Opinions of Tuesday, 9 October 2018

Auteur: Njiki Fandono

Etoudi 2018: haro à la manipulation et au chaos

Seul le Conseil constitutionnel est habilité à donner les résultats des élections au Cameroun Seul le Conseil constitutionnel est habilité à donner les résultats des élections au Cameroun

Dimanche 7 octobre dernier était effectivement jour de vote au Cameroun. Plus de 6,6 millions de citoyens se sont rendus aux urnes à travers le pays pour élire le président de la République, pour un mandat de sept ans. Comme il fallait s’y attendre, quelques incidents ont été signalés dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en proie à une crise sociopolitique et sécuritaire sur fond de sécession depuis environ deux ans.

A Buea, capitale du SudOuest, quadrillée par d'imposantes forces de sécurité, les bureaux de vote ont été désertés tout au long de la journée.
Les populations sont restées terrées dans leurs domiciles par peur, envahies par la psychose ventilée quelques jours plus tôt par des sécessionnistes. Ceux-ci menaçaient d’empêcher la tenue du vote dans les régions anglophones.
De la parole aux actes, quelques insurgés indépendantistes n’ont pas hésité à mettre leurs menaces à exécution dimanche dernier. Le cas de ces trois hommes armés, séparatistes présumés, mais rebelles indiscutables, qui tiraient sur des passants à Bamenda, capitale du NordOuest. Ils seront vite neutralisés par les forces de sécurité. Des coups de feu sporadiques ont également été entendus à la mi-journée dans les régions anglophones. Sans toutefois hypothéquer le déroulement des opérations de votes dans des centres sécurisés, comme dans le reste du pays, où les populations ont accompli leur devoir citoyen dans le calme et la paix, malgré quelques manquements techniques.

LIRE AUSSI: Election 2018: nouveau bilan des violences dans la zone anglophone

En effet, il a été constaté dans certains bureaux des cas d’électeurs détenteurs d’une carte de vote, mais qui ne pouvaient pas accomplir leur droit civique, parce que leurs noms ne figurent pas sur les listes électorales. Une situation qu’ELECAM n’a pas pu gérer, irritant alors Jules Minamo, militant du RDPC et conseiller municipal à Douala II. «C’est des voix précieuses que nous perdons, même si le vote est secret», déclare-t-il tout furieux.

A côté de ce dysfonctionnement technique, on peut souligner pour le déplorer, l’absence d’un tableau noir et d’éclairage dans certains bureaux de vote à l’école publique de la Cité-Sic. L’œil du reporter a également capté la présence de ce militant du MRC, qui visiblement se croyait encore en campagne le jour du vote à l’école catholique Saint-Luc de Kassalafam. Il s’est pointé à l’entrée du centre de vote avec son écharpe de campagne électorale fièrement enroulé autour du cou, mais le responsable d’ELECAM en faction a usé de sa rigueur pour ramener ce dernier à l’ordre. Des cas pareils ont été signalés à travers le pays, mais de manière isolée.

Transparence

Tout compte fait, les incidents enregistrés dans le NordOuest et le Sud - Ouest, couplés aux dysfonctionnements et manquements techniques mineurs, ne sauraient pour autant remettre en cause la crédibilité du scrutin de dimanche dernier. L’ère des réseaux sociaux aidant, avec l’éclairage des téléphones androïdes, les scrutateurs, observateurs et les populations ont procédé dans la plus grande transparence, aux dépouillements des votes. Les scores des différents candidats ont été immortalisés dans les bureaux de vote à l’aide des téléphones androïdes et partagés.

LIRE AUSSI: Etoudi 2018: le ministre Djoumessi pris en flagrant délit de fraude

Toutefois, faut-il le souligner avec force, au-delà des tendances relayées de manière illégale dans les réseaux sociaux, voire dans certains médias traditionnels, seul le Conseil constitutionnel est habilité à donner les résultats des élections au Cameroun. La plus haute juridiction du pays devra se prononcer dans deux semaines au plus tard, et les différents candidats à cette élection, ainsi que leurs supporters, sont appelés à respecter le verdict qui sera donné par Clément Atangana, président du Conseil Constitutionnel. Inutile de crier victoire avant l’heure, au risque de manipuler et d’inciter les populations à la violence et au chaos.