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Opinions of Tuesday, 6 August 2024

Auteur: Alain Denis Ikoul

'Eto’o ou l’art de la gaucherie communicationnelle : analyse d’un discours à l’exubérance abjecte'

Samuel Eto'o Samuel Eto'o

Le journaliste sportif Alain Dénis Ikoul analyse le récent discours de Samuel Eto'o dans une église.

"Lors d’une messe d’action de grâce organisée en son honneur à Douala, le président de la Fédération Camerounaise de football a tenu un discours d’une contrariété à l’incandescence remarquable. Dans un environnement pourtant privé, familial et sensé sceller la panégyrique de la paix, l’actuel boss du football camerounais, en roue libre, a tenue un discours syntaxiquement et syntagmatiquement épineux. Les champs sémantiques et lexicaux de la violence constamment perceptibles, étaient clairement aux antipodes de l’essence de l’événement : « une messe d’action de grâce ». La rédaction de CFOOT, média citoyen, marque un arrêt majeur sur le discours de la légende suprême, de l’icône absolue, du "facteur X du football camerounais", Samuel Eto’o.

On le savait déjà très ampoulé, grandiloquent et boursouflé, mais sur ce coup Samuel Eto’o dirait-on à Mvog Ada et à Nex-bell, « a débloqué un autre niveau ». On le savait indiscret, mais l’homme qui avait autrefois violé la sacralité du vestiaire des Lions et des réunions restreintes à la fédération en y introduisant micro et caméras pour des One man show dont lui seul a le secret, a cette fois-ci décidé de cautionner la violation de la sacralité des événements familiaux. Dans une vidéo tournée lors d’une cérémonie privée, restreinte et même familiale, l’on voit le président de la Fédération regarder fixement la caméra, et violer « jouissivement » de façon exubérante, l’intimité d’un moment destiné à rendre grâce à Dieu en toute discrétion: Samuel n’a vraisemblablement plus de limite.
Une insulte à la classe intellectuelle !

C’est le premier élément agaçant du speech de l’hyper président. « Je n’ai pas fait de grandes études, mais je suis numéro un, et ils le savent », dit le Pichichi de la Liga (2006). On a immédiatement envie de se demander « meilleur en quoi ? Devant ? Et comment ? ». Est-ce à dire que Samuel connu pour ses exploits sur les terrains de football est subitement devenu meilleur universitaire,

Manager et même Analyste que toute la classe intellectuelle du Cameroun ? « Je dis ce que je pense » poursuit-il. Effectivement cela participe de l’expression de la liberté pourrait-on rétorquer, et de ce fait même dire des « incorrections » (un doux euphémisme) est une liberté, et c’est peut-être en cela que le mot « meilleur » prendrait tout son sens. Inutile de rappeler les échecs fracassants qu’on connu les initiatives personnelles de l’homme qui se dit aujourd’hui meilleur en tout (Set Mobile, Fundesport…etc)

« Je leur ai donné le travail de parler de moi… Ils vont commenter… »

C’est à croire que Florentino Perez ou Paul Biya s’offusque du fait que la presse ou le citoyen lambda parle de lui. Cette déclaration de l’ancien capitaine des Lions, montre clairement que l’homme après trois ans à la tête de la fédération, n’a toujours pas pris la mesure de la responsabilité qui est sienne. Monsieur Eto’o, retenez le, AUSSI LONGTEMPS QUE VOUS SEREZ PRÉSIDENT DE LA FECAFOOT, ON PARLERA DE VOUS. Samuel n’a malheureusement pas encore réussi à se décarcasser de la coquille du garçon de Mvog-Ada, encore moins de celle du compétiteur qu’il a été. Le 9 voit l’adversité PARTOUT. Et personne dans son entourage n’ose rappeler à la Pop star que, lorsqu’on est gestionnaire de la chose « publique » on est soumis aux commentaires et aux critiques du public et de la presse: c’est le principe du jeu, qu’on l’aime ou pas. À défaut de comprendre cela, il convient de CHANGER DE MÉTIER ou démissionner.

« Quiconque vous touche, je vais l’abattre »

Cette phrase est venue définitivement enterrer l’once de rationalité que l’on pouvait encore concéder à l’homme. En plein moment de symbiose avec Dieu, il faut s’appeler « Samuel » pour imaginer un discours aussi syntagmatiquement opposé à l’idée de « l’action de grâce », moment pourtant idoine pour appeler sa « meute cybernétique » à moins de violence et d’agressivité, à une forme d’armistice. Oh que NON ! Samuel a choisi la voie de la vendetta en pleine messe d’action de grâce : de qui se moque-t-on ? Le caractère épineux et extrémiste des expressions utilisées trahit la limite d’un dirigeant enclin à la division: toute chose qui rappelle l’éternel caractère clivant de l’homme, et surtout questionne sur l’idée de la présence à la tête de la fédération sportive la plus importante du Cameroun.

Samuel Eto’o est incontestablement la plus grande star de l’histoire du sport africain, et le Cameroun à la chance de l’avoir. Les divisions nées et bien entretenues (…) depuis son accession à la fédération sont consécutives à la maladresse qui est nôtre de l’exempter de tout reproche, même devant des maladresses les évidentes. Nul n’est parfait, c’est pourtant une réalité, laquelle devrait disposer tout être humain à l’acceptation de la critique, surtout dans la posture de gestionnaire de la chose publique, loin des éternels "Atalakou" à lui servis en longueur de journée".