Opinions of Tuesday, 1 March 2016

Auteur: Ahmed MBALA

Et voilà le 8 mars des femmes !

Si l’adage populaire admet que «l’habit ne fait pas le moine», le pagne, lui, permet de reconnaitre la femme du… « oui-marche ».

A chaque année son pagne. Ciel, la moitié du ciel va faire à nouveau son ramdam le 8 mars prochain. Comme l’année précédente et comme les autres années, on va chanter des odes à la femme et danser avec elle. Même si on a polémiqué ferme sur le prix des pagnes.

Un cadeau qui s’impose donc, créant parfois des tensions graves entre ceux qui doivent l’offrir et celles qui estiment y avoir droit. Disons-le clairement, la Journée de la femme au Cameroun, est devenue au fil des années, le rendez-vous féminin le plus haut en couleurs.

Les clichés se suivent et se ressemblent, ou presque. Souvent renversants, quelquefois pathétiques mais toujours enchantés, à l’image de ces défilés endiablés qui ont ritualisé le 8 mars, ils en disent long sur l’étendue du combat de la femme dans sa quête de dignité  et de reconnaissance.

Ils expriment aussi, de manière fort contrastée, l’ambivalence entre la symbolique d?une journée et la folklorisation achevée d’un noble combat qui n’a pas fini de se diluer dans la parade, la jouissance et les réjouissances.

En fait de célébration, la journée du 8 mars au Cameroun est devenue le siège de tous les excès au féminin, la marque déposée d’un antagonisme délirant qui accompagne la quête égalitaire de la femme. Un folklore aux relents de féminisme mal inspiré, mis au service d’une certaine tentation hégémonique dont on a du mal, là aussi, à saisir les fondements.

On n’est pas surpris d’y voir, malgré tout, une fresque humaine d’une rare sensualité, une belle farandole des jupettes avec ses figures aguichantes, ses aventures fantastiques, ses forfanteries opportunes, ses rencontres prodigieuses, ses clichés pittoresques, ses histoires délirantes dans lesquelles le burlesque le dispute au grivois, le tout s’achevant toujours dans un méli-mélo de mondanités aux allures de bal… démasqué.

Tchuip ! Il fallait se voiler les yeux le 8 mars 2015 pour ne pas vivre le spectacle ahurissant des danses lascives et des bamboulas généreuses offertes par nos braves soeurs, mères et épouses, transformées, le temps d’une soirée, en héroïnes de Sodome et Gomorrhe… Des pas de danse ensorcelants aux déhanchements lubriques en passant par des youyous endiablés, elles avaient bu jusqu’à la lie les joyeusetés du 8 mars.

Leur « Oui – Marche » à elles. Avec frénésie et délectation. Puis, elles avaient repris, cahin-caha, le chemin qui mène au domicile où les attendaient époux et enfants désarçonnés. Pour toute explication, elles avaient alors ce refrain sentencieux qui laisse souvent les hommes pantois : «C’est notre journée non ! ça sort comme ça sort» Et puis quoi encore ! Et dire que, dans tout ça, il s’en trouve toujours des mecs pour dire : «On vous aime comme ça, mesdames !» Vraiment renversant !