Ouf, enfin. Le gouvernement tant attendu, espéré ou redouté a donc été publié. Les experts n’ont pas fini de débattre pour savoir s’il s’agissait d’un remaniement, d’une réorganisation ou d’un réaménagement.
Ce qui est sûr c’est que des gens ont été emportés. Ils étaient hier à l’olympe, au sommet, aujourd’hui ils sont moqués, vilipendés comme s’ils ne méritaient plus le moindre respect.
Même pas celui d’ancien ministre. Ainsi va la vie. Ceux qui étaient aux affaires hier sont aujourd’hui relégués au fond de la salle. Il doit être dur pour eux de ne plus être au premier banc, de ne plus être l’objet de toutes les attentions.
Hier il leur suffisait de dire un mot, un seul pour déclencher un concert de louanges. Les flatteurs s’en donnaient alors à coeur joie pour saluer la pertinence du discours du ministre, abonder dans son sens, ajouter de l’eau à son moulin au point même de menacer de le noyer.
Bien avant la fable du corbeau et du renard, on savait que tout flatteur vivait aux dépens de celui qui l’écoute. Ceux des ministres qui ont perdu leurs postes doivent enrager aujourd’hui de voir comment ils sont traités par ceux qui les déifiaient hier encore.
Quand on apprend que Mme Ama Tutu Muna a été huée au ministère des Arts et de la Culture, que M. Bapès Bapès a été chahuté au ministère des Enseignements secondaires, on se rend compte de la vanité des choses. M. Moukoko Mbonjo qui , semble- t-il, tutoyait les étoiles, a été brutalement ramené sur terre.
Des journaux parlent même d’humiliation parce que le «Professeur » s’apprêtait à prononcer un discours de très grande portée aux Nations Unies. Le monde entier se relèvera-t-il un jour d’avoir perdu ce cours magistral sur la marche du monde ?
Il y a des leçons à tirer de ce remaniement ministériel. D’abord tout le monde peut devenir ministre. Jadis, on a vu des chefs de service bombardés à ces hautes fonctions. Là on voit un directeur brûler les étapes, un gouverneur se retrouver chef du ministère de la Défense, un ambassadeur commander des ministres délégués qui étaient ses patrons hier encore.
Chacun peut donc rêver. À part les journalistes toujours pas représentés, la plupart des professions peuvent conduire au poste de ministre. Tout ceci devrait inciter à une certaine modestie quand on est aux affaires. Savoir que les choses peuvent changer. À tout moment. Et du tout au tout.
Aujourd’hui, de gros nuages semblent s’accumuler sur les têtes de certaines excellences d’hier. L’ombre inquiétante du Tribunal Criminel Spécial plane. Et ce n’est pas une simple vue de l’esprit. La menace est réelle pour au moins la moitié des ministres virés.
Avertissement sans frais à ceux qui sont restés et ceux qui arrivent. Le capitole a toujours été proche de la roche tarpéienne. C’est vieux comme le monde même si certains font semblant de l’oublier. Bonne chance aux nouveaux ministres et à ceux reconduits, mais vigilance.
Et puis pour les déçus, ceux qui n’ont pas été nommés, pas la peine de faire une dépression «le gouvernement est une création permanente». Cela signifie que demain ou après-demain, il peut y avoir un nouveau décret qui amènera des sourires.