Opinions of Tuesday, 21 August 2018

Auteur: Dieudonné ESSOMBA

Etoudi 2018: flou sur les programmes économiques des adversaires de Biya

Le programme économique des candidats de l'opposition ne sont pas encore clairement définies Le programme économique des candidats de l'opposition ne sont pas encore clairement définies

Le Cameroun est un pays réel qui tourne en permanence. Et dès le premier jour de son élection le 7 Octobre 2018, le nouveau Président doit prendre des décisions immédiates.

Et il va le faire sur la base du Cameroun tel qu’il se présente en 2018. Même si, dans 5 ans, il prétend transformer le Cameroun en une puissance supérieure aux USA, avec un budget de 100.000 Milliards, il est néanmoins obligé d’entamer son action avec le budget de 4.500 Milliards que le Cameroun peut mobiliser aujourd’hui, et non avec autre chose !

Car, c’est ce budget qui représente le seul moyen opérationnel par lequel le Chef d’Etat peut agir, en attendant que les mutations structurales viennent élargir sa marge de manœuvre.

Ce qu’on demande donc à chaque candidat, c’est de présenter la séquence des décisions qu’il va prendre dès le 7 Octobre de cette année, dans deux mois jusqu’à la fin de son mandat.

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Ces diverses actions, assorties de leurs coûts, des objectifs, des mécanismes opératoires, des acteurs, et des impacts constituent spécifiquement son « PROGRAMME ».

Autrement dit, un programme est essentiellement un budget alternatif (court terme) ou un plan alternatif (moyen terme).

Pour le moment, on voit seulement les objectifs, généralement mirifiques, où chaque candidat prétend faire du Cameroun un pays hyper-industrialisé, grande puissance africaine, avec un service social parfait, un chômage résiduel, des salaires élevés, etc.

Mais en fait de programme, on ne connaît que celui du RDPC qu’on lit facilement dans ses budgets-programmes, ses Cadres de Dépenses à Moyen Terme et ses Plans d’Actions Prioritaires.

Bien sûr qu’on ne demande pas à ses opposants d’être aussi exhaustifs, mais au moins ils doivent présenter une monographie recensant les principales opérations qu’ils envisagent poser en terme de normes et de projets, dans le cadre des contraintes dont la contrainte budgétaire qui est de 4.500 Milliards aujourd’hui.

A quoi il faudra ajouter la contrainte des équilibres extérieurs aujourd’hui dégradés, le pays accumulant une dette de plus en plus inquiétante et un déficit courant de plus en plus explosif.
Au point de réquerir le FMI. Qu’est-ce qui est difficile à comprendre-là ?

Présidentielles : les programmes doivent s’appuyer sur 4.500 milliards et seulement 4.500 milliards.

Certains candidats présentent des programmes sur la base des budgets spéculatifs, multipliant le budget actuel de plusieurs ordres de grandeur.
Le PIB du Cameroun, c’est-à-dire, ce que les Camerounais produisent chaque année, est de 18.000 Milliards. L’Etat prélève actuellement 25% de ce montant, soit 4.500 distribué grosso modo de la manière suivante :

-50% pour les recettes fiscales, payées pour 85% par les multinationales, les autres 15% se répartissant entre le privé national et les entreprises à capitaux publics ;

-25% pour la douane

-25% pour le pétrole.

La dette intervient aussi, mais davantage comme mécanisme de régulation, car ce n’est pas une recette propre. Les autres recettes sont dérisoires.
Pour saisir le sens de cette distribution, il faut bien comprendre la structure économique du Cameroun.

Il suffit à l’Etat de demander aux Brasseries d’ajouter 100 FCFA sur une bierre, et les milliards tombent instanténament, sans que l’Etat ait à bouger le plus petit doigt. Les Brasseries prélèvent directement à la source.
A contrario, supposons que l’Etat décide de faire payer 100.000 FCFA d’impôt à nos opérateurs économiques nationaux.

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Pour avoir 100 Milliards seulement, il faudrait au moins un Million d’unités économiques,, largement plus que toutes ces unités réunies : tous les bars, tous les taxis, toutes les mototaxis, etc.

Mais le pire est dans la collecte de cet argent. Car pour cela, il faudrait mobiliser une escouade d’agents de l’impôt, de gendarmes et de policiers, qu’il faut bien payer et assurer les conditions de travail. Sans évidemment compter les bagarres de rue avec les commerçants, les rixes publiques avec les taxis et les mototaxis, le tout suivi de lourds procès.

Un impôt, ce n’est pas seulement les montants perçus, mais aussi les coûts de collecte. Il ne suffit pas de calculer ce qu’on va percevoir sur une classe d’opérateurs économiques, mais d’évaluer aussi ce que ça va coûter. C’est la différence qui est importante !

Le potentiel d’impôt brandi par les uns et les autres est donc clairement un leurre.

Un vrai programme économique au Cameroun doit s’appuyer sur 4.500 Milliards, et seulement 4.500 Milliards.