Opinions of Friday, 10 August 2018

Auteur: camer.be

Etoudi 2018: quelle crédibilité pour l'opposition camerounaise?

Les élections à elles seules ne font pas la démocratie Les élections à elles seules ne font pas la démocratie

Rappelons pour ce faire qu'elles s'accommodent toutes les deux et le plus normalement au monde, à l'exception notable du Pr Maurice Kamto - de l'épuration politique menée systématiquement dans les rangs du pouvoir en place, sous couvert d'une imposture judiciaire dite de lutte contre la corruption?

Maintenant détaillons la liste non limitative de quelques attributs communs propres à cette dictature camerounaise: les médias appartenant aux copains du dictateur; une économie coloniale dominée par les mêmes; des politiciens de l'opposition (la vraie) constamment harcelés, poursuivis ou menacés de poursuites; l'État et la religion (notamment catholique) qui marchent la main dans la main, le système judiciaire sous des pressions permanentes pour se conformer aux volontés du dictateurs et ses proches; l'indépendance des établissements d'enseignement supérieur dont les «grandes écoles» pervertie sans relâche, une corruption endémique et omniprésente dans toutes les institutions étatiques; des marchés publics sous le contrôle des décideurs politiques et réseaux clientélistes; des ONG comme le CL2P, acculés à n'être que les boucs émissaires du chaos ambiant, etc.... Oh oui - presque toujours, rendues responsables de tous les malheurs du Cameroun, car accusées d'être de sinistres conspirateurs extérieurs, en collusion avec les «odieux» Occidentaux.

LIRE AUSSI: Ambazonie: la face cachée de ceux qui financent les sécessionnistes

Malgré tout cela, vous trouvez néanmoins de pseudo-opposants, panafricanistes auto-proclamés, qui n'ont pas la moindre gêne à servir de marche pied pour la prochaine “ré-élection” triomphale du dictateur Paul Biya.

C'est principalement cette opposition - baptisée G20 - qui a hélas perdu toute crédibilité et ne peut se revendiquer d'aucune culture démocrate...

Et si il y a une leçon à tirer de cette tragédie politique camerounaise, elle serait la suivante: les élections à elles seules ne font pas la démocratie. Les élections sans institutions démocratiques ne font que conduire à des dictatures élues, voire à une sorte de domination populaire. Le fait que tant de dirigeants dans le monde soient «réélus» dans de telles conditions ne devrait pas être une surprise.

En effet, dès lors que vous contrôlez les principaux moyens de communication avec le public, tout en intimidant et en faisant taire les opposants politiques et les médias indépendants; que vous monopolise toute forme de création d'activité salariée et entrepreneuriale, il n'est alors pas difficile de se faire réélire. Mais nous avons vu ce scénario trop souvent se répéter sous l'impulsion d'une sorte «d'international tyrannique», pour lui accorder un quelconque crédit démocratique. Et voilà le problème: il s'agit aujourd'hui d'un nouveau type de système, une approche codifiée de la gouvernance autoritaire, qui peut être reproduite et semble gagner du terrain dans plusieurs pays, y compris ceux dont on a longtemps pensé qu'ils en étaient suffisamment à l'abri, car souvent de vieilles et grandes démocraties.

LIRE AUSSI: Etoudi 2018: voici les propositions de Cabral Libii pour une coalition

C'est pourquoi au Cameroun, il faudra peut-être in fine songer hélas à se tourner du côté des personnalités maintenues en détention arbitraire pour entrevoir, comme en Afrique du Sud sous l'Apartheid, la possibilité d'une alternative apaisée et démocratique à la dictature trentenaire de Paul Biya.

Le Comité de Libération des Prisonniers Politiques (CL2P)