Opinions of Tuesday, 15 December 2015

Auteur: fr.allafrica.com

Elle n'enfante que des filles

La plaignante D.D. est une gracieuse quadragénaire qui a pris place sur le banc des avocats qui la défendent dans une affaire de bigamie, d'adultère. En face, son mari R.T. et la deuxième épouse de ce dernier, tout aussi belle que l'autre. L'homme à l'origine du conflit est un quinquagénaire, entrepreneur sûr de lui. En épousant celle qui a pris la place de D.D. dans leur duplex de Bépanda, il a manifesté en réalité le rejet d'une femme qui n'enfantait que des filles, juge le conseil de la plaignante devant le Tpi de Douala-Bonanjo qui tenait ce lundi 14 décembre une audience de citation directe. Question saugrenue, s'indigne R.T.

Pour sa défense, il contre-attaque. Madame l'aurait abandonné avec trois enfants et se serait réfugiée chez ses parents avec un quatrième tout juste né quand le couple qu'il formait légalement depuis 1991 s'est séparé de fait. Le mari aurait tout entrepris pour faire revenir son épouse. Las de ne pouvoir ramener sa moitié au foyer, dit-il, il a engagé une procédure de divorce. Mais il n'a pas attendu que l'affaire soit tranchée et il s'est remarié en 1998, une huitaine de mois après la séparation.

Le procureur de la République se propose alors de poser quelques questions « crues, pour qu'il n'y ait pas d'interprétation sur le sens ». La deuxième des belles épousées connaissait-elle le couple dans sa première configuration, n'avait-elle pas été la proposée d'une parente de R.T. pour une seconde noce et même son amante ? Non, répond la deuxième conjointe qui précise qu'elle s'est mariée en août 1998 sans connaître le statut matrimonial ancien de son mari. Et le procureur de conclure : « Donc vous vous êtes rencontrés en juin et en août vous étiez mariés... » L'autre ne fait pas de commentaires.

La vie intime des trois intervenants se colore encore de quelques pareilles zones d'ombre. Puisque R.T. et l'actuelle maîtresse de maison prétendent que la vie s'est poursuivie entre les trois sans problèmes. Les deux femmes se concertant même au téléphone pour donner des soins de santé aux enfants ou pour faire la fête en l'honneur d'un d'eux, reçu à un examen. Pour autant, les avocats de D.D. estiment que le second mariage a été « précipité » parce que R.T. et son entourage pensaient que la maladie qui la terrassait alors allait l'emporter. Le 8 février 2016, chacune des parties présentera au juge son dernier mot sur l'affaire.