Opinions of Friday, 3 March 2017

Auteur: camerdirect.com

Et si le mal de l’Afrique tenait à sa spiritualité ?

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« C’est parce que l’Afrique était faible qu’elle a été colonisée ». Cette affirmation du journaliste essayiste Stephen Smith tend à confondre les nombreux africains qui s’insurgent chaque jour de plus en plus contre le maintien du franc CFA comme monnaie de certains Etats, car considéré comme héritage de la colonisation et source des problèmes que connaît actuellement le continent. Pourtant, selon certaines recherches, les sources du sous-développement de l’Afrique semblent se trouver dans la mauvaise gestion de sa spiritualité.

« Voilà un continent dont la vie spirituelle est totalement empruntée aux peuples conquérants qui l’ont soumis: le christianisme et l’islam, qui sont les deux religions les plus présentes sur le continent sont effectivement des religions étrangères, mieux ou pis, des religions de conquête, et donc de domination », indique un chercheur. Le discours prononcé en 1883 par Léopold II, le roi des belges, devant les missionnaires se rendant

au Congo, est assez édifiant à ce propos. Leur mission n’était point d’apprendre aux « nègres » à connaître Dieu.« Ayons le courage de l’avouer, vous n’irez donc pas leur apprendre à connaître ce qu’ils savent déjà. Votre rôle essentiel est de faciliter la tâche aux administrateurs et aux industriels », indique le discours.

Un chercheur congolais estime que les difficultés qu’expose l’Afrique à se « réveiller » ont leurs origines dans l’aliénation spirituelle dans laquelle baignent les pays africains, surtout ceux du Sud du Sahara. « La pire des défaites qui puisse consacrer l’anéantissement d’un peuple, est sa capitulation spirituelle. Et nous pensons qu’une des causes profondes et pertinentes du retard de l’Afrique, est sa capture culturelle par la langue et la religion du conquérant », écrit-t-il.

Mais jusque-là, l’attitude des africains n’a guère changé vis-à-vis de ces religions. Il faut reconnaître que si les canons ont contraint les corps, les religions quant à elles ont capturé l’âme des vaincus avec l’assujettissement spirituel du peuple.

« A la question du salut des âmes, l’Asie répond par les réponses pensées par Bouddha, les peuples du monde arabe et du Moyen Orient, par les enseignements de Mahomet, l’occident, par ceux de Jésus-Christ. Et les Africains ? », s’interroge un universitaire.

Conséquence, les Africains se retrouvent dans les tenailles d’une spiritualité floue, désordonnée et finalement peu apte à répondre à leurs angoisses métaphysiques et à résoudre les multiples contradictions que les défis de la modernité dressent sur leur parcours au quotidien.

Ballotté entre les résidus de l’animisme et les enseignements, pas toujours bien compris des religions étrangères, l’africain passe de sectes en sectes, de pratiques cultuelles en pratiques cultuelles, sans réelle base spirituelle. En fin de compte, on se retrouve avec un peuple fragile, désorienté, manquant de ressorts intérieurs, éprouvant de la gêne, sinon de la honte à assumer son propre héritage spirituel qu’il tente de camoufler dans les pratiques cultuelles imposées par ceux qui l’ont soumis.

« Tout bon chrétien a son crucifix, son chapelet ou une représentation de la Vierge Marie accroché (e) à un mur de sa maison ou de son bureau. Mais ces mêmes africains chrétiens et/ou musulmans, vous diront que les objets cultuels de représentation hérités de leur vraie tradition religieuse et de leur culture la plus authentique, sont des œuvres du démon », déplore anthropologue.

Ainsi s’explique des comportements naïfs, voire ridicules, que l’on retrouve même chez les hautes personnalités politiques, intellectuels de renommée, hauts cadres de l’administration, etc.

« Les chrétiens africains font le pèlerinage en Israël ou à Lourdes pour y ramener de l’eau, mais ils refusent de croire que Dieu ait pu bénir l’eau de la rivière sacrée de leur village, et que les ancêtres ont sublimée depuis des siècles ! Demandez-leur d’aller prendre aussi un peu de cette eau sacrée de leur village pour venir en ville, ils vous traiteront de démon ! Les mains des artisans qui fabriquent les statues marchandes de la Vierge Marie sont-elles plus pures que celles des artisans de nos villages qui ont créé les statues que nos ancêtres ont vénérées et que nous avons rejetées ? » s’indigne un traditionaliste.