Poids lourd dans le secteur de l’éducation au Cameroun, palliant parfois des difficultés du système public dans certaines zones, l’enseignement privé catholique est au cœur même de cette rentrée scolaire 2015.
Il y a dix ans, son réseau totalisait déjà 349 écoles maternelles avec 34 889 élèves, 1 005 écoles primaires enregistrant 270 252 élèves, 139 collèges comptant 72 116 élèves. Leurs performances, notamment au dernier classement aux examens de l’Office du baccalauréat, ont convaincu nombre de parents de leur faire confiance cette année encore.
Généralement, sans publicité et sans efforts, ils débauchent des élèves d’autres établissements. Mina H., huit ans, inscrite à l’école primaire de la Retraite à Yaoundé cette année, est de ceux-là. Son père explique : « C’est après avoir vu comment son frère aîné, quasiment en échec scolaire, a été repris en main que j’ai décidé de la transférer ici.
Son frère qui n’arrivait pas à atteindre 10/20 de moyenne et avait toutes sortes de difficultés dans les matières fondamentales comme le français et les mathématiques a bien remonté la pente, au point de terminer l’année dernière avec 13 de moyenne ».
La qualité du travail est donc ce qui attire nombre de parents dans l’enseignement catholique. Mais, la discipline, la rigueur, la culture du mérite, l’éducation morale aussi. Cerise sur le gâteau, il offre également un épanouissement spirituel et une culture du vivre-ensemble, terreau de la tolérance.
Des valeurs en perte de vitesse dans la société actuelle et que bien des parents n’ont plus le temps d’inculquer à leur progéniture. « Les établissements catholiques présentent un cadre scolaire privilégié qui favorise le suivi individuel, l'écoute et la compréhension. J’apprécie beaucoup que mon fils en CE1 m’invite à penser aux démunis pendant le carême, la pâque ou les fêtes de fin d’année. Ensemble, nous trions dans ses affaires des vêtements, des chaussures qu’il pense donner. Parfois même, il me harcèle pour que je donne de l’argent. Et c’est à l’école qu’il a appris le partage, je souhaite qu’il garde cette habitude jusqu’à son vieil âge », avoue Mayline Engama, mère de famille.
Mais comme toute médaille, l’enseignement catholique a un revers que des novices dans le système n’apprécient guère, révélant une pression scolaire dans les établissements concernés. « Mon fils, en première l’année dernière dans un de ces collèges ayant pignon sur rue, a pratiquement fini l’année scolaire sur les rotules. C’est qu’il faut être à l’école avant 7h10 par tous les temps, heure de fermeture du portail.
Etant en classe d’examen, les cours s’achèvent à 16h30… Le temps de travailler un peu avec d’autres camarades, de rentrer à la maison, faire les devoirs, étudier les leçons, il pouvait veiller jusqu’à minuit. Sans compter qu’il avait classe obligatoirement le samedi jusqu’à 15h. A la fin, le garçon était surchargé, n’avait plus de vie. A chacune de mes plaintes, le principal me répondait vous vous adaptez ou vous changez d’établissement. Ce que je fais cette année avec joie : je ne vais pas esquinter la santé de mon enfant pour l’excellence », avoue un père de famille.
D’autres parents dénoncent un rigorisme désuet marqué par des punitions à foison, remarques blessantes et même des humiliations. Certains regrettent un système éducatif focalisé de façon quasi obsessionnelle sur la tenue, la compétition au mépris des encouragements pour des progrès individuels dans le travail. Aussi étonnant que cela puisse paraître, dans certains de ces collèges et écoles, la chicotte semble encore faire des merveilles.