Près de deux semaines après leur nomination, les nouveaux responsables d’Elections Cameroon (Elecam) n’ont pas encore pris service. Jeudi dernier, au siège de cet organe chargé de l’organisation des élections au Cameroun, les personnes mises à la retraite occupaient encore leurs bureaux, visiblement pas pressées d’en partir.
Marie Rose Nzié, chef de division est «admise à faire valoir ses droits à la retraite», selon la décision signée du directeur général d’Elecam, Abdoulaye Babalé, le 29 septembre dernier (après approbation du Conseil électoral présidé par Samuel Fonkam Azu’u). Elle occupait toujours son bureau jeudi dernier.
L’ancienne collaboratrice de Mohaman Sani Tanimou, le Dg des élections d’Elecam révoqué, s’estime fière d’aller à la retraite. Elle souhaite d’ailleurs “bon vent” à sa remplaçante. Tout à côté, Joseph Marie Nomo, chef de cellule de la communication et de la presse, mis aussi à la retraite, était encore assis sur son fauteuil.
Thaddeus Menang Mumuluh, chef de division des opérations électorales et référendaires, est également « admis à faire valoir ses droits à la retraite ». Lui aussi ne semblait pas de si tôt, quitter le siège d’Elecam ce jeudi dernier.
D’autres personnes mises à la retraite vaquaient comme si de rien n’était, à leurs occupations à Elecam. Raison ? Des nominations du 29 septembre du Dg des élections d’Elecam sont irrégulières. Des responsables mis à la retraite avaient signés des contrats avec Elecam.
La majorité desdits contrats s’achèvent pour certains, le 31 décembre 2015 et pour d’autres le 31 décembre 2016. Par conséquent, Abdoulaye Babalé met ces personnes à la « retraite anticipée». Une victime de cette démarche du Dg estime «qu’il s’agit d’une rupture abusive de contrat». Il n’est pas exclu que les agents mis précocement en retraite portent plainte contre Elecam.
Par ailleurs, Abdoulaye Babalé a nommé des personnes qui n’ont pas été recrutées à Elecam. Des cas sont cités: Flore (au lieu de Florence, ndlr) Meke. Cette journaliste en service à la Cameroon radio television (Crtv), remplace Marie Rose Nzié à la tête de la division de la communication et des relations publiques. Le directeur général de la Crtv, Amadou Vamoulké, n’aurait pas été sollicité pour libérer sa collaboratrice encore sous contrat.
D’où sa surprise au moment où il apprend la nouvelle. Cette journaliste qui doit désormais occuper le poste de chef de division de la communication et des relations publiques, hésite à prendre fonction à Elecam. L’administration d’Elecam va-t-elle antidater sa nomination ? Cette éventualité a été évoquée dans les couloirs de l’institution. Des cas similaires à celui de Flore Meke sont d’ores et déjà répertoriés dans les nominations de Babalé.
En rappel, dans les nominations du 29 septembre dernier, beaucoup de proches de Sani Tanimou ont été remplacés ou mis à la retraite. Notamment, André Ndamou, chef division des affaires administratives et financières, Alim Aïchetou, chef de service de la protection et de la sécurité. Le délégué régional de l’Adamaoua, Abdoullahi Bidisse a aussi été limogé. D’aucuns estiment que ces différentes personnes payent le prix de leur proximité avec leur ancien patron.
Au lendemain de sa nomination le 21 juillet 2015, le directeur des élections annonçait le retour à l’ordre dans la maison. Ainsi, après sa prise de fonction, il a installé les délégués régionaux qui avaient été nommés par le président du Conseil électoral, Fonkam Azu’u. La nomination desdits délégués avait engendré une longue crise entre le Conseil électoral et la Direction des élections. Abdoulaye Babalé ne semble pas disposé à éclairer la presse, malgré des sollicitations dont il est l’objet.