Le ministre des Travaux publics menace de résilier les contrats des entreprises défaillantes dans l’entretien routier.
Du temps. C’est ce qui manque le plus à un ministre qui a pris conscience de ses missions, et qui a le souci de la réalisation, la véritable réalisation. Emmanuel Nganou Djoumessi, jusqu’ici fait partie de cette caste de ministres. Il sait que les chantiers sont nombreux et qu’il doit être sur tous les fronts. Arrivé à ce poste ministériel à la faveur du réaménagement du gouvernement du 02 octobre dernier, le ministre des Travaux publics s’est mis à l’heure des technologies de l’information et de la communication (Tic). Son ministère fait partie de la poignée qui a désormais recours à la vidéoconférence pour tenir un certain nombre de concertations. Le 14 décembre dernier, il s’y est essayé lors d’une réunion avec ses collaborateurs de service régionaux. Trois heures de réunion qui ont coûté 971.000 Fcfa à ce département ministériel contre les 3,3 millions Fcfa habituellement déboursés pour une réunion de même type. Vendredi dernier encore lors de la clôture de concertation des services centraux, déconcentrés et organismes sous tutelle du Mintp, Emmanuel Nganou Djoumessi invitait son secrétariat général à mettre à jour le fichier des adresses électroniques des différents collaborateurs pour un partage effectifs de données.
Du développement des infrastructures routières, l’ancien ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire en a également fait son cheval de bataille. Même si on est tenté de dire qu’à l’aube des échéances sportives qui attendent le Cameroun (organisation des Can féminine (2016) et masculine (2019)), le Mintp n’a pas vraiment le choix. Toujours est-il que sur le terrain, il multiplie des actions qui témoignent de sa « bonne volonté ». En début de cette semaine, il a ouvert une série de concertation avec 30 entreprises adjudicataires des contrats routiers à problèmes. Évoquant le problème de la traficabilité sur nos tronçons routiers, Emmanuel Nganou Djoumessi a affirmé qu’il est question de « voir avec les entreprises ce qui fait problème et, assainir les tronçons de route en éloignant cette sorte de prise en otage par des entreprises qui ne sont pas performantes et repartir sur de bonnes bases.» Les sanctions, a-t-il tenu à mentionner, suivront.
Corruption
Le ministre des Travaux publics a également invité ses collaborateurs directs à se mettre au travail. « Il faut faire par nos partenaires techniques, bien entendu les entreprises et autres. Mais, il faut aussi pouvoir faire par nous-mêmes…D’où la recommandation en direction des responsables des services centraux et déconcentrés d’exercer une veille proactive sur l’état de nos infrastructures routières », avait souhaité le Mintp le 13 novembre dernier lors d’une réunion de coordination des services centraux et déconcentrés de son ministère.
En 2011, quand il est nommé au Minepat, d’aucuns y voient la récompense du président de la République pour un homme qui aura passé plus d’une décennie dans les services du Premier ministre comme Secrétaire général adjoint (18 mars 2000 au 9 décembre 2011). De ce côté, il aura collaboré avec trois chefs du gouvernement Peter Mafany Musonge, Ephraim Inoni et Philemon Yang.
Cet ancien membre du comité de pilotage du programme national de gouvernance du Cameroun, puis du comité de pilotage du programme national de gouvernance et de lutte contre la corruption, a certainement le background nécessaire pour lutter contre la corruption qui gangrène le secteur des travaux publics au Cameroun. Un combat non des moindres mais tout aussi important que celui de la grippe aviaire qu’il a gagné en sa qualité de président du comité inter ministériel de prévention de la grippe aviaire. Originaire du département des Bamboutos dans la région de l’Ouest, Emmanuel Nganou Djoumessi est le président du Conseil d’administration de l’Institut national de la statistique depuis 2006.
L’ancien préfet de la Menoua est présenté comme un homme discret. Le ministre des Travaux Publics, il faut le rappeler, est responsable de la supervision et du contrôle technique de la construction des infrastructures et des bâtiments publics ainsi que de l’entretien et de la protection du patrimoine routier national. Dans ses fonctions d’ingénieur d’Etat, parviendra-t-il à se mettre au-dessus de la corruption qui dicte sa loi dans le domaine des travaux publics ? Pour des observateurs, là se situe le piège dans une ministre qui a raflé le plus gros budget pour l’exercice 2016.