L’atelier de réflexion sur la gouvernance électorale et l’alternance démocratique organisé le 15 septembre 2015 par le Réseau des organisations de la société civile, «Dynamique Citoyenne» à l’occasion de la «Journée internationale de la démocratie» fait jaser. Notamment sur la non arrestation des deux panélistes principaux.
i- la pomme de discorde
Depuis le Début du week-end dernier, une controverse est entretenue sur le rôle trouble que Dr Hilaire Kamga et Pr Mathias Éric Owona Nguini, tous deux panélistes principaux de l’atelier de réflexion sur «la gouvernance électorale et l’alternance démocratique» qui a été brutalement interrompu le 15 septembre 2015 par les Forces de maintien de l’ordre.
Causant plusieurs dégâts corporels au sein des participants et des journalistes, mais aussi, l’arrestation de plusieurs acteurs de la société civile parmi lesquels, le président du réseau des organisations de la société civile, «Dynamique Citoyenne». Certaines personnes avec comme tête de file Vincent-Sosthène Fouda ont déclenché une polémique sur la non arrestation des panélistes principaux, avec des interrogations insidieuses du genre. :
«Quelqu’un sait-il nous expliquer pourquoi pour une manifestation non déclarée, sur la table des intervenants on prend un et on laisse deux ? » ; «Pourquoi Owona Nguini et Hilaire Kamga sont en liberté?» ; «Comment la police a su que c’est Bikoko qui était l’organisateur puisqu’il n’y a aucune demande d’autorisation de réunion qui ait été déposée dans une sous-préfecture d’après ce que nous disent les uns et les autres?»
Des explications et commentaires divergents et tendancieux, les unes des autres ont émaillé le débat sur les réseaux sociaux. Certains ont même promis de diffuser des vidéos pour démontrer leur position à charge contre Dr Hilaire Kamga et Pr Mathias Éric Owona Nguini. Deux personnalités qui ont établi leur «crédibilité» au sein de l’opinion publique comme des personnes intègres et pas encore inféodées par le régime «oligarchique » qui gouverne le Cameroun depuis 33 ans. Une longévité au pouvoir des plus, sinon la plus remarquable.
On reproche principalement aux deux analystes politiques d’avoir affiché une indifférence notoire lorsqu’on embarquait Jean-Marc Bikoko et Cie. Pour l’internaute Christian ngongang, ceux qui conduisent le débat sur ce terrain parsemé d’erses font dans la diversion : «C’est jusqu’il faut être un parfait salaud pour refuser de regarder la réalité en face, et choisir de baisser la tête dans le seul but d’orienter le débat ailleurs».
Et de poursuivre : «Je n’ai rien à reprocher ni au Pr Owona Nguini, ni au Dr Hilaire Kamga, ni aux autres invités à cet atelier. Car lorsque nous nous sommes rendus à l’extérieur de la salle, tous étaient dans une confusion totale. Plusieurs autres manifestations ont été entreprises avant l’arrestation des uns et des autres y compris celle de Bikoko».
au regard de l’ampleur de cette polémique, Dr Hilaire Kamga, politologue et porte-parole de l’«Offre Orange» a été obligé de sortir de sa réserve pour faire une mise au point. Après avoir relaté sa version des faits, de laquelle on peut retenir que les tee-shirts aux «couleurs Oranges arborés pour la campagne Tournons la Page, ne renvoyaient pas à l’Offre Orange», dont il est le mandataire ; il va conclure par ses six précisions :
«Jean Marc Bikoko n’a jamais été arrêté pendant que Mathias Éric et moi-même étions assis. Mathias Eric n’avait aucune raison de se lever à cet instant précis dans cette photo qui semble préoccuper certains.
Je n’ai pas la prétention d’engager une bataille dans un rapport de force qui n’est pas favorable en essayant de lutter contre une centaine de policiers. Le jour où je serai dans cette prédisposition, je préviendrai les orangistes et nous affronterons en toute bravoure les forces antirépublicaines. Je ne suis pas à l’heure du Suicide et je ne céderai pas à la provocation de ceux qui veulent me neutraliser avant la bataille finale que nous préparons. Nous allons rester solidaires pour préparer la Bataille finale.». Mais pour ces contradicteurs, sa mise au point ne suffit pas pour le disculper.
ii- des arguments contradictoires
Pour le politologue Sosthène-Vincent Fouda, c’est déjà «trois témoignages, trois versions différentes entendues sur un seul théâtre des opérations!» Et de soutenir que «si ce n’est pas suspect alors c’est quoi?» Plus pourfendeur, Achille Armand Ebana est sentencieux : «Hilaire tais-toi, nous avons vu les images, tu n’as rien fait, le type s’est battu tout seul et maintenant tu veux jouer les héros, vraiment ces cons qui se disent politiciens et qui s’enfuient dès la moindre crise, ça là ce n’est pas garçon».
