Sports Features of Saturday, 27 January 2018

Source: lequatrièmepouvoir.com

Etoudi: et si Samuel Eto’o visait la lucarne présidentielle?

Il présente de nombreuses similitudes avec Georges Weah Il présente de nombreuses similitudes avec Georges Weah

Georges Weah, ancien footballeur a prêté serment comme président de la République du Libéria. Le monde a parfois connu des acteurs qui sont devenus présidents (cas de Ronald Reagan aux Etats-Unis), mais c’est bien la première fois qu’un ancien footballeur atterrit sur le siège suprême d’un pays. Ce qu’il faut savoir, c’est que le nouveau président libérien est un construit car, après sa carrière internationale, il est rentré dans son pays où il s’est lancé en politique. En 2005, visant la magistrature suprême, puis en 2011 où il a visé la vice-présidence, il s’est loupé. Il a même dû emprunter l’embranchement sénatorial en 2014, un marchepied qui lui a finalement permis, d’atteindre ses objectifs.

Eto’o peut ?

Parmi les personnalités reçues par mister Georges au lendemain de sa victoire écrasante à la présidentielle, figure Samuel Eto’o Fils qui a d’ailleurs pris part à la cérémonie de prestation de serment de Weah. Il faut dire que dans leurs pays respectifs, les deux hommes ont en commun leur popularité et leurs investissements socio-économiques. D’abord, comme Georges Weah, Samuel Eto’o n’est pas né avec une cuillère en or dans la bouche. Ils sont tous les deux les produits de la pauvreté et se sont faits à force de volonté et de travail. Eto’o sait donc ce que c’est que la misère dans laquelle vivent les Camerounais. Comme George Weah, le footballeur camerounais a connu la gloire absolue dans le football : les grands clubs tels que Barcelone, le titre le pichichi, le statut de footballeur le mieux payé de la planète. Considéré comme l'un des meilleurs footballeurs au monde de sa génération et l'un des meilleurs joueurs africains de tous les temps, Samuel Eto'o a marqué plus de 130 buts en cinq saisons avec le FC Barcelone.

En 2009 avec le club espagnol, puis en 2010 avec l'Inter Milan, il est devenu le premier et le seul joueur à remporter deux triplés (Championnat-Ligue des champions-Coupe) consécutifs. Il est considéré comme le meilleur numéro 9 de l'histoire du FC Barcelone par le club et ses socios. En 2004, il loupera le ballon d’or de justesse. Il n’a donc plus rien à prouver. D’ailleurs, cet homme qui a fait les beaux jours des clubs occidentaux, a su également rendre des services

incommensurables à l’équipe nationale du Cameroun (champion olympique en 2000, 2 fois victorieux de la Can, 4 fois ballon d’or africain). Il est le meilleur buteur de l'histoire des Lions indomptables et meilleur buteur de l'histoire de la Coupe d'Afrique des nations. De quoi permettre même au chef de l’Etat d’en jouir politiquement. Mais, ces faits d’arme auront largement contribué à bâtir la réputation de Samuel Eto’o. Il est actuellement à n’en point douter, l’un des hommes les plus connus et les populaires du Cameroun. Sur le plan international, son carnet d’adresse peut faire pâlir d’envie, vu qu’on l’a souvent vu aux côtés de chefs d’Etat tels que Vladimir Poutine de la Russie ou alors Recep Tayyip Erdogan de la Turquie ou encore Ali Bongo du Gabon.

Au Cameroun, il a largement œuvré. D’abord, en lançant une entreprise, Set Mobile. Même si elle ne fera pas long feu, on sait combien l’initiative privée au Cameroun, qui fait face à de nombreuses pesanteurs, est difficile. Il aura tout au moins essayé. Dans la même foulée, il a voulu lancer une académie de football à Kribi, mais s’est fait arnaquer dans une histoire de terrain. Finalement, c’est au Gabon que ce projet trouvera des cieux plus cléments. On oublie le don récent d’un pavillon à l’hôpital Laquintinie à Douala. Depuis 2006, il dirige La Fondation Samuel Eto'o, constituée comme une organisation à but non lucratif qui vise à protéger l’enfance et la jeunesse. Il est ambassadeur de bonne volonté de l’Unicef. Samuel Eto'o est à la tête du projet Fundesport, quatre centres de formation basés au Cameroun (Douala, Yaoundé, Limbé et Bamenda).



Sur le plan footballistique, Samuel Eto’o en a assez fait. Il a aussi amassé beaucoup d’argent. Il est temps de rentrer au pays qui s’apprête à connaître plusieurs échéances électorales. Sans doute, il devra faire ses classes pour s’imposer, car il y a bien une différence entre le champ footballistique et le champ politique. Mais il a un avantage : il est populaire, il peut mobiliser, comme Weah a su le faire au Liberia. Sans doute, on nous dira qu’il n’est pas bardé de diplômes, mais l’histoire est jonchée de personnalités devenues présidents sans avoir fait de grandes études. Le cas Lula Da Silva du Brésil est là pour le prouver, lui qui n’a même pas le diplôme le plus basique, mais dont le bilan en tant que président avait été salué même par ses adversaires.

Au Cameroun, Ahmadou Ahidjo n’était pas non plus bardé de diplômes, mais il a fait du bon travail. Pour être président, pas besoin de diplôme. Même la constitution n’a pas prévu une telle condition. En revanche, lorsqu’on écoute Samuel Eto’o s’exprimer sur des sujets, on reconnaît sa jugeote, c’est un homme intelligent. Pour cette année sans doute, il serait peut-être trop tôt pour lui de penser à la présidentielle, mais il y a d’autres champs de combats électoraux, le temps pour lui de bien se préparer, comme Georges Weah l’a fait. Le Cameroun est à la croisée des chemins, le contexte s’y prête, c’est le moment pour lui de rentrer servir et de préparer la conquête du pouvoir suprême. Mais, nous savons ce sujet fait justement débat. Raison pour laquelle nous avons posé aux uns et autres les questions suivantes : S’inspirant de ce qui s’est passé au Libéria, Eto’o Fils peut-il aussi songer à la présidence de la République ? Vu sa popularité, ses actions sociales, sa fortune, n’est-ce pas des éléments qui peuvent l’aider à nourrir ses ambitions ? Comment un joueur comme lui doit-il se construire un avenir politique ? Est-ce un handicap pour Eto’o Fils que de n’être pas nanti de diplômes ?