Opinions of Thursday, 2 August 2018

Auteur: Souley ONOHIOLO

Etoudi: le tourchon brûle entre Ferdinand Ngoh Ngoh et Abba Sadou

A l'origine de cette guerre, un marché de réhabilitation du tronçon de route entrée-Est de Douala A l'origine de cette guerre, un marché de réhabilitation du tronçon de route entrée-Est de Douala

1-Aux sources de la pomme de discorde du désaccord

En date du 16 avril 2018, le ministre des marchés publics, lance et publie un appel d’offres international ouvert, invitant les entreprises à présenter leurs offres pour « les travaux complémentaires de réhabilitation du tronçon de route entrée-Est de la ville de Douala du Pk10+400 au Pk19+300 (pont sur la Dibamba) ». Le coût prévisionnel des travaux est estimé à quarante-deux milliards huit cent soixante-cinq millions cinq cent mille francs CFA, soit : 42.865. 500.000fcfa. Les entreprises agréées dans les travaux publics, environ une vingtaine sont en lice et déposent des dossiers de candidatures.

Mais il faut attendre la création d’une commission de passation du marché et la mise en place des sous-commissions, pour voir l’effectivité des opérations de dépouillement et d’analyse démarrer. Trois sous commissions d’analyse des offres sont créées : la sous-commission d’analyse technique ; la sous-commission financière et la sous-commission administrative. Des sources collectées en interne au ministère des marchés publics, signalent (information à vérifier) qu’il y aurait eu, bien avant le lancement de l’appel d’offres international ouvert, des négociations dans les coulisses entre le ministre des marchés publics et le secrétaire général de la présidence de la République.

Les mêmes sources affirment (Le Messager n’a pas pu vérifier malgré les multiples tours au ministère des Marchés publics) que, Ferdinand Ngoh Ngoh, avait jeté son dévolu sur l’entreprise de souche française, « Razel » ; aussi attendait-il, voir son collègue membre du gouvernement attribuer de gré à gré, ledit marché public des travaux de la construction de la pénétrante centre-est de la ville de Douala, à cette entreprise française. « Les différents arguments développés par le ministre/Sgpr, Ferdinand Ngoh Ngoh, n’auraient pas fait plier l’échine au ministre d’Abba Sadou ; il a préféré envoyé les prétendants à faire leurs jeux, autour d’un appel d’offres » avoue une source bien introduite au Minmap.

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Une attitude jugée en haut lieu de la présidence de la République, comme un affront, un acte d’insoumission. Au secrétariat général de la présidence de la République, l’on aurait plié le petit doigt. Créées et installées par le ministre des marchés publics, les sous-commissions d’analyse des offres, ont commencé le travail le 26 juin 2018. En commissions d’analyse et de traitement des dossiers, alors que les travaux sont supposés être tenus au secret, le secrétariat général de la présidence de la République, aurait déployé des stratégies de lobbying et d’infiltration pour contrôler les dépouillements.

2-Des membres de sous-commissions au SED

Jeudi, 26 juillet dernier, soit un mois, jour pour jour après le démarrage des travaux de dépouillement et d’analyse des offres en sous-commissions, les membres ont été cueillis en plein travaux, comme de vulgaires renégats ou malfrats, par une grande escorte de gendarmes qui les ont conduits manu militari dans les locaux du SED, sous le regard impuissant du ministre Abba Sadou. Abus d’autorité, de pouvoir ou grande intimidation, les membres des sous-commissions, au fait des séances d’interrogatoires musclées sont entre frayeurs et paniques. On accuse le secrétariat de la présidence de la République d’user d’intimidation et d’influence en faisant auditionner les incriminés au secrétariat d’Etat à la Défense (SED) Pourquoi l’intérêt poussé du Sgpr à la passation d’un marché public ? Il est connu de tous que c’est le président de la République qui est l’autorité des marchés publics. Des pouvoirs qu’il transfert au ministre délégué chargé des marchés publics. Bien qu’étant le patron de l’administration de la présidence de la République, le Sgpr, n’est pas la hiérarchie directe du Minmap. Qu’est ce qui peut justifier un tel harcèlement ?

L'information claire et nette. Désigné chef d’orchestre de la manœuvre au SED, il est difficile de comprendre la colère et les agissements du secrétaire général de la présidence de la République, avant même la synthèse des travaux ou la publication des résultats des travaux en commission. Sur quels motifs, se serait-il fondé, pour instruire le secrétariat d’Etat à la Défense (SED) de procéder à l’interpellation et à l’ouverture d’une enquête contre les membres des sous-commissions ? « Ils ont été appréhendés et conduits au SED, jeudi matin ; ce n’est qu’à 20 heures que le président de la commission a été entendu ; toutefois, ils ont passé la nuit au SED ; ils ont été entendus jusqu’à tard dans la nuit du vendredi, puis relaxés avec l’obligation de revenir samedi. Ils y ont répondu à nouveau présents pour se voir libérer à 20 heures. Le supplice et la torture morale ont continué ; les incriminés ayant été sommés de répondre présents à d’autres convocations au SED lundi et hier mardi », martèle notre source.

