La communauté villageoise Ngombé, dans le 5 ème arrondissement de Douala la capitale économique du Cameroun est victime de spoliation de ses terres. Chargée d'immatriculer les terres au nom de la communauté pour le compte d'une exploitation (bananeraie), Jeanne d'Arc Mekaguem, est plutôt accusé d'établir malicieusement les titres fonciers en son nom propre, et en celui de ses enfants. En conférence de presse le 21 janvier 2022 à Yaoundé, l'Observatoire du Développement Sociétal (ODS), a dénoncé ce fait qu’il qualifie d’extrêmes grave et dégradant pour les communautés villageoises. Camerounweb.com vous propose de lire l'intégralité de la sortie du coordonnateur général de l'ODS, Liliane Koulou Engoulou.
Mesdames et Messieurs,
Bonjour et bienvenue à l’Observatoire du Développement Sociétal
Ceux d’entre vous qui sont coutumiers des points de presse de l’ODS connaissent les différents fronts de ses combats pour un mieux- être de tous, notamment lorsqu’il s’agit de dénoncer des préjudices infligés aux couches de notre population les moins à même de se défendre valablement face à des abus de toute nature de ceux qui s’estiment forts et donc au-dessus des lois de notre pays.
Le sujet qui nous préoccupe ce jour porte sur des faits avérés de spoliation, harcèlement, violences aggravées, trafics d’influence, atteintes répétées à la sécurité d’une communauté qui n’aspire qu’à vivre en paix et jouir tranquillement de son patrimoine.
Tout part de l’application des dispositions d’un protocole d’accord liant la collectivité villageoise de NGOMBE, dans l’arrondissement de Douala 5 ème , au lieu dénommé « Lundi » à dame MEKAMGUEM Jeanne d’Arc épouse TEUMA.
Le protocole porte sur l’exploitation à titre locatif des terres de la collectivité en palmeraies.
En vertu dudit protocole d’accord, dame MEKAMGUEM est autorisée à procéder à l’immatriculation des terrains considérés à la condition expresse que les titres fonciers obtenus soient établis au nom de la collectivité.
Dame MEKAMGUEM s’y attèle mais la collectivité découvre avec stupéfaction que tous les documents et les titres fonciers qu’elle obtient en immatriculation directe sont établis à son propre nom età celui de ses enfants, sans mention aucune des légitimes propriétaires.
Il convient de préciser qu’à son arrivée à NGOMBE, la collectivité l’a accueillie avec confiance et bienveillance, au point que les accords de départ sont restés verbaux, jusqu’à ce que sa première tentative d’immatriculer les terrains à son seul nom soit découverte et bloquée. C’est ainsi qu’est né le protocole d’accord écrit et dûment signé par les parties.
Malgré cette trahison, la collectivité lui renouvelle sa confiance et lui offre 50% des terrains qu’elle immatriculerait selon les conditions arrêtées dans le protocole d’accord.
Mais persistant dans sa volonté de s’accaparer le bien de ces populations, dame MEKAMGUEM relance le processus d’immatriculation et cette fois, elle réussit l’on ne sait comment, à se faire établir plusieurs titres fonciers à son nom et celui de ses enfants.
La collectivité le découvre et, excédée et déçue, elle dénonce en toute légitimité le protocole d’accord, saisit et obtient du MINDCAF l’annulation des titres fonciers frauduleusement acquis, et boute hors de ses terres dame MEKAMGUEM. Il ne s’agit là que de l’application de l’article 9 du protocole d’accord.
Ainsi démasquée, dame MEKAMGUEM, au lieu de s’amender auprès des populations légitimement en courroux du fait de sa forfaiture, se lance plutôt dans un bras de fer, usant de harcèlement à l’encontre des leaders de la collectivité et des investisseurs prospectifs par plusieurs convocations et auditions à la Gendarmerie, le but étant de les mettre sous la pression constante de menaces et intimidations multiples, les décourager et les soumettre à ses desiderata.
Parallèlement aux manœuvres ci-dessus décrites et dont la liste n’est d’ailleurs pas exhaustive, dame MEKAMGUEM engage des hordes de gros bras et moto- taximen pour aller perpétrer des attaques physiques sur les ouvriers de la collectivité commis au démantèlement des palmeraies. Trois attaques de ce type ont été menées à ce jour et l’on déplore un blessé grave, des blessures légères suite à des passages à tabac, des pièces d’identité, des effets vestimentaires, de l’argent et du matériel de travail arrachés et emportés.
L’équipe de l’ODS dépêchée sur place du 12 au 15 janvier 2022 après l’enregistrement de la requête du Chef du village NGOMBE, a été témoin de la dernière attaque au cours de laquelle des ouvriers ont été molestés et une tronçonneuse emportée par les agresseurs.
