Opinions of Monday, 9 January 2017

Auteur: Christian TCHAPMI

Eséka: ville cruelle, ville maudite

Vue partielle de la ville d'Eseka Vue partielle de la ville d'Eseka

Le 21 octobre 2016, le train 152 de Camrail, transportant plus de 1 000 passagers, déraillait à l’entrée de la gare d’Eséka à une centaine de kilomètres de Yaoundé. L’accident a fait officiellement 76 morts et 599 blessés. Un bilan que certains estiment moindre par rapport à la réalité des faits.

Hécatombe, catastrophe, tragédie, drame, horreur, atrocité ou cruauté… Aucun vocable n’était à la hauteur pour décrire la scène vécue à Eséka, petite localité située dans le département du Nyong Ekelle, région du Centre le 21 octobre 2016. Du sang a coulé sur le chemin de fer ; des Camerounais ont perdu la vie sur les rails. Une vraie boucherie humaine pour parler avec euphémisme.

Inconsolables, les parents et amis de certaines victimes continuent de porter le deuil. Les premiers secouristes arrivés sur place ont parlé de « crash aérien » pour décrire l'état des wagons à l’origine du déraillement et projetés à des dizaines de mètres de la voie ferrée. Le « train de la mort », comme on l’a surnommé, a dévasté un périmètre de plusieurs centaines de mètres le long de la voie ferrée.

A en croire certains témoignages des rescapés, le train était bondé suite à la coupure de la route Yaoundé-Douala après l'effondrement d’une buse d’écoulement la veille. Face à cette situation, les voyageurs s'étaient alors rabattus en masse vendredi matin vers les gares de Douala et de Yaoundé, nombre d'entre eux n'ayant pas les moyens de prendre l'avion. Cette marée humaine n’a pas imaginé un seul instant que  l’irréparable devait se produire.

Les résultats de l’enquête (fantôme) attendus

Paul Biya, de retour d’un de ses nombreux séjours en Europe avait alors créé une Commission d’enquête dont la mission principale était de déterminer les causes de l’accident ferroviaire et proposer des mesures visant à limiter les risques de survenance d’une telle catastrophe à l’avenir. Seulement, deux mois après, le mystère reste entier sur le sort réservé aux travaux des membres de ladite commission. C’est l’omerta dans le sérail. Le sujet quoique hautement important, semble ne pas figurer dans la chemise des priorités du gouvernement.

Même les membres de cette fameuse Commission qui ont rendu leur copie dans les délais fixés par le chef de l’Etat, sont eux aussi dans le flou total. Le silence radio dans lequel s’est emmuré le N’nom gui laisse songeur. Quel sort a finalement été réservé au rapport de la commission Yang ? Celui-là même qui avait créé cet organe a-t-il pris la peine de parcourir de bout en bout, les résultats de cette enquête ? Personne ne le sait. Les réponses à ces questions restent l’exclusivité de l’homme Lion qui a choisi de rester de marbre derrière les lambris dorés de son palais d’Etoudi.

Sans doute réagira-t-il en son temps. Or, théoriquement, c’est depuis le 25 novembre dernier que ce rapport d’enquête devait avoir été déposé sur la table du président de la République, son seul et unique destinataire. Comme pour les précédentes enquêtes prescrites par Biya, on continue d’attendre.