selon le professeur Edouard Bokagné, la crise anglophone se meurt peu à peu. Ceci, à cause de la multiplication des chukwu-chukwu. C'est quoi un chukwu-chukwu? Et pourquoi le prof fait cette affirmation? Il s'explique dans la tribune ci-dessous.
"À l'origine, je pensais écrire cette humeur en anglais. J'y ai renoncé. Mes lecteurs ont dû noter que je ne publie plus sur notre groupe, mais à partir de mon mur sur lequel j'en assure l'administration. La vérité est que je n'ai plus accès à la fonction d'expression qui refuse de s'afficher. Et celle de partage de mon mur ne présente pas les groupes.
Voilà où ce pendard de Modric Nano aurait pu se rendre utile. (Au lieu de lorgner Prudence Marcelle Mandeng II ou ma fiole de Bois Bandé). Bref, pour quelque temps, bloqué, je suis allé faire un détour dans les nouveaux courants heuristiques de l'université. J'y ai abîmé ma vue et témoigne d'une profanation : on y massacre les restes de Vaugelas.
Mais chassez le naturel... Je reviens à mes amours. Pas Lily Nomo ; elle, c'est définitif, me préfère Fo'o Dzakeutonpoug. (Elle ne sait pas ce qu'elle perd quand j'ai goûté au Bois Bandé). Pas Prudence : elle est du genre platonique. Pas la députée Ngo lssi : elle est déjà mariée. Pas Laila Mbombo : elle élève un chien. Pas les femmes : elles n'apportent que des problèmes.
Le débat politique : y a que ça de vrai. Vous ne me verrez pas dans la guerre de religions qui oppose la Vraie Église du Fils messianique à la secte du Saint Gallinacée dans laquelle - c'est pas pour rire - on déchire les habits. C'est déjà bien que ces religieux sectaires s'accordent de dire que notre équipe fanion soit encore des Lions. Au dernières nouvelles, le pays avait rejoint les huit planètes du système solaire.
Dans ce débat, mon thème préféré : la crise du NOSO. Et dans ce débat, juste deux mots dans les langues de là-bas : deterrent (en anglais) et chukwu-chukwu (en pidgin-English). Késako ? Je vais derechef vous le dire. Il y a un groupe d'activistes anglophones très impliqués dans l'effort d'aider nos autorités à mettre un terme au désordre sévissant dans leurs régions. Ils ont dit leur effort : deterrent.
Rendre quelque chose «deterrent», c'est limiter les possibilités qu'il survienne : soit par des mécanismes qui vont le contrecarrer, soit en en magnifiant les conséquences néfastes. Ils ne sont pas seulement engagés à éradiquer le terrorisme ambazonien ; ils sont résolus à ne plus jamais le laisser arriver. Ils ne posent pas la question de l'administration. Ils ne donnent pas de conditions.
lls ont promu un courant robuste qui fait rage au sein de leurs communautés. Ça s'appelle le blacklegism (littéralement le mouvement des traîtres). Ceux qui, comme moi, ont accès aux fora anglophones ou qui voyagent parfois dans ces régions savent que les blacklegs sont le premier soutien de notre armée. On leur doit la quasi-totalité des jeunes déradicalisés de nos centres DDR.
Pour les succès de terrain, c'est eux qui offrent l'information. Et ils font bien mieux : instruire leur population. C'est même cet aspect d'eux qui captive l'homme des sciences sociales en moi : l'instruction. Et ils la font dans le langage adapté. Ils ont appelé cette opération chukwu-chukwu. Le chukwu-chukwu, c'est la piqûre de quelque chose de chétif : un moustique, une abeille, une épine, de l'herbe rêche.
Un chukwu-chukwu est désagréable, mais inoffensif. Quarante chukwu-chukwu d'abeilles équivalent à la morsure d'une vipère. (Elle est mortelle). En 2017, quand tout a commencé, il n'y avait pas un seul blackleg dans les deux régions anglophones. Les Ambazoniens - on le croyait - allaient triompher. Puis, est venue la reine des abeilles : celui qu'on nomme the lgwee of the blacklegs. Ceux-ci ont commencé à se multiplier.
Et de chukwu-chukwu en chukwu-chukwu, la folie ambazonienne s'est mise à reculer...
Le même effort doit se faire en l'espace des Francophones...
Deterrent and chukwu-chukwu...
Je vais m'y employer...