En revanche, Dr Hilaire Kamga va avec cette mise au point raviser plus d’un. C’est le cas de Jean Claude Tchamba, qui va affirmer que «la précision en valait la peine. Sur la base des images que nous avions observées sur le net et les télés, c’est un peu comme si Hilaire Kamga avait jeté Jean Marc Bikoko en pâture.» Il est de même pour David Joneh qui va déclarer : «Merci Hilaire Kamga pour la clarification».
Ou encore, Alain Liedji qui va reconnaitre : «elle vaut vraiment la peine cette mise au point». Christian Ngongang va même revenir à la charge pour rappeler qu’«il ne suffisait pas aux compagnons de ce dernier de se faire embarquer avec eux ou de se faire bastonner par les sauvages qui menaient l’opération sans toutefois connaitre l’intention de ceux-ci qui démontre qu’on soutient Jean-Marc Bikoko et Cie.
Ce sont les actions qui seront menées après, par ces camarades de lutte qui pourraient leur apporter plus de réconfort». Ce qui va lui valoir la reconnaissance de Mathias Éric Owona Nguini : «Cher Christian, merci pour ton jugement pertinent et intelligent. »
A ce propos, le lendemain, 16 septembre 2015, Dr Hilaire Kamga, avec, mais cette fois-là comme Coordonnateur de la Plateforme de la société civile pour la Démocratie, les membres du réseau Dynamique Citoyenne qui ont échappé à cette barbarie des Forces de maintien de l’ordre ont créé dans la douleur le «Collectif national pour la libération de Jean- Marc Bikoko et Cie».
Puisque, réunis à leur siège au quartier Anguissa à Yaoundé, pour une assise statutaire de Coordination nationale prévue de longue date, ils ont également été molestés et interpelés par les éléments de la Police. Il s’agit notamment de Jean Baptiste Sipa, Léon Martial Ngaba et Vincent Mbong qui seront relâchés tard dans la nuit.
Malgré tout, prenant acte de ce que le Gouverneur de la région du Centre, Joseph Otto Wilson a décidé une détention «administrative» de 15 jours signée avec comme chef d’accusation :
«défiance à la loi sur les réunions et manifestations publiques», le Collectif a dans son communiqué signé le jeudi 17 septembre 2015, fait le constat que les agissements des bidasses, commandités par des autorités administratives et policières les 15 septembre au Palais de Sports où se tenait l’atelier et le 16 septembre au siège de Dynamique Citoyenne ont été des barbaries doublées de graves violations des droits de l’Homme, notamment à travers des actes dégradants et inhumains.
Puisque l’un des Commissaires divisionnaires qui ont mené la descente brutale du Palais des Sports a ordonné alors que les protagonistes étaient dans la cour que tous ceux qui arboraient des tee-shirts de couleur Orange les enlèvent. Ne s’exécutant pas, certains ont été déshabillés par la force. Parmi lesquelles des femmes qui se sont retrouvées les seins dehors devant plus 300 personnes. Il «juge illégale et illégitime la détention de Jean Marc Bikoko et Cie qui ne repose sur aucune base légale».
Il en a profité pour prendre à témoin l’opinion publique nationale et internationale sur des cas d’arrestations récurrents des acteurs de la société civile au Cameroun. Dénonce, tout comme le Syndicat des journalistes du Cameroun (Snjc), la destruction et la confiscation du matériel de travail des journalistes et des organisations de la société civile.
Et par ricochet, il exige, tout comme va se joindre à leurs voix, les partis politiques et mouvements syndicaux, «la libération immédiate de Jean-Marc Bikoko, Bénédicte Jessie Bikoko, Sévérin Le Juste Bikoko, Agnès Adélaïde Metougou, Yves Leonardo Epangue Njalla et François Fogno Fotso, arbitrairement détenus.» Par ailleurs, il annonce la mise sur pied dans les tous prochains jours d’une plateforme devant assurer la sécurité et la liberté de tous les activistes camerounais.