L’actuel chef du service des Sports télé a beau singer les blancs et réciter assidument son lexique footballistique, rien n’y fait. Sa tronche ne passe pas. Il faut chercher ailleurs. Arrivé à la tête de l’office avec la promesse de servir Paul Biya jusqu’à la dernière goutte de sang, Charles Ndongo s’échine à montrer à son bienfaiteur de président qui lui a « sauvé la vie » qu’il n’est pas là pour faire de la figuration.
Ainsi donc, à l’occasion de la 57e édition de la Coupe du Cameroun, « le journaliste du président » a sorti le grand jeu pour épater son monde. Il a décidé de roder une équipe de commentatrices en vue de la CAN féminine qui s’annonce. Des femmes pour commenter la CAN féminine, il fallait y penser. On n’est pas Pythagore (c’est l’autre prénom de M. Ndongo) pour rien.
Le boss a donc aligné ses amazones dimanche dernier avec au final le résultat que tout le monde sait. Un rendu pitoyable qui a fait bondir le premier amateur de football. C’est une première qui vous dit que Paul Biya serre la main des présidents de fédérations alors qu’il se fait présenter les deux équipes. C’est une autre qui annonce Nankep comme buteur quand Boya porte l’estocade. On confond centre en retrait et contrôle orienté ! On ne sait pas ce que c’est qu’un tacle et on ignore tout des plans et systèmes de jeu. Normal, ces braves dames n’ont jamais mis les pieds dans un stade. Qui oserait leur faire le procès de l’ignorance ?
C’est bien à l’alchimiste qui a eu la géniale idée de les convier à pareille fête qu’il faut demander de payer la note. Notre pays est connu pour ses excentricités managériales légendaires, mais peut encore s’épargner ces mises en scènes pittoresques. Commentateur sportif c’est à la fois un métier et un art. Il requiert une excellente connaissance du football couplée à la science du mot juste et à la sublimation des émotions. Personnellement je ne m’y collerai jamais parce que je n’ai pas le talent pour.
Mais comment comprendre qu’on martyrise tout un peuple en lui imposant de belles dames que le ballon rebute. Et même si on voulait les roder, les tester, n’y avait-il pas meilleure occasion pour le faire ? La finale de la coupe du Cameroun féminine s’est jouée juste une semaine avant. Nos élues auraient bien pu y apprendre quelques bribes avant de se lancer dans le grand bain. Mais le top management a peut être estimé que commenter un banal match de foot ce n’est pas se muer en exégète de Paul Biya. « Un peu de volonté et vous y arriverez sans vous en rendre compte », leur a-t-on surement dit.
Bien plus, il y a à la CRTV quelques dames qui se sont déjà essayés à cet exercice. Il y en a même une qui a commenté des matchs de coupe du monde avec un certain mérite. Pourquoi n’a-t-on pas fait appel à celles qui suivent le football pour tout au moins encadrer ces débutantes à défaut de faire le job ? À dire que la CRTV, éclatante vitrine de notre pays semble se condamner à la médiocrité. À dire que cet office qui avale annuellement des milliards de FCFA du contribuable camerounais refuse obstinément de franchir le saut qualitatif qui pourrait lui permettre de produire des programmes de standard international.
À dire que le favoritisme et les copinages y ont définitivement fait leur lit au point de contraindre le téléspectateur au désespoir. Ancien de la boite, Jean Lambert Nang a en 2009 signé un livre retentissant sur la gestion de la Fécafoot où il a également été Directeur général. Il est grand temps qu’il se penche sur le cas de son autre ex-employeur. La situation de la CRTV n’est pas moins «desperate».