L'Etat du Cameroun joue-t-il avec le feu nourri du "qui perd gagne"? Réagissant, il y a quelques jours, aux antennes de la Crtv, le Minesup, Prof Jacques Fame Ndongo, a de manière sublime et subtile répondu aux conservateurs. Le Prof a dit: " Dire que le doctorat professionnel n'a pas de fondements juridiques, c'est être de mauvaise foi, ou ignorant du Droit" Après la réunion des Recteurs, prescrite par le PM, Philemon Yang, le Minesup prépare un texte à la signature du PM. Le grand chancelier des ordres académiques, renvoie les conservateurs et les progressistes aux vestiaires avec une solution cosmétique, imbibée de technique et du verni politique.
L'Etat a un penchant pour un Doctorat professionnel adultérin, hybride, dénué de son beau costume de doctorat, mais qui se présente sous le nom de Diplôme de Hautes Études Professionnelles (DHEP). Une originalité typiquement Camerounaise. Une façon de ne pas désavouer les Recteurs. D'autant que le Prof Chancelier des ordres académiques, sait que le doctorat de 3eme cycle n'existe pas dans le système LMD. Le DHEP, est une invention du pays de Paul Biya, une habitude des mauvaises habitudes qui relève des curiosités camerounaises. Si c'est ainsi que s'achève le feuilleton, n'y a-t-il pas lieu de penser que le Prof - courage Magloire Ondoa (pionnier pour avoir cassé la tirelire), est le Galilée des Temps modernes ?
En faisant le choix d'un Diplôme de Hautes Études Professionnelles (DHEP) , plutôt que celui d'un Doctorat Professionnel, juste pour contenter la colonie des Professeurs - Recteurs et conservateurs (ce qui représente un Désaveu cinglant ) ; par le biais de son gouvernement, ici représenté par le Minesup, grand chancelier des ordres académiques , Prof Jacques Fame Ndongo, l'Etat du Cameroun, n'opte-t-il pas à moitié pour le progrès et l'avenir, d'un enseignement supérieur, définitivement tourné vers les filières professionnelles? C'est à dire. Pour la professionnalisation sans équivoque ? Comment interpréter le choix de faire intervenir à un conclave pour Recteurs, un Doyen de faculté (qui énonce l'avenir), suffocant entre la marginalité et le progrès; puis accusé de surfer sur l'illégalité? Est-ce une ballade d'amour ou un truc banal de le faire réagir devant des conservateurs qui font volte-face, en s'appuyant sur la législation et la réglementation? En grattant le verni, est ce qu'il n'y a pas là un signal à interpréter? Lequel marque le chant du cygne ?
De mon lit de malade, j'ose, je me permets un décryptage; de ce qui apparaît comme un fétichisme. Le Cameroun a fait le choix de l'enseignement supérieur et la modernité, l'Etat a de manière outrancière et radicale engagé l'enseignement supérieur vers la professionnalisation. Résolument.
Tel Galilée, épinglé, puis lynché parce que pris dans l'étau de la symbolique de la Terre qui tourne autour d'elle même, où du Soleil, c'est au tour du Prof Magloire Ondoa, d'être traîné tel un écorché vif, à l'échafaud, pour la guillotine. Si ce n'est un rituel de l'autodafé. Qui osera danser sur sa tombe, ou être le premier à jeter la pierre à ce professeur titulaire des Universités, qui, au péril de sa carrière professionnelle, ouvre les vannes du sursaut et salut collectif, puis tente de forcer. De battre la musique de l'enseignement supérieur au rythme et à la cadence de la modernité?
La professionnalisation de l'enseignement supérieur est comme un serpent de mer. Elle a du mal à démarrer, à se débarrasser des oripeaux de l'encadrement théorique et de l'enclave du vice.
Une tragédie entretenue par des fossiles, caciques et des dinosaures égoïstes; qui refusent l'ouverture, l'autodétermination et l'inévitable partage de la gouvernance universitaire.
La discorde autour des Doctorats professionnels est une bataille pour la conquête de nouveaux champs de l'enseignement supérieur.
Comment expliquer que les médias suivent moutonnement cette affaire, en se contentant des vaines polémiques, des émotions chaudes, des querelles de surface? Doit-on, peut-on s'empêcher de dire que si l'Etat du Cameroun doit arbitrer la crise du Doctorat professionnel, née à l'université de Yaoundé Il, il faut choisir entre: soit céder à l'enlisement, l'inertie, en marquant son aveu d'impuissance face aux conservateurs? Ou donner droit à la professionnalisation, telle que, bien encadrée et consignée dans la loi d'avril 2001, sur l'orientation de l'enseignement supérieur. dans ces articles 2,3,4? Et surtout l'article 15 qui consigne des études professionnelles consacrées par un Doctorat de 3eme cycle. Il est certes vrai que c'est à ce niveau que se trouve l'embrouille et le délire collectif. Ledit article 15 ne mentionne pas le titre exact du diplôme doctoral. Mais l'Etat du Cameroun ayant définitivement engagé l'enseignement supérieur dans le système LMD (Licence, Master, Doctorat), est conscient de la fin de la résonance magnétique du Doctorat de 3eme. Peut-on dès lors, se permettre ou se satisfaire d'une ridicule reculade? Ou à un renoncement?
