Au fur et à mesure que les jours passent, la manœuvre se précise, selon un timing réglé comme du papier à musique : dans un style mi-comique mi-sérieux, c'est Cavaye Yeguié Djibril, président de l'Assemblée nationale depuis un quart de siècle, qui déclencha la supplique, il y a quelques mois.
Il y a trois semaines, dans un Cameroun à peine réveillé des fêtes de fin d'année, Belinga Eboutou, « l'homme de main » du prince emboucha les trompettes de la candidature. Pendant qu'on s'en étonnait encore, Paul Atanga Nji, qui tient un rôle indéfinissable dans le système, attaqua, lui, le chantier de l'anticipation.
Les politiciens de la Lékié, qui dans le système Biya sont des spécialistes des grandes déclarations, eux, viennent de préciser le calendrier : ce sera le plus tôt possible, cette année même. On continue à spéculer sur les raisons réelles de cette manœuvre difficile à comprendre, dans un contexte politique empreint de rationalité. Le goût de la feinte ? Pour ne pas avoir à présenter un candidat de 85 ans en 2018 ? Pour être présentable auprès de ce que l'on appelle la « communauté internationale ?
Pour être « mieux élu »que les autres fois ? Juste pour pouvoir donner un os à croquer, un gadget aux Camerounais ? On cherche toujours à comprendre...
Déjà, une opposition que l'on sait affaiblie, dénonce la manœuvre et apparaît en rangs dispersés. On voit bien qu'elle a été prise de court, et qu'elle voit venir la feinte du régime. Saurat-elle réunir les troupes, mais alors, surtout la logistique pour pouvoir affronter un adversaire qui joue à domicile, a un arbitre acquis à sa cause et qui peut modifier à tout moment du match les règles du jeu ?
La posture de l'opposition conventionnelle de notre vie politique est très inconfortable.
Et le parti au pouvoir, fort de ses moyens, se livrera à son sport favori, acheter tous ceux qui passeront par là.
Mais le véritable adversaire du Rdpc et son système, depuis le temps, ce ne sont plus les partis politiques. Il se trouve que les adversaires de la galaxie Biya, ce sont ses propres contradictions, qui ont fait le nid de ce refus général qui sourd, et qui regarde faire le système et ses marionnettes.