Malgré le potentiel touristique de cette région du Cameroun, les actions visibles du gouvernement sont restées marginales.
Selon Nasser Hamadama, délégué régional du tourisme et des loisirs à l’Est, « cette région dispose un potentiel énorme pour l’écotourisme qu’il faut simplement viabiliser ». Il y a les parcs nationaux de Lobéké, de Boumba-Beck et de Nki caractérisés par des clairières et des tours d’observation où on peut observer des éléphants, des panthères, des buffles, des gorilles, des chimpanzés des crocodiles, des antilopes, des oiseux, tout en prenant des photos.
Il y a les marres aux hippopotames de Lala à Kétté et de Ndélélé avec leur important troupeaux d’hippopotames communiquant avec les villageois ; des sites empreints d’histoire tels que la grotte de Mbartoua où s’étaient réfugiés le chef supérieur Gbaya et sa population fuyant la pénétration coloniale et l’invasion islamique ; les chutes de Mali, Limboka et de Monaï dans l’arrondissement de Bétaré-Oya ; les berges de la Sanaga dans l’arrondissement de Belabo ; la Forteresse allemande de Doumé, vestige colonial ayant abrité les services de la brigade de gendarmerie, pour ne citer que ces quelques sites. Malheureusement, ces lieux historiques et de loisirs sont sous exploités et abandonnés.
« Pour viabiliser tous ces sites, il faut des moyens pour les aménager, créer des voies d’accès, installer les plaques de signalisations, construire les infrastructures d’accueils et mettre à leur disposition un personnel qualifié. Ce qui n’est pas le cas actuellement », regrette le délégué régional du tourisme et des loisirs à l’Est.
Toutefois, souligne-t- il, quelques actions de viabilisation sont menées. C’est le cas du projet d’aménage- ment de la grotte de Mbartoua par la Commune de Mandjou sur financement du ministère du tourisme et des loisirs dans le cadre de la décentralisation. Malgré le fait que l’Est est le fief des ressources naturelles et culturelles d’une étonnante diversité pouvant impulser une forte activité touristique, cette région ne peut pas se targuer de faire profiter sa population des effets directs, indirects et induits qu’engendrerait une activité touristique convenablement menée.
L’exploitation forestière et minière intensive qui se déroule dans cette région depuis plusieurs décennies et la négligence du tourisme par les autorités camerounaise est plutôt en train d’hypothéquer l’avenir de ce secteur. Pour le cas des parcs nationaux de cette région, il faut mobiliser beaucoup de moyens pour les viabiliser et éradiquer certaines menaces pour qu’ils deviennent de véritables zones de développement de l’écotourisme.
De nombreux prédateurs
Au parc national de Lobéké situé entre les arrondissements de Moloundou et Salapoumbè dans le département de la Boumba-et-Ngoko, ces menaces se manifestent par le braconnage, avec une forte pression sur l’éléphant et la capture des perroquets gris à queues rouges, la déforestation en périphérie liée aux activités d’exploitation forestière illégale, l’orpaillage et l’avancée du front agricole. Autre potentielle menace, le risque de prolifération des maladies du fait de la situation dans la zone de prévalence des zoonoses et autres simio-immuno virus (Siv) à l’instar du virus Ebola.
Efficacement géré avec ses valeurs patrimoniales conservées intactes, le parc national de Lobéké qui couvre 669354 hectares de forêt est une destination touristique aux normes internationalement reconnues qui peuvent contribuer substantiellement à l’essor de l’économie nationale et au bien-être des communautés locales, tout en étant au service de l’intégration sous régionale. Malheureusement, les richesses de cette luxuriante forêt attirent de nombreux prédateurs. On note également la circulation des armes et munitions de guerre utilisées à des fins de braconnage.