En souscrivant pour un diplôme hybride, presque adultérin, de type du Diplôme de Hautes Études Professionnelles (DHEP), le Cameroun surfe sur le non mûr et le moins mûr. L'Etat refuse de prendre ses responsabilités. Il s'agit pourtant de trancher avec le volet purement technique des diplômes de l'enseignement supérieur. Au lieu de mettre le verni comme c'est le cas, avec une décision techniquement politique et politisée outrancièrement. Si l'Etat du Cameroun doit engager royalement l'enseignement supérieur sur la voie de l'émergence, la modernité, autant que dans le train du LMD et les autoroutes de la professionnalisation, comme réaffirmé de tous ses vœux par le président de la République, Paul Biya, dans son adresse du10/02/2018, à la jeunesse, il faut tordre le cou aux états d'âme.
Coincé par les aînés et les conservateurs, Prof Magloire Ondoa, a certes tenté de jongler pour créer une issue à ce que nous affirmons être jusqu'à ici, un serpent de mer. Est-ce pour autant qu'il faille crier Haro sur le baudet et refuser une analyse profonde et citoyenne de la situation à l'effet de démêler, vider le contentieux? Devrait- on balancer le bébé avec l'eau du bain? Il y a lieu de souligner que depuis longtemps le désaccord Doctoral a cessé d'être une crise entre deux responsables d'universités. On peut y percevoir la problématique de la modernisation de l'enseignement supérieur camerounais, résolument tournée vers la professionnalisation, option fondamentalement adoptée par le gouvernement, implémentée par le Minesup et les universités publiques et privées. La professionnalisation des enseignements facultaires est désormais un impératif pressant, et l'Etat du Cameroun doit s'employer rapidement à aligner les textes réglementaires aux orientations institutionnelles et stratégiques. En accélérant la vitesse du train des réformes et en ajustant de manière convenable, voire offensive la batterie normative, l'Etat va dévoiler, extérioriser une réelle ambition de stimuler une évolution forte dans le système d'enseignement supérieur camerounais.
Au moment où pointe à l'horizon, une sorte de sortie crise, on peut s'empresser de déduire que cette affaire-là, ne dépend ni du Recteur, ni du Doyen qui eux, jusqu'à ici, sont demeurés à des niveaux d'opérationnalisation. L'un sous le bel habillage de l'application des textes en vigueur. L’autre convoquant l'orientation gouvernementale et la tolérance administrative.
À ceux qui se demandent encore ce qui fait craindre les conservateurs, l'on peut entre autres raisons évoquer: certes l'honneur et le privilège de porter le titre de Docteur. Mais il apparaît que les détenteurs du Doctorat professionnel, seront les plus prisés, les mieux sollicités dans la foulée d'un enseignement supérieur, qui par le biais de la professionnalisation, facilite l'accès à la vie active, à la socialisation, à l'insertion professionnelle.
Il y a également, cette lutte cybiline autour du partage du pouvoir. Les détenteurs des Doctorats professionnels de haut niveau pourraient demander les mêmes places ; l'université ne sera plus seulement une affaire des académiques purs; mais de deux corps concurrents. Les craintes s'en trouvent aiguisées car les titulaires des Doctorats professionnels pourraient revendiquer la direction des Rectorats, pour l'instant chasse gardée des thuriféraires universitaires académiques. De là à voir les bons Doctorats professionnels demander une répartition équitable des postes de Recteurs et vice Recteurs dans les huit universités, il y a des risques de bousculades que les Doctorats académiques veulent atomiser et anéantir à distance.
La petite victoire concédée pour le moment aux conservateurs qui ont dévalué, dégarni le Doctorat professionnel en le réduisant en un Diplôme de Hautes Études Professionnelles (DHEP) de faible envergure, pour éviter la concurrence, est peut être une bataille de gagnée. Mais la guerre ne fait que commencer. Elle s'annonce plus pernicieuse encore. Ceux qui considèrent le Doctorat professionnel comme un virus qui vient infiltrer l'enseignement supérieur, n'ont qu'à bien se tenir. Le vrai jeu de pouvoir entre des corporations universitaires est désormais dans les rings... À ses premiers coups de Gongs.