Opinions of Friday, 4 September 2015

Auteur: Dr Vincent-Sosthène

Dr Vincent Sosthène Fouda répond à Ni John Fru Ndi

J’ai écouté avec attention le leader du SDF chef de fil actuel de l’opposition camerounaise – ses déclarations relayées notamment dans le quotidien Nouvelle Expression et reprises par plusieurs journaux en ligne alors qu’il recevait la visite de l’Association des journalistes politiques du Cameroun dont nous saluons d’ailleurs l’avènement, quand on est un responsable politique, il y a une élégance et un principe républicain qui est : on ne commente pas les actions politiques dont on n’est pas soi-même capable ni de penser ni de mesurer la portée.

Je ne vais donc pas sauter dans la marmite de la bêtise politique pour y rejoindre John Fru Ndi. Je voudrais m’en tenir à cette élégance politique et républicaine, avoir quelques règles de comportement, ça aide toujours à mieux vivre.

Qu’est-ce qui manque le plus à nos compatriotes de l’Extrême Nord en ce moment des rentrées scolaires et du retour des pluies ? Les actes que nous posons aussi infimes soient-ils appellent à une prise de conscience collective. Nous avons placé Maroua au cœur du Cameroun et j’espère des camerounais.

Notre action dans l’Extrême Nord a permis au gouvernement de délivrer un numéro matricule à 6 médecins qui y exerçaient depuis deux ans sans salaire ! Nous avons fait pression sur le gouvernement afin notamment de revoir ses méthodes de lutte contre Boko Al Haram. En proposant la mise sur pied d’une Agence Camerounaise pour la Sécurité Maritime.

Nous avons permis que l’Etat débloque une somme de deux milliards cinq cents millions de francs cfa en aide directe pour l’Extrême Nord – voilà ce que le MCPSD a apporté en 10 jours de présence dans l’Extrême Nord. Redonner le sourire c’est ramener les populations au cœur de la construction du pays, les injures et autre quolibets nous les entendons depuis 30 ans donc « Nihil novi sub sole », c’est-à-dire « Rien de nouveau sous le soleil ».

Le discours du leader du SDF est une gigantesque fabrique de la haine pour le plus grand intérêt de l’alliance RDPCSDF contre le peuple camerounais pour lequel nous, nous avons choisi de nous engager en politique. Nous portons le dossier de la construction de l’Université de Maroua pour lequel nous avons donné un rapport au chef de l’Etat et fait nos observations au ministre de l’enseignement supérieur.

Nous ne faisons pas la politique pour notre égo ou pour assassiner ceux qui comme Grégoire Diboulé ne sont pas d’accord avec nous. Nous construisons le Cameroun au quotidien par notre action. Pourquoi le peuple camerounais se défie-t-il de la politique ?

Qu’est devenue la politique dans notre pays, pour qu’elle soit à ce point considérée comme un objet d’opprobre, ou même perçue comme une menace pour la vie et l’existence des hommes ? Parce qu’il y a dans certains d’entre nous, une idée originelle du totalitarisme. (Qui ruine les espérances placées dans une idéologie politique), la menace de l’anéantissement de l’autre qui ne pense pas comme nous.

Quand bien même l’Etat-Nation est en péril ils polémiquent, ils éliminent ils refusent de débattre ! La politique n’est plus rien, dès lors que la parole politique n’engage plus à rien, et ne suscite plus de promesse de nouveauté. Car la politique, vous le savez pour moi depuis 9 ans déjà, c’est mon désir permanent d’unir pensée et action comme je l’ai appris de mes maîtres Simone Weil et Hannah Arendt.

Pour moi la parole engage il ne faut donc pas la souiller. Est politique toute parole qui nous engage à faire quelque chose de ce monde, et quelque chose de nouveau. Bien sûr, et aujourd’hui dans notre pays, la politique est plus que jamais promesse de justice, et même d’égalité sociale. Mais précisément, cette promesse n’est rien, si elle n’engage pas à agir, et susciter de nouvelles expériences.

La politique c’est tout sauf ce que nous propose l’union RDPCSDF sans la manière d’ailleurs ! Regardons bien notre pays, la liberté politique, n’est pas la liberté de choisir entre les termes d’une alternative donnée, mais la liberté de faire advenir quelque chose de nouveau en ce monde. Elle est pouvoir de commencer, le « droit de commencer quelque chose de nouveau », qui revient en partage à chaque génération.

Est donc véritablement politique la parole qui inspire confiance, nous fait faire quelque chose ; et qui suscite l’inventivité, nous fait faire quelque d’inédit. C’est ce que nous avons fait dans l’Extrême Nord et il y a quelques jours à Douala auprès des familles sinistrées par les inondations et les casses sauvages. Nous voulons y mettre de l’humain dans ces tours de pierre qui nous enferment.

Je suis confiant et surtout enthousiaste au sens où Kant emploi ce mot comme aime à me le rappeler le philosophe camerounais de l’Ecole normale de Yaoundé René Aristide Nzameyo : Dans l’enthousiasme se conjoignent si vous permettez confiance et création, promesse et inventivité. Ce sont des mots et des actions à enseigner à Ni John Fru Ndi. C’est une foi dans ce monde aurait dit Gilles Deleuze, dont, sans doute, nous manquons cruellement aujourd’hui.