Opinions of Monday, 20 August 2018

Auteur: Laziz Nchare

Etoudi 2018: l'opposition camerounaise face à la fraude électorale

Pour l’instant, le RDPC est joueur et arbitre Pour l’instant, le RDPC est joueur et arbitre

Le Dr. Adamou Ndam Njoya est à toute l’opposition Camerounaise ce qu’un coach expérimenté est à une équipe de foot. Il a de l’expérience, il est intègre et il est le laboratoire des idées « politiques ». Déjà sous Ahidjo, étant Ministre de l’Education et ensuite Ministre de l’inspection et de la réforme administrative, il a fait ses preuves. C’est fort de cette expérience qu’il arrive à l’opposition dans les années 1990 comme un leader et un stratège politique hors pair. C’est d’abord un enseignant des sciences politiques et il a toute une armée de jeunes étudiants dans ce domaine.

A la traversée du désert, Ndam Njoya n’est jamais allé s’asseoir à la table de Biya comme son ministre et son collaborateur même pour deux ans pour ensuite revenir à l’opposition subrepticement et se reconvertir en « champion de l’opposition » que l’on assimile désormais de facto comme le « meilleur tireur de penalty » au sein de celle-ci. Si on croit à l’opposition Camerounaise, on reste fidèle à celle-ci. Les gens ne peuvent pas combattre en 27 ans une dictature féroce et se faire narguer par des offres politiques qui brillent par leur duplicité et leur incohérence la où les Camerounais réclament le changement depuis une trentaine d’années.

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Et le plus révoltant c’est cette arrogance de toujours où une fois fraîchement sorti du régime parce qu’on a eu la confirmation de ne pas y être reconduit après avoir passé 7 ans avec ce régime corrompu et pourri, on s’estime être un « opposant born again » qui doit conduire les Camerounais vers la délivrance et le paradis. Sauf qu’entre temps, il se passait durant ce passage des choses horribles entre Février 2008 et 2012.

D’abord, le massacre de Février 2008, si vous avez été Ministre de Déléguée à la Justice, les Camerounais qui croient en l’opposition aimeraient bien comprendre comment on peut garder son silence à ce poste au moment où les Camerounais sont entrain d’être massacrés parce que le régime pour lequel vous travaillez comme ministre est entrain de « changer le Constitution » pour faire sauter les verrous de la limitation des mandats présidentiels que les Ndam Njoya de L’UDC et Fru Ndi du SDF ont obtenu de hautes luttes grâce à la tripartite! On aimerait comprendre comment à ce poste, vous avez pu garder le silence sur la décentralisation acquise de hautes luttes par l’opposition en 1996. On aimerait bien comprendre comment à ce poste en tant qu’architecte du code civile Camerounais à travers votre cabinet d’avocat « Brain Trust » vous avez pu confectionner une loi aussi liberticide qui criminalise « les manifestations pacifiques » comme du « terrorisme ». Ce qui a renforcé la main du régime RDPC dans ses massacres dans les régions anglophones! Lorsque le Consortium des avocats anglophones manifestaient dans la rue, c’est cette loi que nous a légué le ministre délégué actuellement célèbre « tireur de penalty »! La crise anglophone est la conséquence directe de l’application d’une loi aussi liberticide.

Ça me choque et me révolte en tant que citoyen Camerounais de voir des fanatiques zélés et extrémistes chercher à détruire et d’assassiner quiconque à la probité morale de questionner l’honnêteté intellectuelle du candidat du MRC, le Professeur Maurice Kamto. Les faits et les gestes politiques de chaque acteur politique sur la scène politique camerounaise sont scrutés au peigne fin. J’observe très attentivement ce qu’on dit et le silence aussi des uns et des autres. Je rappelle aussi que le changement se fera avec toute l’opposition ou ne ne fera pas du tout.

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Pour moi, l’opposition Camerounaise est un orchestre. Et dans chaque orchestre, toutes les notes doivent être en harmonie pour que la musique qu’on propose au public soit de très bonne qualité. On est dans l’impasse non pas à cause de la faiblesse de l’opposition, mais à cause de la dictature féroce et frauduleuse de Paul Biya qui se maintient au pouvoir non pas à travers des victoires électorales éclatantes mais beaucoup plus à travers les élections truquées!

Le Pr. Kamto était aux élections en 2013, et a gagné des conseillers municipaux et un député. Si le MRC est vraiment un parti de l’opposition sincère, dites moi pourquoi durant les élections des sénateurs de 2018, les conseillers municipaux du MRC ont « magiquement tous voté pour le RDPC » et non pour un seul parti de l’opposition? Ce sont des gestes qui ne trompent personne. On ne peut pas franchement voter pour le RDPC et inviter les Camerounais à la coalition pour battre le même RDPC. L’opposition ce n’est pas le « dance de Bafia » et ça ne fait pas les cadeaux! Garga Aman Haji de l’ADD, « le pêcheur des baleines » avait aussi pour argument politique d’avoir démissionné du gouvernement et d’avoir la meilleure offre politique. Pour quel résultat?

L’UDC connaît «un double jeu » lorsqu’il est en face d’une manipulation. C’est ce qui explique le silence très politique du Dr. Adamou Ndam Njoya face à ces manœuvres pour encore fausser les victoires de l’opposition. On n’entre pas en politique par le sommet. Ceux qui ont tenté cette expérience vivent leur déculottée à leurs dépens. En 1990, l’opposition étaient animée par des fractions qui avaient la certitude de renverser le régime RDPC parce qu’elles mobilisaient la rue et drainaient des foules. Beaucoup ont confondu que dans nos mobilisations de masses, très peu sont étaient inscrits sur des listes électorales, et toutes ces foules ne constituaient pas automatiquement des garanties pour gagner contre le RDPC.

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C’est la même illusion avec les réseaux sociaux. Les jeunes partis ont vite vendu la peau de la panthère avant de l’avoir arrêtée. A L’UDC, nous croyons fermement que travailler en équipe c’est le seule garantie pour renverser le régime en place. Pour cela on a besoin de la transition. C’est fondamental. Et notre pays traverse une crise et on doit au préalable apporter des réformes. Cette réforme ne peut être mieux abordée que dans le cadre de la transition. Après 36 de dictature, on a besoin d’une transition pour doter le Cameroun d’une bonne constitution qui garantit les élections à deux tours et une commission électorale indépendante.

Pour l’instant, le RDPC est joueur et arbitre. Dans ces conditions, comment peut on rêver tirer un penalty lorsque le Dr. Adamou Ndam Njoya en tant que vétéran de l’opposition depuis 30 ans vous alerte du danger de la tricherie du RDPC? Si vous avez en face une équipe adverse qui est en même temps joueur et l’arbitre, comment pouvez vous franchement rêver à gagner en tirant un penalty qui ne vous sera jamais accordé?

J’admire l’enthousiasme des militants du MRC. Mais qu’ils retiennent que la fièvre du « Sofa don Finish » était beaucoup plus tectonique pour le résultat que nous connaissons. Maurice Kamto ne peut pas mieux haranguer les foules comme Ni John Fru Ndi qui vient de passer la torche à Oshi. Cela démontre qu’il ne suffira plus de mobiliser les foules pour gagner, mais de faire preuve d’intelligence politique pour éviter de disperser les forces de l’opposition.