Opinions of Friday, 13 January 2023

Auteur: Michel Biem Tong

Espionnage: accusé d'être agent double, Michel Biem Tong s'explique

Michel Biem Tong Michel Biem Tong

Plusieurs Camerounais se sont posé des questions, ces derniers jours, à propos de la nature des changements d'opinions souvent constatés dans les publications du journaliste, Michel Biem Tong. Auparavant très critique envers le régime de Yaoundé, certains pensent qu'il semble avoir mis de l'eau dans son vin. Lui clame qu'il n'est pas un agent double, comme semblent l'accuser certains Camerounais.


"Je lis ça et là depuis quelques mois que je suis devenu un agent double, que j’ai retourné ma veste, que je suis en train de faire les yeux doux au régime Biya comme c’est dur en Europe (waouh ! ), que j’ai perdu toute crédibilité, que mon statut de réfugié politique je l’ai obtenu suite à un arrangement avec le pouvoir Biya, que mon emprisonnement au Cameroun fut un marché conclu avec mon ennemi juré Bamkoui Émile pour migrer vers l’Europe. D’aucuns sont même allés jusqu’à se demander comment j’ai pu sortir du Cameroun alors que Samuel Wazizi n’a pas eu cette chance-là…

En retournant ma mémoire sous tous ses angles, j’ai vu poindre les interrogations suivantes : ai-je viré vers quelque discours laudateur que ce soit à l’égard du régime maudit de Biya? NON. Ai-je tenu des réunions ou des rencontres avec un ou quelques dignitaires de ce système? NON PLUS. Ai-je bénéficié de quelque largesse financière que ce soit venant d’un acteur important de ce système ? ENCORE MOINS. Alors d’où vient mon retournement de veste ?

C’est alors que je me suis rappelé que tout acteur de la société civile ou libre penseur camerounais a obligation de soutenir un leader politique de l’opposition envers et contre tout. Moindre analyse, critique ou remarque sur les actes et propos du leader politique en question qui sont en contradiction avec ceux d’hier et vous voilà rejeté, insulté, dénigré, tourné en dérision et trainé dans la boue par ses fans et hooligans. Pour ces derniers c’est soit tu vénères leur dieu politique, soit tu n’en fais jamais cas.

Ainsi, je réalise que certains de mes compatriotes qui prétendent combattre Biya ont fini, comme les soutiens de ce dernier, par fabriquer un homme providentiel dont les actes ou les discours sont insusceptibles de questionnement, de remise en question. J’ai également pu me rendre compte à quel point certains qui proclament urbi et orbi vouloir le changement sont de dangereux fanatiques nocifs pour ce Cameroun de liberté, de démocratie et de justice pour lequel nous nous battons.

Voulons-nous remplacer une dictature par une autre ? Si c’est le cas, contre cela je me battrai, même si je dois perdre la sympathie de mes propres parents".