On savait déjà qu'il est un des grands noyeurs de la jeunesse africaine. Avec l'actualité sur l'esclavage et les traitements inhumains contre les noirs en Libye (et plus généralement dans les pays arabes), notre ami Pougala est de retour: il vient de défrayer la chronique avec sa fameuse tribune "Oui à l'esclavage des Noirs en Libye" (.
Pour Pougala, l'esclavage en Libye doit se poursuivre parce qu'on avait tué Kadhafi...C'est à se demander si certains Africains ne sont pas figés dans le passé, en attendant le retour de Kadhafi au pouvoir…
Selon lui, si nos jeunes fuient l'Afrique, c'est parce que certains aînés leur ont expliqué que la vie y est invivable. Ils ne s'en rendent donc pas compte eux-mêmes ou n'en ont pas la faculté... Si un jeune (diplômé ou non, formé ou non, sans aucune perspective sur place), décide finalement de quitter son pays, après une carrière dans le chômage, dans la vente de l'eau glacée, dans les secteurs du call box, du clando, du bend skin ou encore du taclage), c'est bien parce que quelqu'un est venu lui expliquer que le pays se porte mal. Si des candidats à l'exil ont faim ou souffrent, c'est parce qu'on leur a appris qu'ils ont faim…Balivernes.
Voici donc celui qui, au nom d'un certain panafricanisme de pacotille, a soutenu et soutient encore ces mêmes dirigeants Africains (corrompus, voleurs, gabégiques, massacreurs, sans foi ni loi, etc.) qui poussent la jeunesse à l'exil ou provoquent des guerres, tente de se convaincre que les faits lui auraient rétrospectivement donné raison...Je rêve !!!
Non monsieur Pougala! Les complices des auteurs d'actes de barbarie contre les Noirs en Libye ne sont certainement pas à rechercher dans le camp de nos stars de la musique, du foot, etc. ou encore de ces valeureux Africains qui se sont engagés (en Europe, Afrique et partout.) dans des manifestations, afin de s'insurger contre ces graves crimes et surtout l'inaction de nos dirigeants. Ces véritables complices, ce sont surement les soutiens de ces dirigeants. Non, nos jeunes ne recherchent pas le suicide, le viol, l'esclavage, et les actes de torture. Ils aiment aussi la vie.
Comme un certain nombre d'Africains, le roi des polémiques n'a pas encore décelé le fond de cette affaire : le racisme anti-Noirs (la xénophobie ou la négrophobie) dans le monde arabe a toujours existé mais est resté voilé ou peu médiatisé. Cela transcende les frontières de la seule Libye. Depuis des années, de nombreux témoignages provenant de certains pays (Algérie, Maroc, Tunisie, Libye, Mauritanie, et même Liban, Koweit, etc.) font état de mauvais traitements contre les Noirs, en raison de leur couleur de peau. Il y a des migrants Arabes du Maghreb qui cherchent eux aussi à émigrer vers l'Europe. Mais ceux-là ne sont pas vendus, frappés, torturés, tués et jetés dans le désert. Réveillez-vous bon sang! Nous ne pouvons pas réserver la dénonciation de l'esclavagisme (voire du génocide des Noirs) et d'autres crimes pour l'Occident…
Cette tragédie des Noirs dans certains pays arabes doit aussi servir à ouvrir les yeux des Noirs, trop naïfs et trop débonnaires. Quelqu'un a dit que Dieu sait pourquoi il n'exauce pas toutes les prières. C'est donc avec des peuples qui nous haïssent que l'on nous appelait à faire les Etats Unis d'Afrique?
Dans sa conception panafricaniste ou du fédéralisme africain, l'immortel Cheikh Anta Diop avait déjà catégoriquement exclu les pays de l'Afrique du Nord… L' Union Européenne exclut aussi une intégration de la Turquie en son sein. Pourquoi l'Afrique noire doit-elle nécessairement faire différemment?
Honte aux Noirs encore enténébrés qui (au lieu de pleurer pour eux-mêmes ou leur peuple) pleurent plutôt Kadhafi et des peuples avec qui nous n'avons pas une communauté de destin. Ce sont ces modèles de dirigeants, ivres de pouvoir, annonçant publiquement des rivières de sang, et frappant la population avec des avions et des chars, qui ambitionnaient de nous gouverner?
Combien d'années encore faut-il pour que certains comprennent que Kadhafi est le premier responsable du chaos libyen? En choisissant la voie du bain de sang (plutôt que de dégager comme Ben Ali, Moubarak, etc), il aura réussi le pari de livrer gratuitement son pays à l'Occident, à tous les prédateurs et surtout à la ruine. Nul ne peut être le seul dirigeant possible pour un pays, sinon rien... Nous verrons si le Zimbabwe restera sans président, après le départ de Mugabe.
Sans toutefois rejeter la totalité de ses arguments, je voudrais simplement inviter notre frère Pougala à rectifier le tir. Je lui recommande ainsi (et à tous du reste) de lire l'enquête historique éclairante (Le génocide voilé, paru en 2008) de l'anthropologue Tidiane N'DIAYE, ou à défaut, de visiter ce lien .