’o effectue une sortie de piste on ne peut plus brutale. Le désormais ex-ministre des Transports voit ainsi se briser son rêve quasi-obsessionnel de succéder à son « père ». En conséquence, dans le cercle très fermé des dauphins présumés de Paul Biya, seuls Laurent Esso et Louis Paul Motaze sont maintenus à la tête de départements ministériels de souveraineté.

Le ministre de la Justice, garde des Sceaux et le nouveau ministre des Finances conservent donc toutes leurs chances et peuvent continuer à nourrir sereinement leur rêve présidentiel, si tant est qu’ils en ont.