Trois de ces malfrats ont pu être neutralisés et retenus sur place. La mission s’est immédiatement investie avec tact et fermeté à calmer les esprits très remontés des ouvriers d’une part, et alerter la brigade de gendarmerie territorialement compétente d’autre part. Les trois individus arrêtés ont déclaré être des moto- taximen, mis à la disposition du président d’un syndicat de moto- taximen voisin par leur proprevice- président pour une intervention en faveur de la sœur du premier qui avait de graves problèmes à
« Lundi ». Bien évidemment la prétendue sœur de ce président de syndicat de moto- taximen n’est autre que dame MEKAMGUEM.
De quel type d’intervention s’agit-il ? En quelles qualité et compétence ? Dans quel but ? En tout état de cause, l’équipe de l’ODS est restée sur place et s’est assurée de la prise en charge des malfrats, sains et saufs, par les éléments de la Brigade de Gendarmerie de Douala 5 ème .
Une information glaçante a été portée à l’attention de la mission par le Chef du village NGOMBE et leader de la collectivité, et selon laquelle il a été ciblé pour un assassinat, mais que son meurtrier désigné s’est finalement rétracté et l’en a averti. Le Chef est présent dans cette salle et peut en témoigner lui-
même.
Mises bout à bout, les informations recueillies montrent bien au-delà du probable une intention pensée, organisée et mise en œuvre pour faire de « Lundi » une zone de grande insécurité, et déterminer les instances faîtières de notre sécurité à y prendre des mesures d’exception. Un tel scénario effaroucherait les investisseurs, tuerait du même coup et sine die tout projet potentiel ou en cours sur le site, et à terme, redonnerait la haute main à MEKAMGUEM qui dicterait alors sa loi à la collectivité villageoise de NGOMBE,
distribuerait des prébendes à ses « soutiens » et se taillerait d’autorité la part qui lui plairait.
Dame MEKAMGUEM veut manifestement transformer son refus délibéré de respecter les termes d’un partenariat foncier écrit et dûment signé en un tumultueux et chaotique imbroglio sécuritaire qui l’aiderait à tirer les marrons du feu.
La mission de l’ODS pour sa part, s’est astreinte à une descente supplémentaire sur le site de « Lundi » le lendemain de l’attaque dont elle a été témoin, et a entretenu les ouvriers de la collectivité villageoise de NGOMBE sur l’importance vitale de la modération dans un tel contexte, les a exhorté à ne jamais blesser, ni tuer qui que ce soit, quelles que soient les provocations et agressions, et se limiter à ce qu’ils avaient fait la veille, c’est-à-dire neutraliser les malfrats et les remettre aux autorités.
Individuellement ou en petits groupes, les ouvriers ont écouté avec attention et ont promis de respecter ces recommandations puisqu’ils avaient compris les véritables enjeux.
Et nous, Mesdames et Messieurs ici réunis, comprenons-nous les enjeux qui devraient nous interpeler dans ce qui vient d’être décrit, ou certains pensent-ils qu’il ne s’agit là qu’un simple fait divers ? Combien de conflits similaires pouvons-nous recenser dans notre pays ? Combien d’abus aussi flagrants y sont liés ? Pouvons-nous évaluer les ressentiments, récriminations, haines et intentions criminelles durables qui accompagnent presque toujours les litiges fonciers, objet d’attachement atavique mais aussi d’impitoyables et
mercantiles appétits ?
A l’ODS, la sécurité, la paix, la vie ne sont en aucun cas des faits divers. Tous les Camerounais, où qu’ils se trouvent, de quelque condition qu’ils soient, doivent pouvoir considérer avec sérénité que les lois sont les mêmes pour tous.
Dame MEKAMGUEM et le réseau de complicités qu’elle s’est constitué par duperie, malice ou quelque autre moyen semblent l’avoir oublié ou sciemment oblitéré. Le conflit qu’ils veulent créer à « Lundi » n’a aucune raison d’exister, car faut-il le rappeler, « nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude ».
A vouloir trop gagner, arracher sans partage le bien d’autrui, elle a logiquement tout perdu, conformément au protocole d’accord qu’elle a elle-même lu, approuvé, signé, et par lequel elle existait à NGOMBE et à « Lundi » depuis près d’une quinzaine d’années.
L’ODS voudrait très clairement réaffirmer ici sa détermination à combattre toute nuisance à la paix et à la sécurité de nos populations et de notre pays, car les intérêts égoïstes tuent la lucidité de la mesure et de la pondération.
Dans cet aveuglement, le contrôle des extrémités est très vite débordé. L’ODS s’emploiera donc inlassablement à le rappeler à tous et à chacun, en usant de tous les moyens que lui ouvre le droit.
Mesdames et Messieurs, je vous remercie pour votre patience.