Opinions of Thursday, 18 January 2018

Auteur: Roland Felix EYOUM

Elections 2018: l'heure du positionnement ou leurres des positionnements?

Faut surtout pas croire que le pouvoir s’obtient du jour au lendemain Faut surtout pas croire que le pouvoir s’obtient du jour au lendemain

2018 est une année électorale et tout le monde le sait. Même si certains, pour se faire bonne conscience, estiment que le Président Biya a confisqué le calendrier électoral. Pourtant la constitution ne laisse aucun doute la dessus. Sauf si le Président usait de ses prérogatives constitutionnelles pour soit anticiper ou alors reporter les élections, tout un chacun peut se faire une idée exacte du calendrier électoral au Cameroun.

Au constat qu’aucun parti politique de l’opposition n’a assez de cadres, de moyens, ni même suffisamment de militants pour gagner une quelconque élection au Cameroun, Abel Elimby Lobe, ancien cadre du Social Democratic Front (SDF), ne cesse depuis environ deux ans d’en appeler à la mutualisation des forces de l’opposition. Mais que constate-t-on sur le terrain? Et bien, on constate que tout le monde veut bien la mutualisation des forces à condition qu’il en soit le porte étendard. C’est ainsi que de grands groupes semblent se former et on a récemment assisté à une rencontre entre Akere Muna du mouvement « NOW » et Maurice Kamto, le Candidat « naturel » du MRC. Aussi dans les prochains jours, devrions nous assister à de retrouvailles au sommet entre le même Maurice Kamto et Ni John Fru Ndi, qui selon certaines indiscrétions ne sera pas candidat aux prochaines élections présidentielles. Mais qui donc d’Akere Muna, Maurice Kamto et Ni John Fru Ndi acceptera de s’effacer pour une éventuelle candidature forte de l’opposition ? That’s the question.

A l’écoute des uns et des autres, il n’y a aucune raison d’espérer. Ce d’autant plus que Célestin Njamen, l’un des cadres les plus influents du SDF dit à qui veut l’entendre que ce sont les fleuves qui se jettent dans l’océan et non le contraire. Ce qui en d’autres termes, indique que la position du SDF en tant que plus

Grand parti de l’opposition Camerounaise depuis des décennies est que Akere Muna, Maurice Kamto et autres doivent plutôt apporter leur force de frappe aux candidats du SDF, qui qu’ils soient. Ceci ne semble pas être l’avis de Maurice Kamto qui dit être le Messie qu’il faut pour le Cameroun. Akere Mouna quant-à lui est convaincu qu’il est l’enfant prodige que Dieu le Père a envoyé au Cameroun pour remettre le pays - qui selon lui prend de l’eau de toutes parts - sur le droit chemin. Tout cela sans compter sur la détermination des jeunes tels que Cabral Libiil et Serge Espoir Matomba qui eux sont persuadés qu’ils sont les Emmanuel Macron Camerounais avec tout ce que cela implique. Avec donc la liste des candidats aux présidentielles qui s’allonge au quotidien, on voit très mal l’opposition gagner. Malgré tout, elle en rejettera la responsabilité au code électoral et à Elections Cameroon (Elecam), comme si c’est par là que les bulletins de vote seront mis dans les urnes en sa faveur. On peut donc dire que c’est l’opposition elle-même qui sera responsable de sa défaite lors des présidentielles.

Restera alors les municipales, les régionales et surtout les législatives. On sait bien que tout le monde veut être parachuté Président. Mais le vrai pouvoir se retrouve pourtant au parlement. On se souvient qu’en 1992, le SDF a mis à mal l’opposition lors des élections législatives à cause d’un boycott que rien de rationnel n’expliquait. La participation du SDF aurait pourtant changé la donne, voire les rapports de force au Cameroun. Le RDPC aurait difficilement glané 70 sièges, 16 de moins que les 86 obtenus. L’UNDP et le SDF s’en seraient aisément sortis avec une centaine de sièges et auraient alors pu former une majorité gouvernementale dirigée par Bello Bouba Maigari ou Ni John Fru Ndi comme premier ministre d’une cohabitation avec le Président Biya. Dans un tel contexte, les députés UPC (18) et MDR (6) n’auraient finalement pas joué le rôle prépondérant qui avait permis au RDPC d’avoir la majorité de gouvernement : 86 (RDPC) + 6 (MDR) auxquels se sont ajoutés par la suite les 18 de l’UPC d’Augustin Frederick Kodock. Si donc le code électoral n’a pas été changé au goût de l’opposition, celle-ci doit s’en prendre à elle-même plutôt que de passer son temps à demander à la majorité gouvernante de tailler le code électoral à sa taille. On sait que même en Europe les lois électorales changent selon que c’est la droite ou la gauche qui est au pouvoir, puisque certains préfèrent les scrutins majoritaires alors que d’autres jettent leur dévolu sur les scrutins proportionnels. Donc le débat sur les lois électorales n’est pas une exclusivité Camerounaise.

En effet, le vœu le plus cher de notre opposition consiste à imposer à la majorité qui pourtant détient le mandat du peuple, un code électoral avec des élections à deux tours. Entourloupette visant simplement à masquer son incapacité à mettre en place une alternative crédible, oubliant au passage que rien ne certifie qu’une opposition mal parée pourrait empêcher le candidat du RDPC de glaner plus de 50 % de suffrages dès le premier tour dans une élection juste et transparente. Car faut-il l’indiquer parceque l’opposition n’en fait jamais cas, même dans le cas des élections à deux tours, un deuxième tour ne peut être organisé que si aucun candidat n’obtient 50 % au premier tour.

N’en déplaise aux adeptes de la mauvaise foi qui claironnent partout que le Président Biya n’a jamais gagné une élection au Cameroun, ce qui est une absurdité ajoutée à de la malhonnêteté intellectuelle. J’ose croire que ceux qui le claironnent, parlementaires pour certains et conseillers municipaux pour d’autres, applaudiront quand on leur dira à leur tour qu’ils n’ont jamais été élus. Pour pouvoir changer les lois ou même la constitution, l’opposition n’a qu’une seule solution, percer dans le parlement, les exécutifs municipaux et bientôt régionaux pour faire le poids à la majorité écrasante du RDPC et ses allies pour se faire une place au soleil.

Faut surtout pas croire que le pouvoir s’obtient du jour au lendemain. Ce n’est pas moi qui dit que ce n’est pas qui veut, mais qui peut.