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Derrière l’action de musèlement des membres des commissions peuton s’empêcher d’y percevoir l’envie de ceux qui tirent les ficèles dans l’ombre, d’opérer en force, une tentative d’anticipation visant à paralyser, neutraliser ; prendre de l’ascendant sur le ministre des marchés publics. Pourquoi la menace, les intimidations et une si grande influence sur les membres des sous-commissions alors que les travaux d’analyse du marché sont encore en cours ?

Les gendarmes en mission d’interpellation ont avoué avoir été saisis et commis à l’oeuvre par le Sgpr. Une certaine opinion tente de convaincre du délit d’initié du ministre Abba Sadou au profit d’une entreprise chinoise. D’autres langues avouent (le reporter du Messager n’a pas vérifié) que les sous-commissions de passation dudit marché sont noyées dans un scandale de rétro-commissions qui éclabousse de hautes personnalités. Mais revient-il au secrétaire général de la présidence de la République ; plutôt qu’au procureur de la République d’instruire une enquête au SED ?

Au lieu de faire dans la brimade, l’intimidation et le trafic d’influence, n’aurait-il pas été élégant et plus subtil, pour Ferdinand Ngoh, en cas de soupçons, d’opérer et d’agir dans le respect de l’orthodoxie administrative, en mettant les « incriminés » dans le rouleau compresseur, par le biais du Minmap, tutelle directe des membres des commissions de passation dudit marché ? Doit-on penser ou croire que c’est sous la coupole du président de la République, autorité première des marchés publics, sinon, c’est en sa qualité de Sgpr que Ferdinand Ngoh Ngoh agit ? Certaines langues révèlent (l’information restent à vérifier) que, « Razel » et l’agence française de développement (l’Afd), lorgnent dans ce marché depuis deux ans. Ils auraient fixé la barre de la réalisation des travaux, à 42 milliards ; une option qui a depuis longtemps rencontré le refus de l’Etat du Cameroun. Une certaine opinion, justifie la colère d’Abba Sadou, par le mépris et la méprise de Razel, qui n’aurait par ailleurs pas soumissionné ; sans doute convaincue de son long bras, de son soutien en haut lieu de la présidence de la République.

3-la boulimie des marchés publics

Abba Sadou paye-t-il pour son insubordination aux injonctions du patron de l’administration à la présidence de la République ? A en croire nos sources, il se dégage une volonté de faire un passage en force, dans la perspective d’une annulation « calculée » de l’appel d’offre et tous ses corolaires. Les souffrances au Sed des membres des sous-commissions, s’expliqueraient, fort des connexions directes de l’entreprise française avec le secrétariat général de la présidence de la République, dont le projet de concéder un gré à gré à Razel est un impératif pressant camer.be. Si les hautes instructions sont données par le président de la République, en encourageant la violation fragrante des procédures et dispositions du code des marchés publics, le président de la République Paul Biya qui ne cesse de marteler à plusieurs reprises, que la lutte contre la corruption va aller en s’intensifiant, ne se tire pas là, une balle sur la cheville ? Ne fait-on pas là, face à une mauvaise image, un mauvais exemple de la « traque » des personnes, appréhendées dans le cadre de l’opération d’assainissement et de la moralisation de la fortune publique ?

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Selon des sources, si la thèse de l’annulation du marché est entérinée, il faut craindre que soit agitée l’option première du Sgpr, d’attribuer le marché de gré à gré, à la société française. « Que les autorités de la présidence de la République laissent la commission et les souscommissions travailler en toute tranquillité ; qu’on laisse la concurrence se déployer. Si au final, il y a des soupçons que les mécontents adressent des requêtes pour arbitrage à qui de droit. Ce n’est pas au secrétaire générale de la présidence de la République de refaire les procédures, et le code des marchés publics » s’indignent les entreprises soumissionnaires. Dans le cas où, la thèse de l’annulation de l’appel d’offre venait à prospérer ; si les dés deviennent pipés ; si ne sont pas envisagées des nouvelles initiatives qui fassent valoir une saineconcurrence, qui va payer les dommages et intérêts ?

Les dépenses engagées par les entreprises soumissionnaires sont énormes : le financement des prétentions, les droits de quittance, les frais engagés dans le montage des dossiers, les frais engagés dans les négociations avec les banques… Qui répondra en justice, devant les tribunaux, de cette mafia et du banditisme d’Etat ? Il y a quelques mois, à la faveur du lancement avec beaucoup de retard, des travaux de construction des infrastructures pour la coupe d’Afrique des nations de football masculin, le même secrétariat général de la présidence de la République s’est illustré de manière négative, en octroyant des marchés de complaisance à certaines entreprises incapables et incompétentes.

A voir les difficultés qui s’amoncèlent, les grèves qui s’enchainent, le management poussif de l’opportunisme et de l’improvisation ; les incertitudes et les retards accusés par certains chantiers, il y a lieu de craindre pour la bonne tenue des travaux complémentaires de réhabilitation du tronçon de la route entrée-Est de la ville de Douala du Pk10+400 au Pk19+300 (pont sur la Dibamba) .