Opinions of Friday, 6 July 2018

Auteur: ?Francis Mbeng?

Djeukam Tchameni s'oppose à l'idéologie du MRC concoctée par Nganang

Maurice Kamto entouré de ses militants Maurice Kamto entouré de ses militants

On ne peut pas insulter les Betis et espérer les recruter. On ne peut pas insulter les Francophones et vouloir les mobiliser?

En 1991, j'ai mis en garde les "opposants" contre l'extreme polarisation (nous au Cameroun on ne pense plus. Tout ce qu'on veut est que Biya parte. Même le chat peut le remplacer ), contre le langage anti-beti (Les Betis et la Betisation du pouvoir, les Betis sont des voleurs, etc...) contre le manichéisme (Soit tu es d'accord avec moi soit tu es un agent du pouvoir). Une certaine presse s'est faite le porte-voix de ces trois vices qui ont contribué à faire échouer le mouvement de revendication.

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Aujourd'hui je m'élève contre les extrémismes gouvernemental (les anglophones n'ont pas de probleme) et ambazonien (Nous allons partitionner le pays, le Cameroun est pire que l'Afrique du Sud sous l'apartheid) contre le discours anti-francophone (les francophones sont des lâches, la culture anglophone est meilleure , ce sont les anglophones qui ont initié tous les grands mouvement de lutte), contre le manichéisme ( soit tu es d'accord avec les ambazoniens, soit tu es un agent de Biya)

En 1990, cette façon de penser a affaibli le camp du changement en y faisant prospérer les idées les plus saugrenues et les individus les plus retords. Elle a permis en outre à Biya de se constituer un glacis ethnique pour se maintenir au pouvoir.

Aujourd'hui la même erreur se répète . On élève au rang de héros des voyous armés. On tue toute pensée sophistiquée . On supprime toute voix raisonnable. En attaquant les Francophones dans leur ensemble et en faisant la promotion des secessionistes, on immobilise 80% du pays pour la plus grande joie de Biya.

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Pour réussir un mouvement de lutte doit définir étroitement son ennemi et ratisser large en ce qui concerne les alliés. On ne peut pas insulter les Betis et espérer les recruter. On ne peut pas insulter les francophones et vouloir les mobiliser. Le sécession est une idée irrealiste et franchement impopulaire dans 8 des 10 régions du pays. Il ne peut donc pas servir de plateforme pour un vaste mouvement national de changement. Ceux qui en font la promotion (directement ou indirectement, consciemment ou pas) contribue à faire échouer toute tentative de changement et militent donc de facto (parfois sans le savoir) pour le maintien du status quo.

Nous devons nous départir du lumpem radicalisme qui est une forme de gauchisme puéril qui voit le monde en noir et blanc et est incapable d'observer les nuances de gris