Les admissibilités du concours de l'École nationale d'administration et de la magistrature (Enam) du Cameroun sont publiées au Cameroun depuis le 10 août 2016.
Une consultation rapide comme nous en avons l'habitude depuis les récents résultats truqués d'entrée à l'école de police, laisse apparaître quelques curiosités qui témoignent du tripatouillage à ciel ouvert des résultats d'entrée dans les grandes écoles du pays.
Première curiosité
Un seul candidat, Atangana Joseph Yannick, à lui seul est admissible deux fois dans deux filières différentes. Et les épreuves se déroulaient le même jour.
Il est le numéro 26 à la section Administration générale et est le numéro 11 à la section économie et finance. Comme quoi, ce candidat jouit du don d'ubiquité.
Rappelons que ces deux sections constituent le bloc de l’Administration civile.
Deuxième curiosité
Voici la liste des fils des ministres camerounais admissibles au cycle A de l'Enam,section Administration générale(AG). Cette liste n’est pas exhaustive, à chacun de faire sa propre analyse. Nous n’avons pioché que sur un échantillon parmi tant d’autres.
1- (N°1 sur la liste) Abate Edi'i Aurelle Manuela fille d'Abate Abate Lazare, ex préfet (Voir première image illustrative).
2- (10 sur la liste), Abondo Jerôme Emilien, petit-fils de feu Abondo Jérôme Emilien, ancien ministre de la défense et de l’administration territoriale (Voir première image illustrative).
3- (36 sur la liste) Beti Assomo Estelle Melissa, fille du Mindef Beti Assomo.
Pour rappel, le fils aîné de Joseph Béti Assomo, élève-officier de la 35 ème promotion de l'Ecole militaire interarmées (Emia) avait trouvé la mort en novembre 2013, lors du stage de formation initiale à Koutaba deux semaines après la rentrée.
4- (39 sur la liste) Bidoung Yves Kevin fils de Pierre Ismaël Bidoung Kpwatt,nministre des Sports et de l’Éducation physique.
5- (45 sur la liste) Bomba Nkolo Oyoa Noëlle Odile Caroll, fille de Cécile Bomba Nkolo, ancienne Ministre des Affaires Sociales.
6- (96 sur la liste) Fouman Pierre Brunel, fils de Fouman Akam Conseiller juridique de Paul Biya.
7- (137 sur la liste) Meba Pierre Steve, fils de Pierre Meba frère cadet de Paul Biya.
8- (138 sur la liste) Mebe Ngo Alain Serge, fils de Edgard Alain Mebe Ngo, ministre des transports.
Hier soir (11 août 2016, Ndlr) à la lecture de ces résultats sur les ondes de la Crtv-radio, la liste a été modifiée. Le nom du candidat doublement admis a disparu de la section Économie et Finance.
Quand nous analysons les différents résultats d'entrée dans les grandes écoles du Cameroun, le constat est le même.
Triste réalité connue de tous nos concitoyens ? Oui, et après ? Nos dirigeants qui refusent de quitter le pouvoir ont trouvé un moyen pour passer le flambeau à leurs progénitures afin que ces dernières perpétuent leur job.
Faut-il se taire encore pendant des années devant ce fléau qu’est le népotisme, le piston, le clanisme... ?
Le recrutement des fils, filles et proches des hauts responsables du régime camerounais dans les plus importantes entités économiques du pays est un tabou qui n’a point lieu d’exister. Les fils et filles de ministres, généraux ou personnalités influentes touchant des salaires mirobolants dans des postes occupés ou attribués illicitement...
La sphère sociétale camerounaise demeure prisonnière de ces luttes d’intérêt opposant les différents centres de décisions qui composent le système politique en place.
Chaque haut responsable veut mettre à l’abri ses enfants, ses proches et ses amis en instrumentalisant les institutions publiques. Les entreprises publiques les plus florissantes de notre pays ont été détruites de l’intérieur avec cette pratique qui privilégie l’incompétence, l’irrégularité au profit de l’intérêt clanique d’un cercle du pouvoir.
Dès son enfance, on inculque au Camerounais cette nécessaire dépendance d’un parent bien placé ou d’une connaissance du village qui lui offrira un poste sur un plateau en or.
C’est une éducation à la triche, la tromperie, la mauvaise foi et, surtout, un enfermement dans un cercle vicieux où, finalement, le libre arbitre finit par disparaître.
C’est un truisme de dire que chaque peuple avait sa propre trajectoire, sa culture, ses pesanteurs, ses traditions de lutte. De même, une chose demeure certaine : tous les peuples du monde aspirent au développement, à la liberté, à la dignité, à la justice, au progrès social et à la paix.
La misère, l’injustice sociale, l’absence de liberté et la négation de l’Etat de droit, finissent toujours par faire sauter les soupapes de sécurité multiples et toutes les barrières dressées sur les chemins du combat populaire pour l’émancipation et le bien-être.
Depuis de longues années, le peuple camerounais subit dans sa chair, les affres d'un groupuscule, en panne d'innover. Toujours les mêmes dans les hautes sphères de la nation. Ils sont partout avec leurs progénitures, leurs proches etc.
Les exemples similaires sont nombreux. Il faut simplement que cela cesse car, il n’y a aucun bonheur, développement et démocratie là où le piston fait et défait les hommes.
Seul un profond changement des mentalités pourra permettre au Cameroun de redresser une situation qui ne cesse de se détériorer.
Par quel biais ce changement aura-t-il lieu et à quel prix? Un tel bouleversement des comportements ancrés depuis des millénaires est-il envisageable?
A l'avenir de répondre.