Opinions of Saturday, 25 November 2017

Auteur: camer.be

ENAM: le signe de la fin du régime de Paul Biya

Les listes des admissibilités à l'ENAM n’ont décidément pas fini de faire parler d’elles Les listes des admissibilités à l'ENAM n’ont décidément pas fini de faire parler d’elles

Dans l'après-midi du 16 novembre 2017, au moment où l'opinion publique commence à s'interroger sur la publication des admissibilités au concours de l'Enam, le directeur de l'institution rend public les résultats. Une liste de 1275 noms. Alors que certains admis ont commencé à jubiler, aux 20h, le ministre de la Fonction Publique, Michel Ange Angouing annule les résultats pour « violation de la réglementation en vigueur ». Coup de théâtre. La dernière fois qu'un tel scénario s'était produit c'était en 2005, lorsque Benjamin Amama, ministre de la fonction publique avait annulé les résultats de l'ENAM, à l'époque dirigée par Benoît Ndong Soumhet.

Vendredi 17 novembre donc, le ministre de la fonction publique et de la réforme administrative, Michel Ange Angouing, a signé un nouveau communiqué portant publication régulière des admissibilités aux épreuves écrites des concours d’entrée à l’Enam. A la réalité, les premières listes publiées par le Directeur général de l’Enam, Linus Toussaint Mendjana, étaient en contradiction avec les dispositions des articles 31 et 34 du décret N°2005/154 du 06 mai 2005 portant organisation de l’Enam ainsi que des articles 49 et 50 du décret N°2000/696 /PM du 13 septembre 2000 portant régime général des concours administratifs.

D’après ces textes, c’est le Minfropra qui lance tous les concours de l’Enam, tout comme c’est lui qui en publie les résultats. Néanmoins, dans les résultats rendus publics par le Minfopra donc, on a constaté un ajout de plus de 450 noms. Selon des sources concordantes, il s’agissait pour l’essentiel des noms des méritants que le Dg avait carrément mis de côté dans la première liste. On comprend pourquoi il n’a pas voulu que cette liste soit signée comme d’habitude par le ministre de la fonction publique, a-t-on appris. «Suite à une réunion au secrétariat général de la présidence de la république, il a été demandé au Minfopra de procéder à la publication régulière des admissibilités tout en tenant compte de la liste du Dg.

Cependant, si tous les noms qui figurent sur la liste du Dg ont été conservés, c’est juste parce qu’on n’a pas voulu terni l’image de cette auguste institution en faisant croire à l’opinion que l’Enam, c’est l’école des réseaux », confient sous cape nos informateurs qui ajoutent que l’insoumission et la défiance du Dg à l’égard de sa tutelle technique a été violemment fustigée par la haute hiérarchie lors de cette rencontre. Eu égard à ce qui précède, il va sans dire que sur la liste des admissibilités aux épreuves orales, il va falloir éliminer près d’un millier de noms au terme des épreuves orales d’admission qui débutent le 22 novembre prochain.

Et c’est ici qu’interviendra inéluctablement la véritable guerre des réseaux et du plus fort. D’un côté, on a le Dg de l’Enam qui a démontré qu’il veut être le véritable maître du jeu même en violation de la loi ; et de l’autre côté, on a la tutelle technique qui joue la voix des sans voix et se bat pour que le mérite soit pris en compte.

Remarquons tout simplement que le Cameroun nous a habitués avec les affaires de listes qui se font la guerre à l’issue de concours officiels. On a encore au travers de la gorge les listes du concours de l’Iric qui avaient défrayé la chronique. Pour un même concours, trois listes, avec noms présents dans la première qui ont disparu dans la seconde, avant de réapparaître dans une troisième qui, elle-même, va connaître des ajouts de noms.

Dans tous les cas, concernant le cas de l’Enam, l’irrespect de la loi par le Dg contribue à ternir davantage l’image de cette école dite d’élite, dont la réputation souffre de tout type de calamités. Mais, comment comprendre que le Dg de l’Enam ait choisi de défier l’autorité de sa tutelle en violation flagrante de la loi ? Est-ce qu’au fond, ces combats ne sont pas liés à l’effort pour chacun de contrôler les places disponibles de l’Enam ?

Ce n’est pas la première fois que le Cameroun se retrouve face à un pareil scandale. Pourquoi cette redondance ? Est-ce que cet affrontement entre le Dg de l’Enam et le Minfopra ne risque pas de déteindre pas sur l’image d’une école déjà assez critiquée ? Telles sont les questions que nous avons posées à nos experts.