Des pages entières de l’histoire du Cameroun sont encore dans les ténèbres, et d’autres insuffisamment exploitées. Le conflit entre les Duala et les Allemands, au début du siècle dernier, figure dans cette seconde catégorie. On n’en parle essentiellement que pour évoquer l’action héroïque de Rudolph Douala Manga Bell .
Avant lui, cependant, d’autres figures se sont illustrées dans la défense des intérêts de la population camerounaise dans la même région. Au nombre de celles-ci, se situe en bonne place Dika Akwa.
On sait malheureusement très peu de choses de lui. Il existe un collège King Akwa à Douala, et une stèle dans le centre-ville à son souvenir. C’est tout.
Pourtant, il a connu la persécution de l’administration coloniale allemande, puis française, il a affronté deux gouverneurs allemands successifs, le corrompu et jouisseur Jesko von Puttkamer, qui a construit le palais de Buea et qui s’est suicidé une fois à la retraite , et son successeur, Teodor Seitz. Il a adressé une pétition au Chancelier à Berlin dans laquelle il exigeait le limogeage pur et simple de von Puttkamer. Ce qui finalement a été fait. Ce dernier quant à lui l’aura auparavant jeté en prison. C’est dire le caractère orageux des relations entre les deux hommes. Teodore Seitz l’enverra en exil à Campo, puis également le gouverneur français Joseph Aymerich.
Ce livre est destiné, en conséquence, à faire connaître aux Camerounais de nos jours, l’action opiniâtre de ce roi Douala, et l’arbitraire dont il a été victime. Dans le même temps, il lève un pan de voile sur la maltraitance subie par les Camerounais sous l’administration coloniale allemande : pendaisons, incendies de villages, punitions corporelles, justice à deux niveaux, une pour les B…, une autre pour les « N », l’appellation dédaigneuse qu’utilisaient les Allemands pour nous désigner.
King Akwa a été un personnage qui n’a guère renoncé à ses convictions, malgré les intimidations de ces envahisseurs européens qu’auront été successivement les Allemands et les Français.
Il occupe de ce fait une place centrale dans l’histoire du Cameroun. Il est mort lors de son second exil à campo par les Français, le 6 décembre 1916.